Avez-vous vu le film Prince of Persia II ? Bien que mon activité favorite consiste à dégommer le film « Prince of Persia : les sables du temps » aussi bien pour des raisons historiques que de qualité cinématographiques, je dois avouer que la suite sortie récemment, « Prince of Persia II : le discours d’un prince » est de bien meilleure qualité et possède un scénario cohérent, une intrigue passionnante, le tout surmonté par un merveilleux talent des acteurs de ce film d’aventure. Pour ceux n’ayant pas suivi l’actualité cinématographique, voici pour vous un résumé de ce film, dont le succès risque de faire la une encore quelques jours :
Une fin de journée de septembre, à l’heure du crépuscule, un mystérieux messager encapuchonné entre dans la cité de Téhéran. Il demande à rencontrer l’empereur, Seyyed Ali Shah. Il informe ce dernier qu’une grande conférence sera organisée d’ici quelques jours dans le royaume aux 50 étoiles, au-delà du grand Lac Salé derrière lequel vivait jadis un peuple autochtone massacré lors de la création de ce royaume. L’homme encapuchonné indique que tous les grands royaumes et empires des 5 régions du monde seront représentés à cette conférence et l’empire Perse, héritier et garant d’une civilisation plusieurs fois millénaires, ne peut évidemment pas éviter ce rendez-vous. L’empereur remercie le messager prenant congé de son hôte, puis se retire dans ses appartements où toute la nuit, il cogite. Au petit matin, Seyyed Ali Shah monte s’asseoir sur son trône, lit quelques sourates du Coran afin d’apaiser son esprit, puis demande à ses serviteurs de faire venir de toute urgence le prince le plus valeureux du royaume, Mahmoud Khan. Celui-ci s’agenouille afin de saluer son seigneur, penche la tête, se relève, s’avance vers l’empereur et lui fait une accolade. Seyyed Ali Shah informe son meilleur homme de la situation et lui indique qu’il a été choisi pour représenter l’empire Perse à cette grande réunion de rois et princes de différents pays. Le prince Mahmoud Khan s’interrogera sur ce que peut être ce machin nommé conférence, mais accepte volontiers de servir son pays en représentant son empire, ses frères de sang (ses frères des provinces autonomes de l’est étant représentés contre leur gré par un roi pachtoune corrompu jusqu’à la moelle) et, surtout, l’ensemble du monde libre étant opposé aux partisans du royaume aux 50 étoiles cherchant à placer le monde sous leur hégémonie. Après avoir dit au revoir à son empereur, le prince enfile son armure, se saisit de sa lourde hache, détache ses magnifiques cheveux et prends la route en direction du caravanier le plus proche. Celui-ci, ingénieusement, lui prête ses plus robustes dromadaires pour ce long voyage. Mahmoud Khan arrive même dans la cité de la nouvelle York deux jours à l’avance. Il peut enfin commencer à travailler.
Les longs voyages ne sont pas de tout repos pour un prince. Une fois arrivé, il constate vite que ses hôtes, bien que descendants de prostituées, esclaves et bagnards arrivés moins de 300 ans auparavant, n’ont aucun respect pour son antique civilisation. Une fois arrivé au palais mis à sa disposition, il constate qu’une foule de manifestants incluant l’ancien seigneur de la cité de la nouvelle York tentent de lui bloquer l’accès à l’entrée. Le représentant persan n’en a cure, il se fraie avec les émissaires l’accompagnant un passage dans la foule sans aucun problème, les lâches manifestants tremblant à la vue de la lourde hache de combat du jeune prince guerrier. Profiter sagement dans les suites du palais d’une journée de repos ? Certainement pas ! La grande diplomatie perse veut adresser son message au monde.
Le prince Mahmoud Khan fait convoquer les plus célèbres scribes de la contrée, incluant ceux de de la secte « Sihènhèn ».Il leur rappelle à tous les valeurs de tolérance l’habitant ainsi que son empereur vis-à-vis des peuples de l’ensemble de la planète, sa volonté de voir une vraie paix non truquée par quelques impérialistes s’imposer dans le monde ainsi que l’histoire de son propre pays. Une civilisation aussi ancienne ne se plie pas aux diktats des autres. Profitant aussi d’un peu de temps après ses longs entretiens avec les plus célèbres scribes locaux, le prince décide de visiter un peu la ville et de faire connaissance à quelques mouvements intérieurs tentant de résister à l‘hégémonie souhaitée par le roi de ce royaume aux 50 étoiles. Cette petite visite fut très sympathique, mais très vite de sérieuses choses se produisent…
En effet, Mahmoud Khan, se rend compte que ce roi véreux au sourire aussi mielleux que sournois, non seulement ne fait que l’éviter depuis son arrivée, mais en plus annonce que les terroristes de la Secte des Assassins ayant commis de nombreux meurtres en son pays viennent d’être officiellement retirés de la liste des organisations considérées terroristes par ce triste personnage ! Une provocation offensante mais n’atteignant pas un prince aussi digne et valeureux que Mahmoud Khan. De plus, il remarque également que ses alliés phéniciens ne faisant que se défendre légitimement face aux Bani Israël cherchant à occuper le sud de leur pays sont toujours aux yeux de ces serpents des terroristes, le monde à l’envers ! Ce roi Barack Traitrus Ier ne cherche décidément que la chute des biens aimés Seyyed Ali Shah et prince Mahmoud Khan… Enfin, ce dernier se sait intouchable à la cité de la Nouvelle York en raison des lois diplomatiques et se rend, pour son deuxième jour dans la cité, à l’assemblée générale de la conférence afin d’écouter le représentant de la Gaule Laïque à Deux Vitesses. Se tournant vers son camarade et meilleur ami le roi Inca Hugo Bolivarès, il s’étonne :
« Drôle de nom pour un pays… Connais-tu ce petit gros à lunettes ?
- Oui, lui répondit l’amérindien amusé, Le prince François de Flamby, le général ayant déposé le roi Nicolas Rolexus… Mais dis-moi Mahmoud, connais-tu la signification du terme Laïque à Deux Vitesses ?
- Oui, un concept autorisant, d’après mes ambassadeurs de Lutèce et Massilia, à financer des crèches multiconfessionnelles juives et repousser des conseils d’administration de cités pour Yom Kippour tout en autorisant la police et certaines milices officieuses à agresser, passer à tabac et emprisonner arbitrairement les femmes couvrant leur visage selon le rite musulman, assommer puis noyer à mort des vigiles musulmans et empêcher l’accès à l’éducation aux femmes musulmanes en leur interdisant d’étudier avec leurs signes religieux. Et encore, certains veulent même leur interdire de sortir…
- Es-tu sérieux mon bon ami ? Les fascistes ont-ils tant d’influence en Gaule ?
- Il faut croire… Mais selon les ambassadeurs perses que j’ai pu contacter par lettres, ce général dit socialiste a su démontrer que les gens dit « bien-pensants anti-racistes » de gauche peuvent être tout aussi racistes que l’extrême droite… Pour un pays souhaitant donner des leçons de tolérance et de droit de l’Homme à tout le monde, reconnait que cela fait tâche ! Enfin, elle n’est pas à une contradiction près, cette société gauloise trop orgueilleuse pour se regarder dans un miroir comme il faut. Nous en reparlerons plus tard frère Hugo, ce clown à lunettes va commencer son discours et écouter ses blablateries m’intéresse… »
Mahmoud Khan ne fut pas déçu par ce qu’il entendit : il se caresse sa belle barbe bien taillée en souriant à l’écoute du psittacisme de l’étrange prince gaulois. Rien de très différent du précédent roi ! Ce clown osait devant lui prôner de nouvelles sanctions contre l’état Perse afin de le forcer à courber l’échine devant l’occident, tout en osant dire qu’il ne souhaitait pas « punir le grand peuple iranien » ! Le prince de la Perse pense alors « au moins, j’aurais des éléments comiques à raconter aux dîners de famille en rentrant au pays… »
Le lendemain, avant de retourner en Perse pour y retrouver Seyyed Ali Shah et lui faire un compte-rendu de son séjour, le prince Mahmoud Khan monte à la tribune et s’exprime librement : tout en prônant la paix dans le monde, la fin des invasions des troupes des Bani Israël de leurs pays voisins (sans tenir de propos antisémites évidemment) et l’accès à tous les pays de la possibilité de participer à l’organisation du monde d’égal à égal sans état dominant, prônant une vraie démocratie, Mahmoud Khan est sans surprise boycotté par une dizaine de pays, se faisant appeler « communauté internationale » : cela lui est cependant égal, toutes les autres délégations ayant écouté son discours jusqu’au bout, dont son précieux allié le tsar Vladimir. Ses ennemis sont tous dégoutés après l’humiliation que leur infligent ces applaudissements sincères, même si ceux-ci se gardent bien de le montrer. Regard victorieux, air digne, Mahmoud Khan lance un « Khoda hafez ! » à toute la salle et sort le cœur léger.
Le lendemain, Mahmoud Khan entreprend le voyage retour. Il arrive assez rapidement à Téhéran. Il tient un compte-rendu détaillé et précis à son empereur, puis celui-ci lui propose d’élever son grade à la cour impériale. Mahmoud Khan refuse, souhaitant s’exiler dans la cité d’Alamut pour se consacrer à la science. Sa décision est irrévocable, dès l’année prochaine il stoppera définitivement la politique. Le film finit par un travelling du prince Mahmoud Khan avec armures et armes sur le dos de son dromadaire, la caméra montant et reculant petit à petit, Mahmoud Khan devenant bientôt un minuscule point à l’horizon.
Des films comme ça, cela donne envie d’aller au cinéma plus souvent ! l’Iran vient d’annoncer que le pays boycotterait la prochaine cérémonie des oscars en raison du film islamophobe (les autres pays musulmans du monde entier, si ils ont un honneur feront de même), mais un film iranien comme celui-ci est parfait pour réconcilier le septième art avec le grand public. Je vais aller me re-regarder « Une séparation » tiens !
Je tiens à remercier mon frère Allain Jules ainsi que la modératrice et tous les amateurs du septième art qui se rueront sans doute dans les salles pour suivre Prince of Persia II : le discours d’un prince. Je vous dis à tous à la semaine pour une prochaine chronique, consacrée au mouvement terroriste de l’OMPI (évoquée sous l’allure de la Secte des Assassins).
Salaam ahlikoum !
Jafar.
Attention : les événements décrits dans ce film sont purement fictifs : toute ressemblance avec la réalité serait purement fortuite… où pas.