lundi 16 avril 2012

Le Nord du Mali occupé, mais le Mali n’a pas perdu le Nord

L’agression du territoire malien et l’occupation de toutes ses Régions Nord en quelques semaines est une violation de la souveraineté du Mali et sonne comme un affront à notre légendaire fierté nationale. Il s’agit d’une première au Mali indépendant de voire les régions de Kidal, Gao et Tombouctou tomber les unes après les autres, occupées par des agresseurs fussent-ils Salafistes, indépendantistes, narco trafiquants ou tous ceux-ci à la fois. Nous savons comment nous en sommes arrivés là, mais tel n’est pas mon propos. Comme la sagesse populaire le dit, « quand la maison brûle, on éteint le feu d’abord eton s’occupe des meubles après ». Nous sommes en face d’une occupation inacceptable appelant à une résistance patriotique ferme, intelligente et structurée. Trop c’est trop, il est temps d’en finir et nous pouvons en finir. Unis, nous allons en finir, coûte que coûte, vaille que vaille. Divers et Unis, nous le resterons, contre vents et marées. Le Mali demeurera dans ses limites héritées de la colonisation. Et ceci n’est absolument pas négociable. Comment y parvenir : Une résistance patriotique ferme et intelligente. L’histoire nous enseigne que lorsqu’on agresse un territoire national souverain, la réplique est donnée sans sollicitation d’une quelconque permission de qui ce soit pour résister, se défendre légitimement et se libérer. Cela prendra le temps que ça prendra. Cette résistance patriotique ferme et intelligente se fera et elle s’appuiera sur : Une classe politique consciente de son rôle historique, c'est-à-dire qui accepte de mettre en veilleuse ses intérêts partisans et électoralistes pour préserver la cohésion nationale comme facteur primordial de l’unité du pays. En un mot, elle doit taire ses contradictions internes face au péril commun aussi longtemps que l’ennemi remettra en cause la sacrée intégrité du territoire national et ne reconnaitra pas la devise nationale « Un Peuple, Un But, Une Foi ». La classe politique consciente ne perd ni son temps, ni son énergie dans l’ingénierie d’une transition aux visées inavouées dont certains annoncent -voire préméditent - déjà son décès juste à sa naissance. Le temps est plutôt au consensus pour sauver l’essentiel autour d’un Chef, s’appuyant sur une Equipe, pour accomplir une mission à savoir libérer le pays. Le temps reste notre ressource la plus précieuse, le rassemblement et la mobilisation politique et sociale, notre mode d’action ; l’intégrité territoriale et l’unité nationale notre objectif ultime. Ne cherchons pas de problèmes aux solutions. Malgré la complicité passive ou active de la classe politique dans ce qui nous arrive, elle fait partie de la solution mais elle n’est pas toute la solution. Une société civile (dans toutes ses composantes) engagée, vigilante et exigeante ; Elle fait toujours la différence au Mali et à l’étranger. Il n’y a point de pouvoir, hors du corps social qui en est l’alpha et l’oméga. Face au péril qui se présente à nous, il est attendu de la société civile, une contribution à la définition d’une stratégie concertée du retour à la paix et au développement. Sensibiliser, se tenir informé de l’évolution de la situation sur le terrain, réagir au désastre humanitaire ainsi qu’aux entorses aux droits humains et alerter l’opinion nationale et internationale.Chaque malien est appelé à développer un reflexe sécuritaire. Il consiste à anticiper sur les réactions probables des rebelles une fois que les opérations de libération des régions seront engagées. Ceci passera par l’observation et le rapportage aux autorités en charge de la défense et de la sécurité, ainsi qu’aux autorités administratives, tout fait et geste suspect et inhabituel constaté dans leur environnement de vie. Je peux me tromper, mais il est fort probable que les assaillants utilisent la stratégie des attentats ciblés à Bamako et dans les grands centres comme le fait si habilement le Boko Haram dont la présence au nord Mali a été signalée. Mieux, compte tenu de la situation d’exception, la société civile devra sortir de ses sacro-saints principes de neutralité pour assumer la plénitude de son rôle politique en participant à la gestion des instances politiques de la transition. Une armée républicaine dotée d’une capacité d’intervention ; Elle est la cheville ouvrière du rétablissement de l’intégrité territoriale et de la défense nationale. L’armée a une occasion historique d’honorer son serment « le sacrifice ultime si nécessaire pour la défense et l’intégrité du territoire ». Propulsée en première ligne, depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, elle est à un tournant où la tentation d’accaparement du pouvoir est grande ; mais elle doit y résister pour demeurer haute en estime des Maliens qui n’accepteront plus jamais qu’on badine avec nos institutions démocratiques. L’armée Nationale doit intérioriser une fois pour toute le fait que la quête démocratique s’est installée dans les esprits des maliens de manière irréversible au point d’en devenir un patrimoine national immatériel. Dans ce contexte, rien ne sera plus jamais comme avant. L’état se doit sans délais de doter l’armée d‘une capacité d’interventioncomme préalable à toute négociation avec les assaillants. Il faut en faire une évaluation financière rapide, inscrire ce qui peut l’être sur le budget national et solliciter les maliens de l’intérieur comme de l’extérieur à souscrire à des contributions volontaires. Un soutien des amis du Mali, pour accompagner l’effort du peuple souverain à reconquérir son territoire et à poursuivre l’effort de développement du pays. En particulier, les pays frontaliers du Mali sont appelés à redoubler de vigilance en prenant des dispositions susceptibles d’éviter toute possibilité d’approvisionnement des assaillants à partir de leurs territoires. Ceci déterminera la qualité de nos rapports futurs et ce de génération à génération. Le retour à la raison des assaillants ; ils doivent se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard. Le Soudan et le Soudan du Sud offrent la parfaite illustration que même la partition d’un pays (quoi qu’une majorité s’était prononcé pour par voie de referendum) ne le met pas à l’abri de la Guerre. Le Mali s'est distingué depuis la nuit des temps, par sa diversité, culturelle, linguistique, religieuse qui ont forgé la nation. L'agression dont vous vous êtes rendu coupables a pour conséquence de remettre en cause cette unité nationale et cette volonté du vivre ensemble. Au nom de la paix, déposez vos armes afin que nous réécrivions ensemble l'histoire d'un Mali uni, divers et prospère.Le seul compromis qui soit possible reste la promotion de la décentralisation, de la déconcentration et du développement local.Que force revienne à la loi et à la raison. A titre symbolique, pour célébrer la toute prochaine libération et le retour de la paix, je suggère aux autorités nationales de délocaliser la tenue des trois premiers Conseils des Ministres post libération, successivement à Kidal, Gao et Tombouctou. La ville des 333 Saints va fermer la marche par une prière nationale pour « plus jamais ça dans notre pays »
Djoumé Sylla Citoyen Malien Résidant à Dakar au Sénégal sylladjoume@yahoo.fr

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