jeudi 19 avril 2012
Cameroun – France : malgré un visa refusé par la France, la Camerounaise triomphe.
La jeune Doris Ngandjou Kouyem, étudiante camerounaise de l’Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales (E.S.S.E.C.) de Douala, s’est vue refuser un visa d’entrée en France alors qu’elle était conviée à participer à un concours international sur l’invention et l’innovation humanitaire, organisé par la Fondation Casques rouges. Il s’agissait du Challenge Humanitech 2012, évènement sponsorisé par le groupe Orange. La jeune Camerounaise avait juste demandé 4 jours et son dossier était complet. Allez-y comprendre ce mépris. C’est simplement scandaleux. Ambiance.
La France, ou du moins, les élites françaises, n’arrivent toujours pas à sortir de leurs têtes, l’esclavage de leurs aïeuls, la colonisation de leurs pères et leur néocolonialisme. Il est grand temps de comprendre que nous ne sommes pas le nombril du monde et qu’ailleurs, les autres vivent. L’ESSEC Cameroun est la première École de Gestion de la sous région par le volume de sa formation scientifique, et de la qualité de sa formation. Ses étudiants venant de toute l’Afrique sont donc des personnes brillantes, d’autant plus que, on y accède par concours.
Vu de France, il est parfois difficile d’expliquer ce que vivent les Africains qui veulent parfois venir rendre visite à leur famille ou simplement faire du tourisme en France. Il faut parfois, sans garantie aucune, après avoir rempli toutes les conditions afférentes à la délivrance d’un visa, essuyer un refus motivé par... rien. Et ceci, après avoir fait le pied de grue devant le Consulat, dès 4h du matin ou même avant. Les diplomates français doivent avoir des instructions mais, en réalité, ils considèrent les Africains comme les élites traitent ici en France, le plebs. Or, nul n’ignore comme ce plebs, c’est à dire la populace, la masse, les gueux, avec bien sûr toute la connotation d’ignorance et d’égoïsme que ça représente, est écrasée (populace) en France aussi. Passons.
La Fondation Casques Rouges, présidée par l’ancien ministre Nicole Guedj, voit pour la première fois après 3 éditions, une équipe africaine victorieuse de ce prix très relevé. Le Challenge Humanitech 2012 comptait cette année, pour sa 4e édition, 3 catégories:
- Catégorie Télécoms & Echanges d’information”
- Catégorie “Sanitaire & Social”
- Catégorie “Infrastructure & Logistique”
Après présélection, le jury a retenu 18 projets. La lauréate camerounaise concourait dans la catégorie “Sanitaire & Social”, et était la seule absente à la Cantine (Silicon Sentier), lieu de l’évènement, pour les raisons expliquées plus haut. Avec son camarade, étudiant de l’ESSEC Cameroun, elle a conçu un filtre à eau low cost nommé Tsé-Nou qui est constitué de matériaux très largement accessibles pour tous, composés de seaux et de bougies en céramique dont le projet lui-même était dénommé « Tous contre le choléra ». Il permet de purifier l’eau, et par là même, de lutter contre les maladies liées à la mauvaise qualité de l’eau, comme le choléra.
C’est en vidéo-conférence via Skype, depuis Douala au Cameroun, que, la jeune Doris Ngandjou Kouyem a présenté et défendu l’inventivité de ce produit haut en couleurs. Elle a expliqué à l’audience que « c’est à l’Afrique de se prendre en main pour répondre aux crises humanitaires. Nous ne devons pas sans cesse attendre l’aide des pays étrangers. » Elle a réussi à convaincre le jury composé des 12 personnalités, Nicole Guedj, ancien ministre et Président de la Fondation Casques Rouges, Bernard Benhamou, Délégué interministériel aux usages de l’Internet et coordinateur de Proxima mobile, Jean-François Lamoureux, Vice-Président d’Action contre la Faim, Fadma Moumtaz, représentante du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (UNHCR), Cyril Attia et John Karp, co-fondateurs de BeMyApp, entre autres.
Qu’adviendra-t-il de ce petit bijou ? Dans les prochaines semaines, la Fondation Casques Rouges, Orange et les autres membres du jury impliqués dans l’aventure Humanitech accompagneront sa mise en place au Cameroun. Grâce au Prix du Challenge doté de la modique somme de 5 000 euros (3. 225 000 francs CFA), une expérimentation imminente va être aussi menée par les étudiants de l’ESSEC Douala dans le village de Koza, situé à l’extrême-nord du Cameroun et foyer épidémique de choléra.
Nous espérons et souhaitons que ce produit soit répandu dans toute l’Afrique et que cette jeune personne puisse trouver des opérateurs économiques pour développer et exploiter cette crème des crèmes. En attendant, on va rendre hommage à cette jeune fille car, tout est bien qui finit bien malgré le refus des autorités françaises de lui accorder un visa. On va vous faire danser avec un artiste disparu, Salla Bekono, qui est parti trop tôt avant l’arrivée de Youtube. Il chante dans cette vidéo, le tube Osas, un bikut-si (rythme) très enlevé qui a bercé mon enfance…
Allain Jules.
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