jeudi 7 juin 2012

contribution à la paix d'un malien toureg de Tombouctou au Sénégal

A la suite de la proclamation par les rebelles de l’indépendance des Régions Nord du Mali, les Responsables Maliens protestent et réclament un Mali « Un et Indivisible » ; mais ce qu’ils oublient, pour que cela soit possible, il faut que la population soit « Une et Indivisible ».

Depuis notre indépendance, la faute d’un Touareg ou d’un Arabe retombe sur toute sa race sans distinction. Chaque fois qu’une minorité Touareg venant de l’extérieur se rebelle contre l’Etat, la majorité vivant à l’intérieur du Pays en subit les conséquences, les sévices, les mises à l’index, les rejets, les provocations et intimidations, les arrestations arbitraires et extra-judiciaires pleuvent et les obligent à fuir leur propre pays ; les contraignant ainsi à devenir malgré eux-mêmes des éternels réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso, au Niger, au Sénégal, en Algérie ; et j’en passe.

Seuls les rebelles sont admis à rester sur le territoire National, parce qu’ils sont armés ; et la plus grande majorité de la population civile sans défense et protection, qui n’a rien demandé pour mériter ce sort est bien sur comme d’habitude livrée à elle même dans des camps de réfugiés.

Ces populations refugiées oubliées de leur propre pays, ne bénéficient d’aucune attention des dirigeants ni des medias Maliens comme en bénéficient leurs homologues d’autres races du même pays et dans les mêmes circonstances : Jugez en vous-mêmes ?

Seuls les Pays d’Accueil et les Organisations Humanitaires auxquels qui nous adressons un hommage mérité, ont respecté leurs engagements ratifiés en relation avec les conventions Internationales pour la protection des populations réfugiées. Ces populations ont toujours été exclues des aides et des négociations en provenance de leur propre pays, le Mali.

Si le Pays proclame la Paix avec les rebelles, ceux-ci bénéficieront à eux seuls des dividendes et avantages liés à la Paix et aux négociations. Par contre la population humiliée et chassée, qui a tout perdu, dignité et biens ne bénéficie d’aucun dédommagement.

Le Mali doit reconnaitre que cette rébellion endémique qui a existé avant la colonisation et après les indépendances, n’a jamais tenu compte des populations de l’intérieur pourtant toujours restées fidèles.

La logique humaine et démocratique ne peut admettre qu’un Etat qui exclut toujours une partie de son peuple en raison de sa couleur et de sa passivité, demande l’Unité Nationale. C’est la Nation même qui est responsable de cette division en rejetant une frange de sa population.

Peut-on récupérer le Nord du Mali sans ses habitants ?

C’est une erreur d’attribuer la rébellion aux Touaregs. Elle vient d’ailleurs et comptent plusieurs sensibilités et nationalités. L’antidote à cette rébellion a bel et bien été anéantie à dessein. Les Maliens qui pouvaient la contrer ont été bannis, ceux la même qui portaient l’uniforme ont été écartés, intimidés, menacés, jetés en prison et même éliminés tout simplement parce que gênants des intérets et objectifs occultes.

Plusieurs jeunes ont du rejoindre la rébellion à cause de leur statut de victimes innocentes ou tout simplement parce qu’ils craignaient pour leur propre vie.

Les islamistes ont eu un terrain vide et l’on occupé, tout simplement parce que les populations musulmanes qui ont toujours défendues l’islam et qui pouvaient les en empêcher, ont été chassées. Celles qui restent sur place sont désarmées devant des forces d’occupation.

Beaucoup de jeunes du Nord Mali toute race confondue ont rejoint la drogue, l’endoctrinement islamique non pas par conviction, mais par nécessité économique, ils ont faim. Pensez-y !

Le Mali compte le Nord dans son territoire, mais ne l’a jamais compté dans ses programmes de développement en réalité. Il y a discrimination en tout.

Même si la paix vient par signature sur papier, elle ne sera jamais effective sans le développement pour arracher la population du Nord de la misère, donc des mains d’AQMI, de la drogue, etc.

Que le Mali prenne l’exemple sur son voisin le Grand Sénégal qui subit une réalité similaire plus de 30 ans sans persécutions, rejets, discriminations aucune des populations non concernées qui y vivent.

Nous, Touaregs et Arabes fidèles au Mali et qui formons la grande majorité, n’optons pas pour la division du Mali, ni pour la rébellion, encore moins pour l’intégrisme ou le fondamentalisme.

Nous demandons et réclamons tout seulement le droit à la justice qui consiste à attribuer la faute aux fautifs et non à la Race ; et qu’on nous regarde en Maliens avec ce que cela comporte comme droits et devoirs.

Notre pays le Grand Mali a honte aujourd’hui. Il lui faut de Vrais Cadres Nationaux au dessus du racisme, de l’égocentrisme, et qui sont capables de raisonner en inculquant au Peuple la notion d’Amour reciproque, de Tolérance, de Pardon afin de placer l’Unité Nationale au centre du débat, au lieu de le pousser à la haine et à l’exclusion, pour des intérêts sordides qui ne peuvent que détruire toute Nation.

Une telle discrimination, un tel égoïsme au 21e siècle de la part d’un pays dit démocratique doivent interpeller toutes les Nations Démocratiques du Monde.

Avant que la CEDEAO, l’Union Africaine et les Nations Unies ne chassent du Nord Mali la rébellion et l’Islamisme, ce qui est tout à fait normal ; qu’ils s’occupent des problèmes des pauvres populations refugiées victimes des machinations. C’est le rôle primordial des Nations éprises de paix.

Ceci est une contribution à la paix d’un Malien Touareg affligé par le sort réservé à son cher Pays.

Mohamed Ahmed, Notable Touareg de Tombouctou au Sénégal.

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