Deux Allocutions au Conseil de Sécurité; le premier sur la crise humanitaire au Sahel et la deuxième sur le déploiement de la MICEMA (par l'ambassadeur Youssoufou Bamba de la RCI). Bamba nomme le Lt Amadou Konaré (et son clan), Oumar Mariko et la COPAM comme les principaux obstacles au succès d'un déploiement de la MICEMA. Lire plus bas.
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CS/10767
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Conseil de sécurité
6836e séance – après-midi
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES APPELLE À SOUTENIR
LES EFFORTS DE L’ONU EN VUE D’UNE STRATÉGIE RÉGIONALE INTÉGRÉE AU SAHEL
Au nom de la CEDEAO, le représentant de la Côte d’Ivoire rappelle qu’il est urgent que
les parties au Mali créent les conditions qui permettraient un déploiement sûr de la MICEMA
Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, a, cet après-midi, appelé les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale à soutenir les efforts des Nations Unies dans le développement d’une stratégie régionale intégrée pour le Sahel, ainsi que sur le plan humanitaire.
M. Feltman, qui faisait le point sur les progrès réalisés dans l’élaboration d’une stratégie régionale intégrée pour le Sahel englobant la sécurité, la gouvernance, le développement, les droits de l’homme et les dimensions humanitaires, telle que requise dans la résolution 2056 (2012) adoptée le 5 juillet dernier, a assuré le Conseil de sécurité de l’engagement des Nations Unies en vue de consolider les capacités des États du Sahel à maintenir la paix et la stabilité dans la région.
Le Secrétaire général adjoint a affirmé que les fragilités profondes qui s’étendent dans l’ensemble du Sahel constituaient une source de profonde inquiétude de la part des peuples et des gouvernements de la région, ainsi que de la communauté internationale et du Conseil de sécurité. « Les menaces et les défis ne connaissent pas de frontières et de domaines, et leurs solutions doivent être l’objet d’une action coopérative et globale », a-t-il dit.
Pour M. Feltman, qui a insisté sur la fragilité économique et sociale des États du Sahel, dont l’indice de développement humain est un des plus faibles du monde, les défis dans la région ne sont pas uniquement politiques, mais concernent également la sécurité, la résilience humanitaire et les droits de l’homme.
Les frontières des États de la région, longues et poreuses, facilitent les activités de la criminalité transnationale organisée et des groupes terroristes, en particulier dans les zones isolées et faiblement administrées, de même que les trafics d’armes, de drogues et de personnes. « Associées aux effets de la poursuite du conflit armé interne, ces différentes menaces sapent le développement économique », a-t-il expliqué.
« Les défis posés aux droits de l’homme dans la région résultent de la combinaison de la faiblesse, de longue date, de l’état de droit, de l’exclusion sociale et de la discrimination », a ajouté M. Feltman, soulignant notamment le manque de responsabilité en matière judiciaire et des pratiques discriminatoires contre les femmes et les minorités trop répandues.
Le Secrétaire général adjoint a en outre mis l’accent sur la situation humanitaire que vivent les populations du Sahel, dont le niveau de gravité et d’urgence, cette année, est le troisième depuis 2005. On estime à plus de 18 millions le nombre de personnes exposées au risque d’insécurité alimentaire en 2012, plus d’un million d’enfants de la région étant menacés de malnutrition aiguë.
Selon M. Feltman, sur les 1,6 milliard de dollars nécessaires pour répondre à cette crise, seul 54% ont été versés à ce jour. Six millions de personnes ont reçu une aide alimentaire depuis le début de l’année et plus de 520 000 enfants ont bénéficié de traitements, a-t-il dit, affirmant néanmoins qu’un nombre de secteurs essentiels demeuraient sous-financés, en particulier ceux de la santé, de l’éducation, de l’eau et de l’assistance aux réfugiés.
Il a souligné que la stratégie intégrée fournissait un cadre conceptuel et des priorités stratégiques pour diriger l’engagement de l’ONU au Sahel au niveau régional et établir les bases de consultations et de suivi avec les organisations régionales, les gouvernements et les acteurs clefs dans la région.
L’un des domaines stratégiques importants d’engagement où l’ONU est en mesure d’apporter une valeur ajouté est, a-t-il déclaré, l’établissement d’un forum pour les partenaires régionaux et internationaux afin de discuter de leurs stratégies pour le Sahel, et de les coordonner.
L’ONU, a-t-il ajouté, peut promouvoir la conciliation, la médiation et l’arbitrage, y compris le renforcement des capacités locales et régionales visant à prévenir les tensions transfrontalières, aider à développer des stratégies et des approches régionales intégrées pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé, ainsi que des approches régionales coordonnées face à la prolifération d’armes et pour améliorer la gestion des frontières et la coopération.
Le Secrétaire général adjoint a jugé essentiel de reconnaître l’importance de la coordination avec d’autres partenaires du Sahel. « L’ONU, a-t-il dit, est prête à œuvrer avec eux dans la mise en œuvre de la stratégie, en s’appuyant sur les initiatives déjà mises en place en vue d’offrir un soutien international cohérent et coordonné aux populations et aux États du Sahel. »
M. Feltman a indiqué que, dans le cadre de ce processus consultatif, le Secrétaire général réunirait une réunion de haut niveau sur le Sahel le 26 septembre prochain, en marge de la soixante-septième session de l’Assemblée générale.
L’objectif premier de cette réunion, a-t-il précisé, est de présenter les grandes lignes de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et de générer un appui international à sa mise en œuvre. Il s’agira également, selon lui, de redynamiser la réponse internationale aux demandes d’assistance des gouvernements de la région du Sahel et des agences des Nations Unies visant à satisfaire les besoins les plus immédiats de la population.
Le Secrétaire général est convaincu, a ajouté M. Feltman, que la question du Sahel nécessite une attention et un suivi soutenus, notamment par la nomination d’un Envoyé spécial.
« Même si des progrès ont été réalisés sur les fronts politiques et sécuritaires bien des défis restent à relever », a estimé de son côté, au nom de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le représentant de la Côte d’Ivoire, M. Youssoufou Bamba. M. Bamba a particulièrement regretté que les décisions de la CEDEAO, au sujet du Mali, continuaient de rencontrer une solide opposition de la part des éléments les plus extrémistes de l’ex-Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE) et d’une minorité « bruyante » des « forces patriotiques sociales », qui se sont coalisées autour d’Oumar Mariko et de la Convergence patriotique pour le Mali (COPAM).
Il a dit que cette situation risque de diminuer les chances de créer un environnement propice au déploiement de la Mission des forces en attente de la CEDEAO au Mali (MICEMA). Il a exhorté le Mali à accepter le déploiement de la MICEMA dès la première phase du concept des opérations (CONOPS), en ajoutant qu’il serait imprudent de déployer les troupes dans le nord du Mali en phase III, sans disposer d’un centre de coordination à Bamako.
M. Bamba a regretté la division entre deux factions de la CNRDRE, l’une conduite par le capitaine Amadou Sanogo favorable à l’intervention de la CEDEAO, et l’autre par le lieutenant Amadou Konaré, qui s’y oppose avec véhémence.
Face aux signaux confus envoyés par les dirigeants maliens et à une situation humanitaire qui s’aggrave dans le nord du Mali et constitue une menace sérieuse à la paix et à la sécurité régionales, M. Bamba a jugé essentiel d’encourager les efforts de médiation du Président du Burkina Faso, M. Blaise Compaoré.
Par ailleurs, M. Bamba a précisé que la réunion des ministres de la défense et des ministres des affaires étrangères de la CEDEAO, tenue aujourd’hui à Abidjan, en Côte d’Ivoire, dans le cadre du Conseil de médiation et de la sécurité de la CEDEAO, avait validé les décisions intervenues lors de la réunion des chefs d’état-major.
Des décisions, a-t-il ajouté, qui doivent être endossées par les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO avant d’être adoptées par les organes pertinents de l’Union africaine, puis soumises au Conseil de sécurité de l’ONU.
M. Bamba a exprimé le souci de la Commission d’intensifier ses contacts avec les pays voisins du Mali que sont l’Algérie et la Mauritanie, afin de travailler à un consensus favorable au déploiement de la force de stabilisation au Mali.
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