vendredi 1 juin 2012

Les chroniques iraniennes et/où perses de Jafar 2 : Iran et Irak


La chronique libre de Jafar

Iran-Irak… Irak-Iran… ces deux pays ont eus, au cours de la seconde moitié du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui, connus de forts liens historiques, allant de l’affrontement armé aux relations cordiales, voire fraternelles. Les récentes négociations entre l’Iran et le groupe 5 + 1 (membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU + Allemagne) dues à la volonté des occidentaux de voir mourir le prétendu projet de bombe nucléaire de Téhéran (dont on attend toujours les preuves…) se déroulant à Bagdad, cela est une bonne occasion pour rappeler via cette chronique l’histoire récente entre l’Iran et l’Irak contemporains, cette évolution ayant un intérêt tout particulier.
Durant les années 1970, l’Irak, est dirigée d’une main de fer par le parti Baas, parti laïc, et ayant pour président Saddam Hussein, alors que l’Iran est sous la coupe d’une autre dictature, elle aussi laïque, celle du Shah Pahvali. Les deux pays entretiennent des relations diplomatiques tendues, notamment car l’Irak ne juge pas légitime l’appartenance de l’île d’Abu Moussa à l’Iran, estimant comme de nombreux pays arabes qu’elle revient aux Émirats Arabes Unis, un émirat pétrolier de plus sous la coupe des occidentaux dont en parler ne serait qu’une perte de temps. Cette question peut sembler banale, d’autant que le fait que cette île est iranienne est incontestable, mais a néanmoins suffit pour bloquer plusieurs années toute relation diplomatique entre les deux pays. Cependant, ces tensions ne sont rien comparées à ce qui adviendra suite à la chute du régime du Shah, contraint au départ le 16 janvier 1979. La monarchie est déclarée abolie le 11 février, et la République Islamique d’Iran (Johmhuriya Islämiye Iran en persan) proclamée le 1er avril, avec l’ayatollah Rouhollah Khomeiny à sa tête. Les occidentaux rapidement, américains en tête, ne supporteront pas de voir la perte d’un allié aussi obéissant et généreux en cadeaux pétroliers et gaziers que Mohammad Reza Pahlavi, et nourriront l’ambition de voir Khomeiny tomber le plus rapidement possible. Seulement, le pays ne risque pas de craquer économiquement de si tôt grâce à sa manne pétrolière, et une intervention directe armée est jugée trop risquée. Les américains, grands démocrates auto proclamés du « monde libre » (traduction = monde des riches blancs) comptent alors sur celui qu’ils considèrent dans cette période comme leur allié potentiel, Saddam Hussein. Ce dernier sera poussé par les occidentaux à attaquer l’Iran, et reçoit la promesse que son attaque sera soutenue financièrement, diplomatiquement et militairement par l’envoi d’armes. En septembre 1980, le cap est franchit : l’Irak, alors dans le camp occidental et servant les intérêts américains, attaque le régime iranien, anti-américain, jouissant d’une forte base populaire par le soutien que lui accorde le peuple, et étant ainsi capable de tenir tête à quiconque chercherait à lui mettre des bâtons dans les roues, pouvant tenir économiquement par ses réserves colossales de pétrole et de gaz. Saddam Hussein est animé par plusieurs objectifs : en tant que sunnite laïc, il souhaite empêcher toute forme de régime chiite de prendre le pouvoir à ses frontières, étant lui-même un grand anti-chiite n’ayant jamais hésité à massacrer une grande partie de la population chiite de son pays, et ayant même le sadisme d’envoyer toujours en première ligne lors du conflit de jeunes conscrits chiites. En tant que pur raciste, persophobe, il souhaite au fond de lui l’éradication totale de l’Iran. Il se plaisait à répéter une phrase que son oncle lui enseignait étant enfant : « Allah a créé trois sous-créatures, que nous devons éradiquer de la Terre afin de réparer son erreur : les juifs, les perses, et les mouches ». En tant qu’ultra nationaliste expansionniste, il ambitionne d’annexer après la défaite iranienne la province du Khouzistan, cette région iranienne étant surnommée « Arabistan » dans les pays arabes, étant la région iranienne où une grande partie de sa population est arabe et non perse. L’ »opération Qasidiyya » est lancée, devant son nom à la bataille ayant entrainée en 642 l’annexion de l’empire Perse au califat arabo-musulman gouverné par Omar ibn al-Khattab. Cependant ses plans ne se passeront pas comme prévus, les arabes iraniens étant fidèle à leur pays et refusant farouchement une occupation étrangère. La population iranienne, bien que très tolérante vis-à-vis de toutes les cultures du monde, par sa riche histoire, est aussi farouchement nationaliste et ne laisse personne lui marcher sur les pieds, comme cela a toujours été le cas dans l’empire Perse. Saddam Hussein ne l’a pas compris, et se cassa les dents en Iran. La population entière se ligua derrière Khomeiny, par nationalisme, amour du pays, de sa force, de son histoire, pour repousser l’envahisseur. Si bien qu’en juin 1982, la situation s’inverse : l’armée irakienne se voit repoussée et l’armée iranienne pénètre en Irak. Toutes les opérations iraniennes porteront le nom de Karbala suivi de leur numéro (Karbala 1, 2, 3…) en allusion à la ville sainte du chiisme, montrant ainsi que les deux pays ont utilisés la riche histoire entre monde arabe et monde perse, monde sunnite et chiite pour s’affronter, comme plus d’un millénaire et demi auparavant. La majeure partie de la guerre se déroulera alors en territoire irakien, jusqu’en 1986, où Saddam Hussein usera avec l’aval des occidentaux de terribles armes chimiques, et prohibées par les conventions de Genève pour repousser hors du territoire les troupes iraniennes. La paix sera signée entre les deux pays en juillet 1988.
En 1990-1991, lors de la guerre du Golfe, bien qu’officiellement l’Iran n’est pas intervenue, dans les faits le pays a manœuvré secrètement pour faciliter aux occidentaux la situation afin de nuire à Saddam Hussein.
Le tournant dans les relations entre les deux pays aura lieu suite à l’invasion américaine de 2003 en Irak, mettant au pouvoir un gouvernement élu pour la première fois au suffrage universel. La majorité de la population irakienne est chiite, mais les sunnites ont toujours gouvernés le pays. Pour la première fois, un premier ministre chiite est élu, Nouri al-Maliki, et entretiendra des relations de plus en plus chaleureuses au fil du temps avec son voisin perse.
De nos jours, ainsi, suite à la chute de Saddam Hussein, sanguinaire notoire, l’Irak, ex puissance régionale aujourd’hui déchue, lentement mais sûrement opte pour une politique de plus en plus similaire sur la scène internationale de celle de Téhéran, notamment dans les relations avec la Turquie et la gestion de la crise syrienne actuelle. Mais ne nous y trompons pas : ce pays allié nouveau de l’Iran est très instable, les américains l’ayant détruit sans le reconstruire, et est en proie à des mouvements sécessionnistes (mouvements kurdes) où intégristes (Al-Qaïda). L’Iran a donc un rôle de grand frère, en tant que pays musulman voisin, ami et frère pour assurer la sécurité de l’Irak et en jouant bien ce rôle, le Régime iranien peut garantir définitivement  le lien d’amitié le nouant à l’Irak.
Je tiens pour finir cette chronique à préciser que ce deuxième papier à la particularité d’être long, je le sais, mais je m’excuse de n’avoir put la rétrécir, cela aurait forcé à omettre des informations sur l’histoire des relations Iran-Irak, hors ces chroniques servent à informer, et non à désinformer comme le Monde où le Figaro.
Je tiens à remercier particulièrement mon frère de combat Allain Jules, ainsi que la modératrice. Sachez également que je tiens compte de tous vos commentaires et suis ouvert à toutes les éventuelles remarques que vous ferez.
Salaam ahlikoum !

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