mardi 3 avril 2012
Sarkozy-Bettencourt : de l’Elysée à la Santé ? Enveloppes kraft, rendez-vous…
…Et tutti quanti !
L’étau se resserre autour du champion de l’UMP, qui, plus que jamais, se battra pour bénéficier de son immunité présidentielle. Alors que tout indiquait depuis longtemps, que, l’actuel chef de l’Etat avait bénéficié d’avantages en nature via des enveloppes kraft pour sa campagne présidentielle de 2007, l’agenda de mamie “zinzin” Liliane Bettencourt mentionne un rendez-vous entre lui et son mari André, deux mois avant la présidentielle de 2007, le 24 février. L’Elysée conteste l’existence d’une telle rencontre. Comment en serait-il autrement ?
La “République irréprochable” tout comme le slogan creux “travailler plus pour gagner plus”, ne sont nullement conformes à ce que, durant 5 ans, les Français ont vu. Dans le dossier Bettencourt, entre l’emprisonnement de Patrice de Maistre, ex homme de confiance de Liliane Bettencourt, les mis en examen pullulent. Excusez du peu: François-Marie Banier, son compagnon Martin d’Orgeval, Eric Woerth, le trésorier de sa campagne, Pascal Bonnefoy, ex majordome de Liliane Bettencourt, mis en examen pour atteinte à l’intimité de la vie privée (enregistrement des conversations), Franz Olivier Giesbert, patron de L’Express et Hervé Gattegno, journaliste à L’Express, sur les fadettes du journal Le Monde, Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur (DCRI), le procureur Philippe Courroye etc…
Dans l’affaire Bettencourt, deux retraits bancaires de 400 000 euros effectués en Suisse au premier semestre 2007 – dont le juge Gentil cherche à savoir s’ils ont pu servir, à l’époque, à un financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy – proviendraient d’une société domiciliée au Panama, un paradis fiscal. Ces sommes, ensuite rapatriées secrètement en France, auraient été prélevées sur un compte ouvert à la banque Hyposwiss au nom de la société Noblesse trading Inc. Or, cette société offshore a été enregistrée en mars 1999, sous le numéro 385621, au Panama, avant d’être dissoute en décembre 2009. Son directeur était Me René Merkt, qui fut pendant plus de trente ans l’avocat d’affaires en Suisse de la famille Bettencourt. Comme l’expliquait Boris Thiolay, reporter au service Enquêtes de L’Express:
Le transfert de l’argent en France ne se faisait pas par virement bancaire – ce qui aurait pu attirer l’attention du fisc – mais grâce à un système de “compensation”. Les sommes étaient créditées par la banque auprès du guichet genevois d’une société de transfert de fonds. Un montant équivalent était ensuite retiré en liquide, à un guichet parisien, via un mandataire désigné par Patrice de Maistre, alors gestionnaire de fortune des Bettencourt.
L’histoire d’une magouille à haute échelle. Ces fortes sommes ne pouvaient que financer cette campagne. Si cet homme perd, vous pouvez déjà préparer des oranges pour sa cellule VIP de la prison de la Santé, à moins qu’il ne s’exile chez ses amis du Qatar. Hélas, dans une démocratie anglosaxonne, notre petit monarque aurait rendu son tablier, par le schème de l’”impeachment” et n’aurait même pas eu l’opportunité de se représenter….
La Sarkozye mise en examen
Une fable », selon Sarkozy. Pourtant, l’avalanche de scandales a poussé une bonne partie du premier cercle dans les bureaux des juges d’instruction. Revue de détail.
PAR FRANÇOIS BONNET
« C’est une fable. » « C’est grotesque. » « C’est une calomnie. » Nicolas Sarkozy, comme ses prédécesseurs (Chirac, ses affaires « abracadabrantesques » et qui font « pschit ») ne s’est jamais attardé à répondre aux très rares questions qui lui ont été posées sur les scandales à répétition de sa présidence. Questions toujours imprécises là où, pourtant, les documents, les procédures judiciaires existent : ainsi est offerte une échappatoire au président, qui a toujours su ne pas répondre pour mieux s’indigner de ces « officines », mot qu’il choisit d’utiliser en juillet 2010 en pleine tempête de l’affaire Bettencourt.
Ce 12 juillet 2010, justement, est un bon exemple du déni présidentiel. Face à David Pujadas, et lors d’un entretien organisé en catastrophe pour éteindre l’incendie Bettencourt qui gagne l’Élysée, le chef de l’Etat vole au secours de son ministre et encore trésorier de PLIMP, Eric Woerth : « Eric Woerth est un homme honnête, il a toute ma confiance. Il vient de subir la calomnie et le mensonge pendant trois semaines [...]. Il a été lavé de tout soupçon, il n’y a donc aucune raison que je prenne la décision de m’en séparer. »
On sait la suite. Eric Woerth a été renvoyé du gouvernement à peine achevée la réforme des retraites, il est aujourd’hui sous le coup d’une double mise en examen dans l’affaire Bettencourt et, par ailleurs, gravement mis en cause par la Cour de justice de la République dans l’affaire de la vente de l’hippodrome de Compiègne. Et, face aux refus persistants de cette présidence de rendre compte, face aux pressions constantes sur la justice, émerge une réalité très dérangeante : l’implication directe du premier cercle dans toute une série de procédures.
Témoin assisté, mis en examen, condamné parfois… C’est un entourage au cœur de cette présidence, ses proches qui ont accompagné Nicolas Sarkozy tout au long de sa carrière qui défilent aujourd’hui dans les bureaux des juges d’instruction. Sarkozy battu, privé de l’immunité présidentielle, en prendra-t-il également le chemin ? Réponse après le 6 mai. En attendant, voici l’état des lieux d’une Sarkozye mise en examen.
Eric Woerth
L’ex-ministre du Budget a été mis en examen, le 9 février 2012, pour le « recel » de 150 000 € destinés à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, dans l’affaire Bettencourt. Cette mise en examen fait suite à une première, la veille, cette fois pour « trafic d’influence passif ». 11 s’agit de l’embauche de son épouse par le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, ensuite décoré de la Légion d’honneur par le ministre.
L’ancien ministre du Budget et ancien trésorier de l’UMP, toujours maire de Chantilly et député, est également gravement mis en cause dans une autre affaire, celle de la vente de l’hippodrome de Compiègne et de terrains appartenant à l’État. Selon un rapport d’experts remis le 13 janvier à la commission d’instruction de la Cour de justice de la République, saisie de ce dossier, l’ensemble de ces biens valait au bas mot 8,3 millions d’euros. Eric Woerth a bel et bien bradé ce patrimoine public, cédé pour 2,5 millions à la Société des courses de Compiègne en mars 2010.
Ce rapport d’experts rend inévitable la mise en examen d’Eric Woerth pour « prise illégale d’intérêts » par la commission d’instruction de la CJR. Placé sous le statut de témoin assisté, pour le moment, le député et maire (UMP) de Chantilly est plus que jamais soupçonné d’avoir voulu faire un cadeau à son influent voisin de l’Oise, le sénateur et maire (UMP) de Compiègne, Philippe Marini. Entendu comme témoin par la CJR, ce dernier a reconnu que la cession des terrains et de l’hippodrome était plutôt une bonne chose pour sa ville de Compiègne.
Christine Lagarde
L’actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) n’est pas mise en examen. Mais elle est gravement mise en cause pour son rôle en tant que ministre de l’Economie et des Finances dans le règlement du contentieux entre le Crédit lyonnais et Bernard Tapie : cela a abouti au versement à l’homme d’affaires de 403 millions d’euros de fonds publics.
La Cour de justice de la République, seule habilitée à juger l’action des ministres, a ouvert le 4 août 2011 une enquête pour «complicité de faux par simulation d’acte » et « complicité de détournement de fonds publics ». La Cour de justice estime que l’ex-ministre de l’Economie s’est impliquée «personnellement» dans un processus comportant « de nombreuses anomalies et irrégularités ». A ce stade, la mise en examen de l’ex-ministre de l’Economie apparaît inéluctable.
Ziad Takieddine
L’homme d’affaires et marchand d’armes Ziad Takieddine, dont Mediapart a dévoilé à l’été 2011 l’étendue – des liens avec l’entourage présidentiel (Claude Guéant, Brice Hortefeux, Thierry Gaubert, Jean-François Copé), a été mis en examen, mardi 13 septembre 2011, pour « complicité et recel d’abus de biens sociaux » dans le cadre du volet financier de l’affaire Karachi. il a également été placé sous contrôle judiciaire, ce qui lui interdit de quitter le pays – son passeport lui a été retiré -et d’entrer en contact avec les autres protagonistes de l’affaire.
Par ailleurs, en janvier 2012, dans le cadre de la procédure qui l’oppose à sa femme, les biens de Ziad Takieddine ont été placés sous scellés. Du mobilier de prestige, de nombreuses œuvres d’art et plus de 1 000 bouteilles de grands crus… L’ex-épouse du marchand d’armes, qui a déposé famille », a envoyé les huissiers dans ses propriétés parisienne et du cap d’Antibes. La valeur du patrimoine de Ziad Takieddine s’élève à plus de 40 millions d’euros dans l’Hexagone. Résident fiscal en France, il n’a pourtant jamais payé d’impôts sur le revenu durant les années 2000.
Thierry Gaubert
Une semaine après la mise en examen de Ziad Takieddine, Thierry Gaubert, 60 ans, proche de Nicolas Sarkozy, alors conseiller du président du groupe Banques populaires-Caisses d’épargne (un autre proche du président), est à son tour interpelé et placé en garde à vue le lundi 19 septembre 2011. Il est mis en examen le 21 pour s recel d’abus de biens sociaux ».
Deux mois plus tard, le 22 novembre 2012, il est à nouveau mis en examen, cette fois pour « subornation de témoin », les juges estimant qu’il avait fait pression sur son épouse, Hélène de Yougoslavie, pour dissimuler sa fortune et certaines de ses activités. Entendue le 10 septembre, sa femme avait indiqué aux enquêteurs que son mari avait rapporté de l’étranger, dans les années 90, avec Ziad Takieddine, des valises d’argent remises à Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet d’Edouard Balladur.
Thierry Gaubert est l’un des amis proches de Sarkozy. Il est à la mairie de Neuilly puis le suit aux ministères du Budget et de la Communication. A la fin des années 80, son mariage avec Hélène de Yougoslavie est justement prononcé par Nicolas Sarkozy. Thierry Gaubert a également fait beaucoup d’affaires dans l’immobilier des Hauts-de-Seine. Il vient d’être jugé, début février 2012 devant le tribunal correctionnel de Nanterre, pour toute une cascade de délits alors qu’il dirigeait un organisme de collecte du 1 % logement dans ce département.
Homme de réseaux, Thierry Gaubert a également investi une partie de sa fortune à l’étranger. Il possède ainsi une immense et luxueuse propriété en Colombie. La police de Bogota a engagé, en décembre 2011, des investigations pour blanchiment présumé visant cette villa entourée de terrains. Avec son associé, Jean-Philippe Couzi, il a monté des bars dans le village de Nilo : le Nibar et le Nichon, qui attirent, eux, d’autres soupçons. En France, Hélène Gaubert et Astrid Betancourt ont accusé leurs maris d’héberger des prostituées. Les intéressés démentent
Par ailleurs, Les multiples découvertes de la justice en marge de l’affaire Takieddine sur les avoirs occultes en Suisse, aux Bahamas ou en Colombie de Thierry Gaubert ont conduit, mi-février, le fisc à ouvrir une enquête. En parallèle, la cellule Trac-fut a saisi le parquet de Nanterre de soupçons de «blanchiment de fonds issus d’une activité délictueuse ».
Nicolas Bazire
Proche de Nicolas Sarkozy, dont il a été le témoin lors de son mariage avec Carla Bruni, ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur (1993¬1995) et directeur de la campagne de ce dernier en 1995, Nicolas Bazire 54 ans, a été interpelé le mercredi 21 septembre 2011 au matin, à Paris, pour être entendu par les enquêteurs. Dans le même temps, des perquisitions étaient menées à son domicile et dans ses locaux professionnels. Le lendemain, celui qui est aujourd’hui numéro deux de LVMH, le groupe de luxe du milliardaire Bernard Arnault, a été mis en examen pour « complicité d’abus de biens sociaux ».
En tant que directeur de cabinet du Premier ministre, il a joué un rôle de premier plan lors des négo-ciations financières des marchés d’armement. Plusieurs témoins, ex-membres de la cellule trésorerie de la campagne d’Edouard Balladur, ont en outre souligné devant les juges et les policiers l’importance de Nicolas Bazire dans le dispositif de financement de la campagne présidentielle. « M. Galy Dejean [trésorier de la campagne] rendait compte soit à M. Bazire, soit à M. Balladur », a par exemple déclaré Raymond Huard aux enquêteurs, précisant : « Pour moi, les grosses sommes arrivaient dans le coffre de Nicolas Bazire. »
Philippe Courroye
Nommé procureur de la République de Nanterre en 2007, Philippe Courroye, réputé proche du président de la République, a été mis en examen mardi 17 janvier 2012 en marge de l’affaire Bettencourt. Ce magistrat, placé par Sarkozy à la tête d’un des plus grands parquets de France, dans un département des Hauts-de-Seine où les sièges sociaux d’entreprises, les grandes fortunes et les célébrités se bousculent, est lui-même poursuivi comme un vulgaire délinquant.
Philippe Courroye avait demandé les factures détaillées (fadettes) de trois journalistes du Monde : il est mis en examen pour « collecte illicite de données à caractère personnel par un moyen frauduleux déloyal et illicite » et pour «violation du secret des correspondances ». Contestant cette mise en examen, il a gagné en appelle 22 mars dernier et l’affaire est aujourd’hui en cassation. C’est maintenant la question du maintien de Philippe Courroye à la tête du parquet de Nanterre qui se pose. Il avait été déjà très critiqué pour avoir voulu enterrer l’affaire Bettencourt, tout en réglant des comptes avec la juge Isabelle Prévost-Desprez.
Bernard Squarcini
Le patron du contre-espionnage français est poursuivi par la justice pour avoir fait surveiller le téléphone d’un journaliste. Il n’a pas démissionné pour autant. Convoqué lundi 17 octobre 2011 par la juge d’instruction Sylvie Zimmermann, Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur (DCRI), a été mis en examen dans la soirée pour « atteinte au secret des correspondances », «collecte illicite de données » et « recel du secret professionnel ».
Ce directeur du renseignement intérieur nommé par Nicolas Sarkozy se voit reprocher d’avoir demandé les factures détaillées (fadettes) d’un journaliste du Monde, Gérard Davet, après la publication, le 18 juillet 2010, d’un article relatant parle menu l’audition toute récente de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Le procès-verbal, plus qu’embarrassant pour Eric Woerth, alors ministre du Travail et trésorier de l’UMP, avait déclenché un vent de panique au sommet de l’Etat. Après avoir demandé et obtenu auprès de l’opérateur Orange les fadettes du journaliste, la DCRI était arrivée à la conclusion que sa source était le magistrat David Sénat, alors en poste au cabinet de « MAM » Place Vendôme. Ce dernier avait été muté sans délai dans un placard.
C’est la plainte déposée par le Monde— d’abord en septembre 2010, puis une seconde fois en janvier 2011 — qui a déclenché l’enquête (après quelques vicissitudes procédurales) et permis à la juge Zimmermann de confondre la DCRI. Cela alors que l’espionnage des fadettes était nié jusque-là par tous les responsables de l’appareil d’Etat.
De son côté, le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Péchenard, qui est, lui, un ami d’enfance de Nicolas Sarkozy, a été entendu en octobre 2011 par la juge d’instruction comme témoin assisté. Bernard Squarcini avait en effet déclaré à la juge que le DGPN et lui-même avaient décidé « d’un commun accord d’effectuer une vérification technique sur les fadettes de M. Davet, sur quatre jours uniquement ».
Brice Hortefeux
Brice Hortefeux a été entendu par le juge Roger Le Loire comme témoin assisté dans l’enquête pour « subor-nation de témoin », en marge de l’affaire Takieddine. Il est soupçonné d’avoir averti Thierry Gaubert que sa femme avait remis aux enquêteurs l’enregistrement d’une conversation compromettante. « Ça m’embête de te le dire par téléphone [...]. Je te raconterai, mais ils ont énormément de choses. » Le 14 septembre, dans la soirée, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux avait averti son ami Thierry Gaubert du contenu accablant du dossier d’instruction de l’affaire Takieddine.
Renaud Donnedieu de Vabres
L’actuel secrétaire national de l’UMP, ancien ministre des Affaires européennes (2002) puis de la Culture et de la Communication (2004-2007), Renaud Donnedieu de Vabres, a été mis en examen jeudi 15 décembre 2011 pour « complicité d’abus de biens sociaux » dans l’affaire des ventes d’armes au Pakistan et à l’Arabie saoudite. Il est soupçonné d’avoir participé entre 1993 et 1995 à la mise en place, au sein du gouvernement Balladur, d’un système de détournement de fonds adossé à plusieurs marchés d’armement. M. Donnedieu de Vabres était à l’époque le plus proche conseiller du ministre de la Défense, François Léotard. Plusieurs témoins entendus par les juges l’ont désigné comme celui qui avait présenté, et imposé, l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine et deux de ses associés – MM. Abdul Rahman El-Assis et Ali Ben Musalam – dans les négociations des contrats Agosta (vente de sous-marins au Pakistan) et Sawari 2 (vente de frégates à l’Arabie saoudite).
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