mardi 2 octobre 2012

Mali : le Premier ministre ne veut négocier avec aucun groupe islamiste au nord





 Le Premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra a catégoriquement rejeté la perspective de négociation avec les islamistes armés occupant le nord du Mali, dans un entretien publié samedi, huit jours seulement après l'appel au dialogue lancé par le président malien aux groupes armés.

Au même moment, une source officielle malienne assurait cependant qu'une rencontre venait d'avoir lieu, à Alger, entre une délégation des islamistes du groupe Ansar Dine et un haut-gradé de l'armée malienne. Dans un entretien publié à Paris par le journal Le Monde, le Premier ministre malien affirme: "Le temps pour ces négociations est passé". "Les pays qui parlent de négociations nous ont fait perdre du temps", insiste-t-il, semblant évoquer implicitement le Burkina Faso ou l'Algérie. Puis il affirme qu'"un millier de terroristes dotés d'armes sophistiquées" sont désormais "installés" dans le nord du Mali et que la situation "empire de jour en jour avec les amputations, les flagellations, les viols, les destructions de sites" perpétrées par les islamistes.

Le 21 septembre, le président malien Dioncounda avait pourtant appelé solennellement les "groupes armés qui opèrent dans le nord" au "dialogue". Mais le Premier ministre malien n'y croit plus: "Nous avons un médiateur désigné par la Cédéao (le président burkinabè Blaise Compaoré) mais à ce jour nous n'avons pas reçu, de la part des terroristes et des occupants, un seul signal disant +nous voulons négocier+". Bamako n'acceptera plus, selon lui, de négocier qu'avec les dirigeants indépendantistes touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad).

Aucune négociation envisagée, donc, ni avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ni avec les groupes qui lui sont liés, le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'ouest) et Ansar Dine. "Ansar Dine ? Une de ses branches vient d'amputer des gens à Tombouctou. J'appelle ça des extrémistes", dit le Premier ministre au sujet du groupe armé dirigé par un ancien chef rebelle touareg malien, Iyad Ag Ghaly, qui fait appliquer par la force son interprétation de la loi islamique. Le 29 juillet, les islamistes d'Ansar Dine lapidaient à mort, à Aguelhok (nord-est) un homme et une femme auxquels ils reprochaient d'avoir eu des enfants sans être mariés. Et ce samedi, ils détruisaient, une nouvelle fois, un mausolée de saint musulman, cette fois à Goundam (90 kilomètres de Tombouctou).

Rencontre à Alger

Cependant, une source officielle malienne a assuré samedi à l'AFP qu'une délégation d'Ansar Dine venait de rencontrer, "très récemment", à Alger, "un haut-gradé" malien, pour évoquer la situation dans le nord du Mali". Un proche d'Ag-Ghaly, Amada Ag Bibi, faisait partie de la délégation, ainsi que le chef d'état-major d'Ansar Dine, Ag Wissa, et un élu du nord, selon cette source.

Alger a toujours affirmé qu'il fallait privilégier les négociations au nord du Mali et s'oppose à l'intervention d'une "force militaire internationale" que Bamako demande à l'ONU d'autoriser. Mais le Premier ministre malien conclut: "je n'ai pas vu de solution non-militaire émerger". Et, alors que nombre de pays sont toujours sceptiques et réticents, il décrit déjà les étapes menant vers la guerre. Le Conseil de sécurité de l'ONU adopterait "avant la mi-octobre" une résolution autorisant l'intervention. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) déploierait "presque immédiatement" au moins une partie de sa force... Cheikh Modibo Diarra va jusqu'à souhaiter que "la communauté internationale - France, Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment - apprête une force d'intervention pour faire un travail propre et rapide" et que la France envoie "ses forces spéciales" au Mali.




 La "seule façon de régler le problème" du nord du Mali, occupé depuis six mois par des islamistes armés, est "militaire", a affirmé dimanche le secrétaire général de la Francophonie, l'ancien président sénégalais Abdou Diouf.

"J'ai nourri l'espoir que ce problème se réglerait par la négociation mais j'ai perdu mes illusions. La seule façon de régler ce problème est militaire", a déclaré M. Diouf, dans un entretien à la chaîne TV5 Monde.

"Il n'y a pas d'alternative" face à des "islamistes alliés à des narcotrafiquants, à des preneurs d'otages et à des criminels frontaliers", a-t-il estimé. "Il faut que tout le monde s'y mette. Il ne faut pas être tiède dans cette affaire".

"La situation est extrêmement grave. Personne ne sera à l'abri si ce cancer qui se développe", a-t-il insisté.

Pour le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, "c'est un problème qu'on ne peut pas laisser entre les mains du Mali et de la Cédéao", la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest qui s'est dit prête à déployer une force de 3. 300 hommes sur place.

"Le gouvernement malien, la Cédéao seront en première ligne", a-t-il dit. "Mais toute la communauté internationale est concernée. Il faut les aider à vaincre le terrorisme qui se développe dans le nord du pays", a-t-il estimé.

"On n'a pas le choix. J'entends parler de gens qui ne veulent pas de troupes étrangères mais on n'a pas le choix. Il faut être sérieux!" s'est-il exclamé.

Interrogé sur le XIVe sommet de la Francophonie, dont la tenue du 12 au 14 octobre à Kinshasa a été critiquée, notamment par l'opposition congolaise et des organisations de défense des droits de l'homme, M. Diouf a affirmé que "personne n'a demandé sa délocalisation".

Rappelant que la République démocratique du Congo est "le premier pays francophone au monde", M. Diouf a jugé que "si on veut tirer la RDCongo vers le haut, il est bon d'aller à Kinshasa dire ce que nous avons à dire, en termes de bonne gouvernance, d'Etat de droit, de respect des droits de l'homme".

Interrogé sur une supposée hésitation du président François Hollande à se rendre à Kinshasa, M. Diouf a répondu: "Je ne conçois pas un sommet de la Francophonie sans la présence du chef de l'Etat français, tout comme mon homologue du Commonwealth n'envisagerait pas un sommet du Commonwealth sans la Reine d'Angleterre".

Nord-Mali : Abdou Diouf approuve la guerre et s’oppose à la négociation
(Afrik.com 01/10/2012)

Invité dans l’émission "International", diffusé sur TV5 et RFI, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, a sans détour approuvé l’intervention militaire au Nord-Mali pour y déloger les islamistes qui occupent la région depuis maintenant six mois. Opposé à toute négociation, il plaide pour une intervention immédiate, craignant que les terroristes envahissent le Sud-Mali.

Seule l’intervention militaire peut régler la crise malienne. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), plaide pour une intervention militaire rapide pour déloger les islamistes qui occupent depuis six mois maintenant le Nord-Mali. Selon lui, si les opérations ne sont pas immédiatement lancées, les terroristes, affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) pourraient également envahir le Sud-Mali.

« Je considère qu’il n’y pas d’alternative et qu’il faut que tout le monde s’y mette. Il ne faut pas qu’on soit tiède dans cette affaire-là, parce que si on laisse ce cancer se développer, ça va toucher non seulement le Sahel, (mais) le monde entier. C’est une menace grave à la paix et à la sécurité internationale », a déclaré Abdou Diouf, lors de l’émission "International", diffusé sur TV5 et RFI. Et de tirer la sonnette d’alarme : « Si le Mali ne retrouve pas son unité, je crains même qu’à ce moment-là, ceux qui sont au Nord - et c’est leur volonté -, ne descendent au Sud. Je crois qu’il faut agir et il faut agir avec beaucoup d’énergie, beaucoup de volonté. Il faut prendre ses responsabilités dans une situation comme celle-là. Elle est extrêmement grave et vraiment je crains le pire », a prévenu le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

La Cedeao, l’Etat malien et la France

L’accord trouvé dimanche 23 septembre entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et Bamako a débloqué la situation. Les autorités maliennes ont enfin accepté que les « forces militaires combattantes » de l’organisation ouest-africaine se déploient dans la capitale malienne. En revanche, l’ONU a déjà réclamé au Mali et à la Cedeao des précisions sur les modalités d’une intervention aux contours encore très flous. Et Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, préconise que « toute solution militaire pour résoudre la crise sécuritaire au Nord-Mali (soit) envisagée avec extrême prudence ».

De la prudence qui ne fait pas écho dans les oreilles du président français. « Je sais qu’il peut y avoir une tentation de mener des négociations », a souligné François Hollande mercredi 26 septembre à New-York lors de la réunion sur le Sahel. « Négocier avec des groupes terroristes, il ne peut en être question. Toute perte de temps, tout processus qui s’éterniserait ne pourrait faire que le jeu des terroristes », a insisté le président français qui assure que « La France soutient pleinement » l’intervention militaire au Nord-Mali.

Même son de cloche du côté de Abdou Diouf. A entendre le secrétaire général de l’OIF, « La seule façon de régler ce problème, c’est de le régler militairement ». Pour ce faire, il préconise « que la Cedeao soit en première ligne avec l’Etat malien bien entendu mais également toute la communauté internationale (France, Algérie, Tchad, etc. ndlr) ».

Deux problèmes s’opposent aux partisans d’une intervention militaire au Nord-Mali, d’une part l’ONU ne validera pas une résolution favorable avant une nouvelle réunion du Conseil de sécurité dont la date reste inconnue, et de l’autre, le haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), Carter Ham, a plaidé ce dimanche à Alger pour une solution « politique » à la crise malienne. La guerre est, donc, loin d’être déclarée. Pendant ce temps, les lapidations et amputations, infligées par les islamistes aux populations, gangrènent le Nord-Mali.


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Crise au Mali: le chef de l'Africom privilégie une solution politique


La solution à la crise dans le nord du Mali, occupé par des islamistes, ne peut être que "politique", a estimé dimanche à Alger le général Carter Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), tout en évoquant l'éventualité d'une "aide militaire".

"La situation dans le nord du Mali ne peut être réglée que de manière diplomatique ou politique. Il y a une composante militaire qui fera partie d'un tout et jouera un rôle bien précis dans la résolution de ce conflit", a déclaré le général à la presse.

"En raison de la présence de groupes terroristes dans la région, une aide militaire peut être requise", a-t-il précisé.

"La seule alternative qui ne pourrait pas exister, c'est la présence militaire américaine dans le nord du Mali", a ajouté le général Carter Ham dont les propos en anglais ont été traduits en français par un interprète de l'ambassade des Etats-Unis.

A la question de savoir si Washington allait s'opposer au déploiement d'une force militaire de la communauté économique des Etats de l?Afrique de l'Ouest (Cédéao), le général a répondu: "on ne sait pas encore, il n'y a pas de détails concrets concernant cette question".

"S'il y a une autorisation d'une intervention militaire, les Etats-Unis étudieraient la question, actuellement le sujet n'est pas vraiment clair", a-t-il précisé.

"L'un des aspects clés dans la résolution de la crise malienne, c'est de faire la distinction entre les groupes armés dans cette région et définir ceux qui sont terroristes et ceux qui ne le sont pas", a ajouté le patron de l'Africom.

Washington "essaie de comprendre le rôle du Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest), du MNLA (rebelles touareg indépendantistes) et d'Ansar Dine (milice des "Défenseurs de l'islam")", a-t-il dit.

Selon lui, "il y a d'autres défis dans le nord du Mali qu'il faudrait résoudre, à commencer par la mise en place d'un gouvernement légitime à Bamako".

Il a également évoqué "la nécessité de faire face aux préoccupations des populations du nord du Mali".

Le général Ham, qui s'est entretenu par la suite avec le président Abdelaziz Bouteflika, a déclaré que l'Algérie et les Etats Unis étaient "tout à fait d'accord sur une priorité: le peuple malien doit avoir l'opportunité de choisir librement son gouvernement et de vivre dans la paix et la sécurité".

Alger et Washington "se sont engagés à aider le peuple malien à atteindre cet objectif", a-t-il précisé.

L'Algérie a toujours affirmé qu'il fallait privilégier les négociations pour résoudre le conflit dans le nord du Mali et s'oppose à l'intervention d'une "force militaire internationale" que Bamako demande à l'ONU d'autoriser.


Nord Mali : Washington pour le dialogue
(BBC Afrique 01/10/2012)

L'intervention militaire au nord Mali ne fait pas encore l'unanimité. Washington n’envisage pas d’envoyer des troupes dans la région.

C’est ce qu’a affirmé dimanche à Alger le général Carter Ham, commandant des forces américaines en Afrique (Africom).

Général Ham est en visite depuis samedi dans la capitale algérienne. Il a eu des entretiens avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika ainsi qu’avec des responsables civils et militaires du pays.

Le patron d’Africom a rappelé la position de son pays à propos de la crise dans le nord du Mali. Le gouvernement américain est pour une solution politique et diplomatique. « La composante militaire fera partie d’un tout et jouera un rôle bien précis dans la résolution de ce conflit », a déclaré le général Carter Ham. Il a relevé que la démarche doit commencer « par le rétablissement d’un pouvoir légitime à Bamako ».

Le commandant d’Africom a exclu toute intervention militaire américaine dans le nord du Mali. Son pays est, cependant, disposé à participer à un partenariat avec les pays de la région dans certains domaines, comme la formation et l’échanges de renseignements.

Il s’est déclaré favorable à l’instauration d’un dialogue entre le gouvernement malien et les différents groupes du nord du Mali, à l’exception des organisations terroristes. Il a précisé que « L’un des aspects clés pour la résolution du problème au Mali est de faire la distinction entre les groupes terroristes et ceux qui ne le sont pas.

Pour lui, le règlement de cette crise ne peut venir que du Mali lui-même et des pays de la région. C’est la position que défend également Alger, pour qui l’option militaire sera contreproductive. L’Algérie a rappelé son approche sur « le rétablissement de la sécurité et de la stabilité au Mali ».

Celle-ci doit être fondée, selon elle, sur la recherche d’une solution politique et sur « une coopération soutenue » dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé entre les pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) et leurs partenaires internationaux.

Dernière mise à jour: 1 octobre, 2012 - 01:23 GMT

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INTERVENTION DE L'ARMÉE AMÉRICAINE AU NORD DU MALI: Le général de l'Africom perplexe
(L'Expression 01/10/2012)

«La seule alternative qui ne pourrait pas exister, c'est la présence militaire américaine dans le nord du Mali» a tranché avec certitude le patron de l'Africom.

Pris au dépourvu ou guidés par l'indomptable instinct des intérêts? Les Américains manifestent une extraordinaire perplexité devant l'effervescence française à intervenir militairement au nord du Mali.

«Le gouvernement américain a clairement exprimé sa position sur la situation au nord du Mali et qui consiste d'abord au rétablissement du pouvoir légitime à Bamako», a déclaré, hier, le général Carter F. Ham, commandant en chef de l'Africom (Commandement des forces armées américaines en Afrique). M.Carter F. Ham qui s'exprimait lors d'un point de presse organisé au siège de l'ambassade des Etas-Unis à Alger, rajoute une couche au flou et soutient que son pays «encourage la discussion pour parvenir à rétablir ce gouvernement légitime mais il, note-t-il, appartient aux pays voisins d'aider le Mali à avoir cette stabilité».

Ainsi, une lecture au premier degré de ces déclarations donne à croire que les Américains laissent une chance à la solution politique. Le général Ham l'affirme... diplomatiquement: «Nous sommes pour une solution politique et diplomatique.» Ensuite, le commandant de l'Africom tranche avec une grande certitude que «la seule alternative qui ne pourrait pas exister, c'est la présence militaire américaine dans le nord du Mali». Relancé par les journalistes sur la position que prendront les Américains en cas d'intervention militaire au nord du Mali, ou encore si les USA vont bloquer une éventuelle résolution du Conseil de sécurité pour une action militaire dans cette région, M.Carter F.Ham s'est contenté de dire: «Je ne sais pas encore. Aucune décision n'a été prise pour le moment.» Le responsable militaire américain n'a ni exclu ni appuyé l'éventualité d'une action militaire. Pour lui, c'est juste une question de priorités qu'il classe d'ailleurs en quatre catégories. La première consiste, selon lui, à rétablir d'abord, un pouvoir légitime. La deuxième s'intéresse aux préoccupations des populations dans la région, la troisième porte sur la manière de juguler la grave crise humanitaire où l'Algérie joue un grand rôle et, enfin, la quatrième priorité focalise la présence des groupes terroristes qui aggravent une situation déjà très compliquée. C'est à ce dernier point que se profile l'acquiescement des Américains pour une intervention militaire et le commandant de l'Africom le reconnaît. Ils estiment, en effet, que le solution militaire n'est pas une finalité mais c'est un détail dans un ensemble de mesures et de démarches à faire. Seulement, à ce niveau aussi, les Américains restent sceptiques. L'Africom a-t-il identifié clairement les organisations terroristes dans la région mais à part Al Qaîda? Le Mnla et Ansar Eddine sont-ils des organisations terroristes? le général s'explique: «Si Ansar Eddine vise à atteindre des objectifs politiques par des moyens pacifiques, il est clair que cette organisation ne sera pas qualifiée de terroriste.» Il ajoute que sa présence à Alger procède justement de cette volonté de comprendre la nature de ces organisations agissant dans la région. «Un des aspects de ma visite en Algérie est d'avoir une meilleure compréhension et de savoir qui sont les groupes terroristes qui agissent dans la région. Il faut savoir que nous n'avons pas la même conception des groupes terroristes, nous essayons de comprendre», explique-t-il. L'Algérie a déjà exprimé sa position quant à ces organisations qui sévissent au nord du Mali. Elle considère que le Mnla et Ansar Eddine sont des mouvements nationalistes qui ont le droit d'exprimer leur opinions dans le cadre de l'unité du territoire malien. En revanche, les deux organisations terroristes identifiées et connues sont Al Qaîda et le Mujao. Enfin, le général américain a profité de son passage à Alger pour féliciter les services de sécurité algériens qui ont sécurisé l'ambassade des Etats-Unis à Alger lors des manifestations à travers le Monde arabe suite à la sortie du film attentatoire à l'Islam. Il reste que la situation est très compliquée dans la région. Elle est d'autant plus compliquée que les acteurs occidentaux qui tirent les véritables ficelles sont mus par une politique obsédée par des calculs économiques et militaires.
Carter Ham reçu par Bouteflika
Le président Bouteflika a reçu, hier, le général Carter Ham, commandant en chef de l'Africom (Commandement des forces armées américaines en Afrique). L'entretien s'est déroulé à la résidence Djenane El Mufti en présence du ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, du ministre délégué chargé des Affaire maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, et du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP). La visite du commandant en chef de l'Africom à Alger s'inscrit dans le cadre des consultations régulières entre les deux pays et se tient à la veille de la session du dialogue stratégique Algérie-Etats-Unis qui aura lieu à Washington le 19 octobre prochain.



Par Brahim TAKHEROUBT

Opération militaire pour reconquérir le nord: La communauté internationale fausse les données
(Le Prétoire(ml) 01/10/2012)

Un pas en avant et deux en arrière. C’est le moins que l’on puisse dire avec le dossier du Mali au plan international où tout le monde est d’accord que ce qui se passe au nord-Mali, non seulement est inacceptable, mais nécessite une action urgente.

Mais curieusement, aucune résolution n’a été prise par les Nations unies, malgré la demande insistante du Premier ministre Cheick Modibo Diarra et le plaidoyer du Président français, François Hollande, qui ont invité la communauté internationale à hâter le pas dans sa prise de décision en faveur du soutien actif au Mali. Au contraire, des voix se sont même élevées pour prendre leur contrepied et faire douter de l’efficacité d’une opération militaire, pendant qu’au sein de la Cédéao et des pays du champ comme l’Algérie, la Mauritanie, le Niger, et autres, l’ardeur se refroidit si l’on ne se retire pas carrément des engagements en faveur du Mali.

L’Assemblée générale des Nations unies tant attendue par les pays africains pour voir évoluer le dossier relatif à l’intervention militaire d’une force internationale pour libérer le nord du Mali, a été un véritable coup d’épée dans l’eau.

En effet, malgré les propos assez fermes du Premier ministre Cheick Modibo Diarra qui a sollicité «l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité pour la mise en place d’une force militaire internationale», la communauté internationale traîne encore les pieds. La demande officielle du Mali qui était présentée comme une condition pour que la communauté internationale se penche sur la question, a été certes entendue, mais rangée dans les tiroirs, pour le moment.

Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a nécessité d’intervenir pour aider le Mali, mais on s’en tient aux déclarations d’intention. Point de résolution pour au moins donner forme à cette intervention. En lieu et place, on jette le doute sur l’efficacité d’une solution militaire, en évoquant des dégâts collatéraux et une éventuelle catastrophe humanitaire, comme s’il n’y en avait pas déjà.

Attendre au moins un an

A vrai dire, la communauté internationale n’a pas encore répondu aux attentes du Mali et continue de s’agiter stérilement, en allant de rencontre en rencontre, sans apporter du concret en mesure de rassurer les populations des localités sous contrôle des groupes armés et pour qui un jour de plus dans cette situation est intolérable.

Pourtant, même si, comme l’a si bien dit le Premier ministre Cheick Modibo Diarra à la tribune des Nations unies, que l’heure n’est plus aux négociations, mais à l’acte, rejoignant en ce sens le Président français François Hollande qui disait qu’il n’y a «pas de temps à perdre», du côté de l’Onu on tente déjà de faire croire que si une intervention militaire devait avoir lieu, elle ne pourrait intervenir que dans six mois, voire un an. En effet, le scénario le plus optimiste prévoit que si la résolution est votée au milieu du mois d’octobre, la force internationale ne pourrait être opérationnelle qu’en fin d’année 2012. Mais il faut surtout retenir l’autre hypothèse soutenue par des experts de l’Onu qui pensent que pour mettre en place la force internationale il faut au moins six mois, sans compter le temps qu’il faudra pour rassembler les fonds nécessaires à l’opération. Ce qui pourrait aller à un an au moins.

Pourtant, le président en exercice de l’Union africaine, Boni Yayi, disait que les textes de l’organisation panafricaine permettaient d’intervenir sans avoir recours à l’Onu. Pourra-t-il user d’une telle procédure vu l’urgence de la question ? Difficile à affirmer si l’on sait que, déjà, une certaine opinion nationale, au Mali, ne veut pas d’une force internationale et a commencé à fustiger Boni Yayi, Blaise Compaoré et Alassane Ouattara qui se sont distingués par leur propension à défendre l’idée de la mobilisation d’une force internationale pour agir au Mali. Il y a aussi le fait qu’en Afrique, on n’a que sa langue pour parler. Mais point de moyens logistiques et financiers. Cette dépendance des mêmes pays qui sont les patrons de l’Onu et de son Conseil de sécurité obligent la Cédéao et l’Union africaine à calmer leurs ardeurs. Et les grandes puissances ont compris que la recherche d’une résolution pour le Mali sous-tend l’acquisition de leurs engagements matériels et financiers, à défaut d’un envoi de forces pour assurer la faisabilité de l’opération militaire. Elles ne veulent pas pour le moment donner leur accord car la crise sévit un peu partout et creuse les trésoreries. En plus, les échecs en Afghanistan, au Pakistan et dans d’autres zones de conflit, poussent les grandes puissances à réfléchir sur l’usage aveugle de la force, d’où leur réticence.

Défections de pays amis

Pendant que les populations du nord du Mali attendent d’être délivrées avec l’appui de la Cédéao qui a promis entre 3100 et 3300 hommes, certains pays-membres commencent à se retirer du projet initial, sous le prétexte de problèmes intérieurs qui sont prioritaires. C’est le cas du Burkina Faso et du Liberia qui ont décidé de ne pas fournir de troupes. Le Bénin, le Burkina et le Sénégal qui sont menacés par la présence des terroristes au nord du Mali ne proposent pourtant qu’une participation symbolique avec une unité réduite de moins de 500 hommes dont la plupart des policiers.

Le Niger, le Nigeria et le Togo devaient composer le gros de la troupe avec, pour chacun, 600 hommes à mobiliser. Mais après concertation avec l’Algérie qui ne veut point d’une guerre contre les islamistes dont les chefs sont des Algériens, le Niger a décidé de ne plus participer à l’opération militaire. Rappelons que la logique de l’Algérie est une vision égocentrique au détriment du Mali. En effet, l’Algérie craint qu’une opération militaire ne pousse les chefs de guerre à se replier vers ce pays et à y répandre des opérations djihadistes comme du temps du Fis et du Gspc dont ils sont des produits. Et il y a des doutes justement sur l’Algérie qui laisse Aqmi s’approvisionner librement chez elle en vivres, carburant et pièces de rechange à Tamanrasset.

Un autre pays du champ qui devait être au cœur de l’opération a décidé de tourner le dos à une opération militaire conjointe pour ne s’occuper que de sa sécurité intérieure. Il s’agit de la Mauritanie qui a quand même rassuré que son territoire ne sera jamais utilisé comme base de repli. Faut-il croire ce pays sur parole si nous savons qu’il sert de base au Mnla ? Là gît une incertitude.

Il apparaît que, pour le moment, le Togo et le Nigeria restent les pays les plus engagés pour constituer une force de la Cédéao. Pour le Nigeria, cela se comprend aisément car il y a bien une jonction entre le Mujao et le Boko Haram qui a donné un coup de main pour la prise de la ville de Gao au nord du Mali. A ces deux pays, il faut ajouter le Tchad, conscient de la menace terroriste en tant que pays de la bande sahélo-saharienne, mais surtout possédant une armée aguerrie en matière de guerre dans le désert, en plus d’un bon équipement militaire. Son appui sera déterminant.

Organiser d’abord des élections, selon les Américains

Mais il faudra surtout espérer la logistique promise par l’Europe, notamment au niveau du matériel aérien pour le transport des troupes, les renseignements. Il reste à confirmer la participation des drones américains pour des opérations de frappes aériennes chirurgicales ciblées, en mesure de porter un coup dur aux islamistes en décapitant les différentes katibas et brigades. Rappelons que pour les Etats-unis, il faut d’abord organiser des élections pour avoir des dirigeants légitimes qui pourraient prendre en charge les négociations. Mais négocier quoi et avec qui restera toujours le point de blocage de la voie pacifique. La guerre est inévitable et il faut s’y préparer, même si la Mission d’intervention de la Cédéao au Mali (Micema) peine à être mobilisée.

En effet, dans cet environnement de défections, d’incertitudes et de manœuvres dilatoires de certains pays de la communauté internationale, le Mali doit chercher, à travers un sursaut d’orgueil national, à prendre son destin en mains. C’est là où il faut donner raison à ceux qui clament que notre pays doit d’abord compter sur ses propres forces et se préparer en conséquences pour aller à la reconquête de la partie du territoire occupée par les bandits armés. C’est aussi cela la voie de salut du capitaine Sanogo et le Cnrdre qui pourront, après la victoire, convaincre du bien-fondé de leur coup d’Etat et avoir ainsi droit à tous les honneurs et aux grades.

Birama FALL

SOURCE: Le Prétoire

CRISE MALIENNE: Et si l’on s’inspirait de la Somalie ?
(Le Pays 01/10/2012)

Le Mali et la Somalie sont deux pays aux histoires convergentes sur au moins un point : des portions de leurs territoires connaissent une occupation illégale islamiste. Avec cependant des différences non négligeables. Au moment où l’une enregistre des avancées encourageantes dans sa tentative d’expulsion des jihadistes, l’autre est en passe de devenir une zone favorable à l’expansion de leur hégémonie.

Les forces somaliennes ont, en effet, réussi à déloger les Shebabs de leur important dernier bastion du port stratégique de Kismayo. Cette reprise en main constitue une victoire de taille pour l’armée somalienne appuyée par la mission onusienne. Même si, pour l’instant, les islamistes shebabs essaient de faire passer leur repli pour un acte tactique.

Leur présence résiduelle encore avérée dans la zone, les meurtres perpétrés après leur défaite et le contrôle par eux d’autres localités somaliennes, invitent tout de même à un minimum de prudence. La nouvelle de la libération de Kismayo a, du reste, été accueillie avec précaution par le porte-parole des combattants réguliers.

Il n’empêche qu’elle vient changer la donne en ce sens que la nouvelle situation permet à ces derniers de renforcer leurs positions et administre un sérieux coup psychologique à leur ennemi. Elle constitue ainsi un bond en avant dans la lutte contre l’intolérance religieuse, l’occupation illégale de territoire et leur corollaire qu’est l’absence de démocratie en Somalie.

Ce sont ces trois maux qui plombent le développement de tout pays qui en est victime, qui minent le Mali depuis l’invasion de sa partie nord par des groupes islamistes aux pratiques rétrogrades et inhumaines. Les résultats positifs que sont en train d’engranger les Somaliens dans leur croisade contre les fous de Dieu sont le fruit d’une option et d’un engagement constants et réalistes.

C’est l’effort conjugué des citoyens somaliens d’abord, des pays voisins et de la communauté internationale ensuite qui est visiblement en train d’être récompensé. Et la mayonnaise semble tellement prendre dans le cas somalien que l’on ne peut s’empêcher de penser à la possibilité de s’en inspirer pour mieux réussir la tentative de résolution de la crise malienne. Pour ce faire, les acteurs de la résolution du conflit malien doivent commencer par se mettre sur la même longueur d’onde en arrimant leurs stratégies à leur but commun. Contrairement aux Somaliens qui parlent le même langage, l’incompréhensible divergence de vues qui règne au pays de Soundiata Keïta n’est pas faite pour arranger les choses. D’un côté, il y a le Premier ministre Modibo Diarra qui, conscient que « le temps pour les négociations est passé », est revenu à de meilleurs sentiments en se faisant le chef de file des partisans de la méthode forte. De l’autre, les pro-putschistes qui rament toujours à contre-courant de la réalité du terrain et des exigences du moment en s’opposant catégoriquement à l’envoi de troupes étrangères au Mali. L’on peut ranger au milieu de ces deux tendances diamétralement opposées, celles dites modérées et dont les chantres pourraient être le capitaine Sanogo et le président Dioncounda Traoré. Le premier s’est dit favorable à un appui apporté par des soldats étrangers dans une opération dénommée « Reconquête du Nord » et dont les forces maliennes resteront le pivot. Seul le président de la transition continue de souffler le chaud et le froid. Bien que les préparatifs pour l’assaut soient à un stade avancé, ce dernier croit encore naïvement à une possible issue favorable par le dialogue. Cette cacophonie qui prévaut au Mali est d’autant plus étonnante et anachronique que c’est le gouvernement malien lui-même qui a introduit une requête aux Nations unies pour demander la prise d’une résolution sur le déploiement d’une force internationale sur son territoire. Tout se passe comme si les Maliens ne savent pas exactement ce qu’ils veulent ou plutôt veulent à la fois une chose et son contraire. Certes, la contradiction en elle-même n’est pas mauvaise dans la mesure où elle peut permettre de prendre en compte les différentes suggestions pour mieux réussir l’opération militaire dont la nécessité coule de source. Il est cependant évident qu’il faut savoir se rendre à l’évidence en temps opportun pour ne pas constituer un frein à la mise en œuvre des décisions utiles à l’épanouissement de la totalité de la nation malienne. Les Somaliens ont su taire leurs nuances de vues, peut-être parce que même Mogadiscio la capitale fut sous contrôle islamiste, obligeant l’exécutif à squatter d’autres pays pour tenir ses rencontres. Les Maliens doivent en prendre de la graine pour éviter à leur pays pareille situation. Ils doivent se rappeler que la charia est appliquée non loin de Bamako et ses promoteurs n’ont jamais fait mystère de leur ambition de l’étendre à l’ensemble du territoire malien. Que les vrais patriotes bamakois sachent lire à temps les signes représentés par la poursuite allègre des mutilations humaines et des destructions de mausolées pour comprendre qu’il est grand temps pour eux de taire leurs querelles inutiles avant que la kalachnikov des illuminés ne les fasse taire pour de bon. Le vrai débat qui vaille se mène actuellement sur la scène internationale et vise à réunir les moyens et les conditions nécessaires à l’assaut salvateur. Tout Malien qui aime vraiment son pays doit y contribuer car, c’est la voie royale pour faire en sorte qu’au-delà de la consonance, Mali rime vraiment avec Somalie en termes d’espoir d’arriver un jour à se défaire du joug islamiste.

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Edito: Bienvenue aux troupes étrangères
(22 Septembre 01/10/2012)

Les jours des bandits armés et autres islamistes de tous acabits qui pullulent au Nord du Mali sont désormais comptés, avec la réunion prochaine du Conseil de sécurité de l’ONU.

Celui-ci est composé de 15 membres. Cinq d’entre eux (la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni) sont les membres permanents. Les 10 autres sont élus par l’Assemblée générale de l’ONU pour deux ans. Les États Membres continuent d’examiner la possibilité de modifier la composition et les méthodes de travail du Conseil pour tenir compte des réalités politiques et économiques actuelles.

Les décisions du Conseil sont prises par un vote affirmatif de neuf membres, et, sauf pour les questions de procédure, aucune décision ne peut être prise si un membre permanent émet un vote négatif ou veto. Lorsque le Conseil est saisi d’une question qui met la paix internationale en danger, il commence par rechercher les moyens de régler le différend de manière pacifique. Il peut entreprendre une médiation ou énoncer les principes d’un règlement. En cas de combats, le Conseil s’efforce d’obtenir un cessez-le-feu. Il peut envoyer une mission de maintien de la paix pour aider les parties à observer la trêve et séparer les forces en présence.

Concernant le cas du Mali, le Conseil de sécurité doit agir dans le cadre du Chapitre VII, intitulé: «Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression». Les articles 44 et suivants permettent l’utilisation de la force et des moyens militaires et humains nécessaires à mobiliser pour la réussite de l’opération.

Le gouvernement du Mali, par la voix du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, en a fait la demande. Il a, en effet, clairement déclaré, au cours de l’Assemblée générale de l’ONU, tenue la semaine dernière, à New York, que les «Maliens, du Nord comme du Sud, attendent légitimement la solidarité agissante de la communauté internationale».

C’est ce moment que d’autres Maliens, notamment ceux regroupés au sein de la COPAM du Pr. Younouss Hamèye Dicko et du Dr. Oumar Mariko ont choisi pour battre le pavé, en demandant aux forces armées et de sécurité maliennes de ne pas accepter l’arrivée des troupes étrangères au Mali, notamment celles de la CEDEAO. Ils soutiennent mordicus qu’il revient à l’armée malienne de libérer le pays.

Quel Malien ne souhaiterait pas que notre armée fasse ce travail libérateur ? Mais la réalité est qu’au stade actuel notre armée est démoralisée, désarmée, désarçonnée. A elle seule, elle ne pourra jamais libérer le Nord du Mali. Elle y était, avec armes et bagages, et a tout abandonné, sans tirer un seul coup de feu.

Ne nous trompons donc pas. Ne jouons pas au nationalisme béat, au patriotisme creux. Notre armée n’a pas les moyens adéquats pour se battre. Elle ne doit donc pas se laisser distraire. Elle doit réclamer au pouvoir politique sa reconstruction, sa refondation, son réarmement moral et un équipement adapté à la situation sécuritaire du Nord du Mali pour les années à venir, afin de stabiliser la zone quand elle aura été libérer par les forces communautaires.

La COPAM, qui ne souhaite pas leur arrivée chez-nous, ne représente qu’une infime partie du peuple malien. La grande majorité, c’est-à-dire les forces vives de la nation, l’Assemblée nationale, les élus communaux, le gouvernement et plusieurs organisations politiques, dont le FDR, sont d’accord pour accueillir nos frères de la Cedeao, qui sont prêts à nous aider, à mourir pour nous, afin de nous libérer.

C’est pourquoi, et nous le disons haut et fort, vivement une résolution du Conseil de sécurité autorisant l’emploi de la force au Nord du Mali. Et bienvenue aux troupes africaines étrangères sur le territoire d’Afrique du Mali, qui est aussi le leur.

Chahana Takiou

SOURCE: 22 Septembre

 

Pourquoi le Mali est tombé bas ? Comment le pays se relèvera: La leçon de sanogo et l’antidote du nouveau Mali
(Maliweb 01/10/2012)

Le Mali, pays de démocratie exemplaire, cité dans le monde entier comme une référence en Afrique où des élections se tiennent régulièrement a donc son côté sombre, presque invisible pour certains, jusqu’à ce que les événements récents, ponctués par un coup d’état militaire viennent nous le rappeler de plein fouet !

Le Mali, victime de contre pouvoir

Dans toute démocratie, il ya un pouvoir et un contre pouvoir, mais celui issu de la constitution du 25 Mars 1992 ne nous a pas préservé de ce coup bas, toujours fumant à l’heure actuelle. C’est un signal qui montre qu’il nous faut une constitution tenant compte des principes d’équilibre entre les différentes lignes du pouvoir, à savoir l’exécutif, le législatif et le judiciaire .

Ce principe d’équilibre, sainement appliqué a le don de rappeler à l’ordre le plus strict, le ou les tenants d’un de ses pouvoir, en s’illustrant de manière plus radicale juridiquement. L’un des fondements de ce dispositif constitutionnel servant de contre feux entre les institutions suprêmes de la république est, ce que les constitutionalistes avisés appellent la procédure « d’impeachment ». Cette procédure qui est rarement appliquée dans les pays ou elle a ses fondements, est une pratique qui permet au pouvoir législatif de destituer le Président de la République de ses fonctions en cas de faute grave ou de haute trahison. L’avantage de cette disposition est d’empêcher les coups d’état qui sont moralement dégradants pour l’image d’un pays. Dans le cas du Mali, on sait tous que le Chef d’Etat fait figure de chef suprême des armées et garant de l’intégrité territoriale du pays, et a aussi le pouvoir de dissoudre l’Assemblée Nationale, donc le pouvoir législatif. Et si ce chef suprême en la personne du président ATT commet une faute grave, mettant en péril l’intégrité du territoire national, comme le fait d’ouvrir nos frontières à des troupes étrangères, équipées d’armes sophistiquées que même notre armées nationale ne possède dans ses arsenaux, cela ne constitue-t- il pas un motif de destitution ? Et quelle institution a le pouvoir de jouer ce rôle dans ce pays ?

La leçon de Sanogo

Alors, la vaillante armée nationale de notre pays a pris ses responsabilités en profitant de ce vide constitutionnel. En la matière, le Capitaine Sanogo et ses hommes rappellent aux maliens que tout pays qui se veut démocratiquement avancé ne doit permettre une concentration exclusive du pouvoir entre les mains d’une seule personne, fut-il élu démocratiquement, car le vrai pouvoir appartient au peuple souverain. Des garde-fous constitutionnels doivent nous protéger des bévues d’un seul individu ! La prestance avec laquelle nos politiciens locaux veulent coûte que coûte voir se dérouler les élections dans les délais prescrits dépasse à notre avis une réelle volonté de triomphe démocratique, elle cache en réalité un égoïsme surdimensionné, une atteinte d’ambition personnelle, une avidité incommensurable et un patriotisme dévoyé. Sinon, toute bonne conscience n’ignore pas que les préalables pour une élection apaisée et démocratiquement réussie dépendent de la stabilité et de la paix qui doivent forcement régner sur l’étendue du territoire national. Ce qui n’est pas le cas actuellement chez nous où nous subissons depuis le mois de Janvier une agression étrangère qui montre sa férocité de jour en jour. Si nos hommes politiques sont un peu tant soucieux du sort du pays, pourquoi ne prennent-ils pas des armes pour monter au front et libérer le pays de ses occupants. Les réactions de condamnations de la communauté internationales sont compréhensibles, parce que l’acte posé par les soldats mutins est une entorse aux principes républicains et aux notions régaliennes de démocratie, mais on ne peut faire d’omelettes sans casser les œufs. Le Mali est agressé par une cohorte étrangère. L’ONU a un devoir moral de l’assister dans ce conflit en y envoyant des troupes afin de réduire à néant la gangrène ou le repousser à tout jamais. Et quand les conditions de sécurité et de stabilité propice à l’organisation d’élection libre et transparente seront réunies, elles auront évidemment lieu et cette mission sera accomplie par notre vaillante armée, qui pourra se retirer sans peine dans ses casernes.

L’antidote du Mali nouveau

Enfin au Capitaine Sanogo, l’homme fort du pays et à tous ceux qui sont attachés à la paix et au développement harmonieux de notre pays et qui sont sincèrement confiants à l’avenir de notre Mali, nous leurs suggérons de lancer la réflexion sur un nouvel état fédéral en prévision de l’adoption d’une constitution ou du moins d’un profond remaniement de l’actuelle. Car le fédéralisme a la particularité de permettre à toutes les régions de s’autogérer avec un gouvernement élu, ce qui exclut toute velléité séparatiste, puisque donnant plus d’autonomie dans leur fonctionnement, d’associer la participation directe des populations dans les processus de prise de décision et d’alléger les charges du Chef de l’Etat dans les affaires courantes du pays dont les plus en vue seront de veiller à l’unité et l’intégrité du territoire du pays, d’inclure chez les citoyens les notions des valeurs républicaines, de jouer le libre arbitre entre les vecteurs composants la nation Malienne, de peser de toute son influence à l’épanouissement économique et au développement des régions en particulier et du Mali en général, et enfin de piloter la politique étrangère de notre pays avec tact et diplomatie, mettant l’intérêt du Mali au dessus de tout dans les instances internationales. Ces mesures citées plus hauts sont en quelques sortes l’antidote qui va préserver notre pays des tourments qui ont jalonné sa longue histoire, aujourd’hui faite d’incertitude. A ce titre, nous éviterons de nous trompés sur le règlement de cette crise au risque de nous retrouver à l’eternel recommencement, toujours à la case départ.

Habib Barro

SOURCE: Le Ségovien


Crise au nord Mali: Le président du HCI bientôt chez Iyad Ag Ghaly
(L'indicateur Renouveau (ml) 01/10/2012)

Après avoir élaboré un document sur les conditions d’application de la charia, le Haut conseil islamique (HCI) va bientôt saisir les plus hautes autorités afin d’obtenir l’autorisation pour aller au nord asseoir un cadre de discussion avec le chef d’Ançar Eddine, Iyad Ag Ghaly, et ses hommes.

Le Haut conseil islamique à travers le bureau des ulémas a engagé une réflexion sur plusieurs mois sur les conditions d’application de la charia. A l’issue de leurs travaux un document a été produit et validé par un atelier qui regroupé plusieurs érudits du HCI.

Selon le président du HCI, El hadj Mahmoud Dicko, que nous avons rencontré, ce document contient des arguments soutenus par le Coran et les hadiths sur l’application de la charia.

« Nous ne pouvons pas comprendre que des gens se mettent à amputer les mains et les pieds des populations du Nord au nom de l’islam. Et c’est pourquoi nous avons élaboré ce document pour aller les rencontrer afin de leur expliquer les conditions d’application de la charia avec des éléments de preuve. Si c’est une question de religion on peut la régler sans les armes, car nous avons gagné le combat contre le nouveau code des personnes et des biens sous l’ère ATT sans prendre les armes. Si Iyad et ses hommes acceptent nos propositions en déposant les armes tant mieux mais dans le cas contraire nous nous rallions derrière nos autorités parce que le Mali est un et indivisible », a expliqué le président Dicko.

Il a aussi indiqué que le document sera d’abord soumis à l’appréciation du gouvernement et par la suite le HCI sollicitera l’autorisation du gouvernement d’aller rencontrer le chef d’Ançar Eddine, Iyad Ag Ghaly, et ses hommes afin d’asseoir un véritable cadre de négociation.

Pour le président du HCI, un autre échec de l’armée malienne contre les occupants ne sera pas toléré par les populations d’où la diligence dans la gestion de cette crise. Il a prié pour le retour de la paix au Mali.

Ben Dao

SOURCE: L'Indicateur du Renouveau

Le coup d’Etat qui a tout foutu en l’air
(Liberté Togo 01/10/2012)

Il y a des coups d’Etat salvateurs et des coups d’Etat néfastes. Celui du 22 mars 2012 au Mali constitue, à n’en pas douter, un événement à classer dans la deuxième catégorie eu égard à ses nombreuses conséquences néfastes. La crise policière qui s’est invitée le mercredi passé dans les débats et qui a encore secoué Bamako est l’une des conséquences de l’intrusion malheureuse des militaires dans la vie politique malienne à quelques semaines de la présidentielle qui devait consacrer la consolidation de la démocratie et la succession de Toumani Touré par un président sorti démocratiquement des urnes.

Le chemin a été long, très long, qui a conduit l’Onu à se saisir enfin la semaine dernière, du dossier malien dans le cadre de la 67ème Assemblée générale des Nations unies, après toute une série de rebondissements assez malheureux dans la crise malienne. En débit de la grande lenteur et des multiples divergences, les autorités du Mali ont fini par s’entendre et saisir la CEDEAO de la requête autorisant le déploiement des troupes de l’organisation sous régionale.

Aujourd’hui, on peut se poser à juste titre la question de savoir si le coup d’Etat survenu dans la nuit du 21 au 22 mars 2012 et qui a contraint ATT à signer sa démission sans avoir eu l’opportunité de passer librement la main à un successeur sorti des urnes valait la peine, vu qu’il a fait plus de torts que de bien à ce pays dont la démocratie était dans un processus de consolidation. Depuis la mi-janvier 2012, le Mouvement national de libération de l’Azaouad (MNLA) a déclenché une nouvelle insurrection qui a abouti à la prise de quelques villes et villages comme la ville stratégique de Tinzawaténé, Ménaka, Aguelhok, Léré, etc.

Au lendemain de la destitution du président ATT, ce coup d’Etat précipite la désorganisation de l’armée malienne avec la fuite ou l’assassinat de plusieurs militaires maliens des zones occupées. Successivement Kidal, Tombouctou et Gao, trois villes importantes de l’Azaouad, tomberont aux mains de la rébellion. Le MNLA proclamera le 6 avril l’indépendance de la région demeurée d’actualité jusqu’en ce mois de septembre où la CEDEAO et l’UA transmettront à l’ONU la demande du Mali en vue d’un soutien logistique, financier et en renseignement pour l’aider à se libérer des ses envahisseurs.

Entre-temps, le MNLA enregistrera l’arrivée en soutien de quelques autres groupes organisés que sont Ansar Dine avec qui il signera le 26 mai un accord de fusion. Bien vite, cet accord sera dévoyé par le fait que le groupe Ansar Dine tient à la pratique de la charia, contrairement au MNLA qui tient à la laïcité. Il y aura l’arrivée de Mujao et des membres d’Aqmi. Tous ces éléments vont occuper les 2/3 du territoire et ce sera le début d’un long calvaire pour les populations du Nord-Mali.

Ce calvaire sera caractérisé par des exodes massifs de populations vers les pays voisins comme le Niger, la Mauritanie, l’Algérie et d’autres vers le Sud, notamment Bamako et sans grands moyens de survie. Egalement par des souffrances morales, psychologiques, physiques, financières et matérielles. Les centres de santé manqueront de médicaments et de tout, faute de ravitaillement. Combien de Maliens ont pu perdre leur vie dans cette situation en voulant donner la vie ou par maladie ? Dieu seul sait.

A cela, il faut ajouter l’application de la loi islamique qu’est la charia avec des amputations de mains et/ou de pieds pour accusation de vol, sans oublier des cas de simple présomption. Le nord-Mali avec l’imposition de l’islam pur et dur mettra très mal à l’aise les populations restées sur place faute de mieux et n’ayant pas d’autres choix que de subir. Parmi les désagréments il y a le refus de jouer de la musique moderne, l’exigence de port de voile intégral pour les femmes, .. Bref, il s’agit d’un recul de plusieurs années par rapport au progrès de l’humanité.

Il faut ajouter à tout cela, ce qui paraît de loin le plus scandaleux : la destruction des sites historiques datant de plusieurs siècles dans la ville dite des 333 saints (Tombouctou) et à Gao et qui, même reconstruits à l’identique perdront leur symbole et toute leur originalité. Ces sites sont classés par l’UNESCO dans le patrimoine universel.

Suite à la lourde chape de plomb qui pèse sur le pays plusieurs semaines après le coup d’Etat militaire mené par le Capitaine Haya Amadou Sanogo, une tentative de renversement de la situation a eu lieu le 30 avril 2012 et qui fut réprimée par les hommes de la junte avec des cas d’exécutions sommaires et de disparitions de plusieurs hommes de la garde présidentielle (les bérets rouges). Suivra l’agression contre le professeur Dioncounda Traoré dans son bureau le 21 mai 2012. Ce qui le conduira pour un séjour de plusieurs semaines en France. Ce long séjour en France aura davantage contribué à retarder la recherche d’une solution durable à la crise dans le nord du Mali.

Alors que la communauté internationale était à l’œuvre pour la mise sur pied de la mission de la Cédéao au Mali (Micéma) et qu’au Mali, les dirigeants planchaient sur le cas malien, voilà que le mercredi dernier, une crise qui est une conséquence elle aussi du dernier coup d’Etat perpétré au Mali par le Capitaine Sanogo, éclate entre policiers. Cette crise est liée à de récentes nominations au sein de la police nationale, nominations qui ont fait beaucoup de mécontents. Et c’est pour manifester leur mécontentement que certains se sont servis de leurs armes.

Ces nominations intervenues lors de l’anniversaire de l’indépendance le 22 septembre avaient pour but de récompenser les éléments du syndicat de la police qui ont participé au coup d’Etat de mars. Des sergents-chefs sont devenus des commissaires de police, des sergents stagiaires et même des chauffeurs sont montés au grade d’inspecteur. Pourtant, le statut de la police exige que pour devenir commissaire de police, il faut être titulaire d’une maîtrise. Ceci, juste pour montrer comment l’approximation et l’esprit de facilité empêchent le progrès dans nos différents pays africains.

Par ce petit tour d’horizon, nous avons tenu à profiter de la réunion qui vient d’avoir lieu à New-York sur le Mali alors que les populations commençaient par perdre tout espoir, pour relever les graves implications d’un coup d’Etat qui s’est avéré totalement inutile dans un pays profondément engagé dans un processus démocratique salué par tous. Il n’y a pas de démocratie à 100% parfaite. Faute d’accepter ce qui avait cours au Mali, voilà où l’improvisation des gens qui croient qu’il suffit d’avoir des armes pour tout régler, a conduit le Mali d’Alpha Omar Konaré et d’Ahmadou Toumani Touré.

Alain SIMOUBA

Les USA tiennent à la présidentielle avant la libération du nord: Les raisons d’un choix
(L'indicateur Renouveau (ml) 01/10/2012)

Alors que les autorités maliennes attendent des forces internationales pour aider l’armée nationale à bouter hors de nos frontières les islamistes d’Ançar Eddine installés au Nord du pays depuis six mois, les Etats unis d’Amérique soutiennent la tenue d’élection présidentielle. Le vendredi 28 septembre 2012, la proposition a fait l’objet d’un échange entre la presse et des responsables de l’ambassade américaine à Bamako.

A l’opposé de la France et beaucoup de pays africains, les Etats unis d’Amérique proposent, comme solution de sortie de crise, la tenue de l’élection présidentielle avant une intervention militaire aux fins de libérer le Nord du Mali.

Le vendredi 28 septembre, Leanne Cannon, Attaché culturelle de l’ambassade et certains de ses collaborateurs, ont rencontré la presse pour soutenir la position officielle de leur pays sur la question du Nord Mali. Cette question a été débattue au conseil de sécurité de l’ONU la semaine dernière.

Pour les Etats unis, la tenue de l’élection présidentielle doit précéder toute intervention militaire au Nord du Mali. Et pour cause.

A en croire Leanne Cannon, le vieux Continent exige l’élection d’un président démocratiquement élu au Mali et qui sera le seul interlocuteur, le seul responsable. Ils estiment que le pouvoir au Mali est détenu par plusieurs responsables. Lesquels ont souvent du mal à accorder leurs violons pour défendre une cause commune au moment opportun. Une manière pour eux de fustiger la présence de l’ex junte dans l’arène politique du pays.

Pour les Etats unis, on ne doit pas attendre la libération du nord dont la durée n’est pas déterminée pour entamer l’organisation des élections. En clair le pays de Barack Obama veut éviter une transition marathon qui risque de conduire le pays au chaos comme cela a été constaté dans d’autres pays voisins. Pour éviter cela, ils tiennent à un déclenchement prochain du processus électoral indépendant de celui de la libération du Nord. Ils tiennent que le premier ne soit aucunement lié au second.

Parlant de leur partenariat avec le Mali, Leanne Cannon et ses collaborateurs affirment que la suspension de la coopération américaine avec un pays est automatique chaque fois qu’un coup d’Etat y est perpétré. Le Mali ne fait pas exception à cette règle.

Le Millenium challenge et d’autres formes de coopérations américaines ont été rompus suite au coup d’Etat du 22 mars. Cependant affirme, Moussa Doumbia, chargé de Communication et de Relations publiques de l’USAID au Mali, les Etats unis restent présents au Mali dans le cadre de l’assistance humanitaire. A l’en croire, plus de 92 millions de dollars sont investis dans ce domaine depuis les évènements de mars. Les déplacés du Nord et d’autres habitants de la région de Kayes ont apprécié à juste valeur ces gestes humanitaires de la part des Etats unis à travers l’USAID.

Les Etats unis sont prêts à soutenir le Mali pour la tenue très prochaine de l’élection de son nouveau président de la République. Ils espèrent l’appui de nombreux autres pays pour cette élection.

D’ores et déjà ils disent être optimistes quant à la participation des personnes déplacées à cette consultation électorale.

Markatié Daou

ONU - Sahel : le Ghanéen Mohamed Ibn Chambas pressenti au poste d'envoyé spécial de Ban Ki-moon


 

L'ancien ministre des Affaires étrangères du Ghana, Mohamed Ibn Chambas, semble tenir la corde pour le rôle d'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour la région du Sahel et la crise au Mali.

Le Ghanéen Mohamed Ibn Chambas sera-t-il l’envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel ? L’actuel secrétaire général du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) compte, en tout cas, des partisans au sein des autorités maliennes et ivoiriennes. Problème : il est aussi pressenti pour remplacer le patron de la Mission conjointe de maintien de la paix des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (Minuad), le Pr Ibrahim Gambari, qui part à la retraite.

Depuis l’annonce de la confirmation de la nomination d’un envoyé spécial pour le Sahel par Ban Ki-moon, le 26 septembre à New York, les supputations sur l’identité de cette personnalité vont bon train. Certains ont d’abord avancé le nom de Jean Ping, le président de la Commission de l’Union africaine, qui achève son mandat le 15 octobre et à qui le secrétaire général des Nations unies aimerait bien donner une mission.

D’autres ont pensé à l’Algérien Saïd Djinnit, le représentant spécial de Ban Ki-moon pour l'Afrique de l'Ouest, dont les attributions et le bureau à Dakar pourrait être renforcées. Mais le Niger et le Burkina Faso n’y sont pas favorables. On pense aussi à un ancien chef d’État au profil de médiateur, comme le Mozambicain Joaquim Chissano, ou à un dirigeant politique ayant eu une carrière militaire.

Divergences

« Ce ne sera pas facile d’obtenir un consensus du Mali et de ses voisins qui ont des divergences de vue sur le processus de sortie de crise », explique un diplomate ouest-africain. « Quoiqu’il en soit, l’envoyé spécial devra être un excellent négociateur et un fin connaisseur des populations arabes et touaregs de la région. Cela peut-être une personnalité nord-africaine ou ouest-africaine mais en aucun un européen ou un asiatique ».

Avocat de formation, Ibn Chambas a l’avantage de posséder ce profil de médiateur. Ancien ministre des Affaires étrangères de son pays, il a aussi présidé la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et assuré des médiations dans les crises au Liberia et en Côte d’Ivoire. Il n’est pas « suspect » aux yeux des voisins du Mali. Son pays, le Ghana, n’a pas d’intérêt particulier au Sahel. Et en tant que musulman, il est aussi un bon connaisseur de l’Islam. Ce qui ne sera pas le moindre des atouts lorsqu’il faudra aller discuter avec les groupes islamistes.



Terrorisme - Mali : Abdelmalek Droukdel, l'émir caché


 Abdelmalek Droukdel est Algérien et est âgé de 42 ans. Il est le fondateur d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).  

Le chimiste est devenu terroriste. Natif de Meftah (région de Blida), en 1970, Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud (son nom de guerre), grandit dans une famille modeste et fortement marquée par la religion. Les premières opérations des groupes islamistes, à la fin des années 1980, fascinent le jeune homme, qui fréquente assidûment la mosquée. Baccalauréat en poche, il noue d'abord des contacts avec des combattants du Front islamique du salut (FIS). C'est l'un d'eux qui lui recommande d'entamer des études de chimie. Il s'exécute et obtient sa licence en 1994. Un an plus tôt, il avait rejoint les rangs de la lutte armée, au sein du Groupe islamique armé (GIA). Sa formation universitaire fait de lui un artificier. Il expérimente, gravit les échelons et se fait remarquer, notamment par Hassan Hattab, qu'il suivra lorsque ce dernier créera le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), en 1998.

Ben laden

Droukdel est un ambitieux. Il propose rapidement à son émir de se rapprocher d'Al-Qaïda. Le refus est catégorique. L'organisation a son identité nationale propre, et il n'est pas question de la transformer en succursale des activités de Ben Laden ! Il n'en reste pas moins que cette divergence de vue fragilise le leadership au sein d'une organisation traversée par des luttes intestines entre, notamment, deux lieutenants. Abderrazak el-Para, ancien parachutiste et chef redouté de la zone 5 (l'est de l'Algérie), convoite la direction du mouvement. Mokhtar Belmokhtar, le contrebandier, soutient le chef.

La bagarre est fratricide, et les manoeuvres du « para » contribuent, dans un premier temps, à provoquer la chute de Hattab, en août 2003, remplacé par Nabil Sahraoui. Deuxième temps, Abderrazak el-Para est capturé au Tchad, en mars 2004. Troisième temps : Sahraoui est éliminé par les forces de sécurité algérienne, en juin 2004. La route est dégagée. Droukdel s'autoproclame « émir national » et peut alors mettre en musique sa stratégie de rapprochement avec le commanditaire des attentats du World Trade Center.

Retranché en Kabylie, il exerce un contrôle évanescent sur ses hommes.

Le 11 septembre 2006, Ayman al-Zawahiri, bras droit de Ben Laden et idéologue d'Al-Qaïda, annonce l'allégeance de l'organisation algérienne, confirmée le 13 septembre par un communiqué de son chef : « Nous prêtons allégeance à cheikh Oussama Ben Laden. [...] Nous poursuivrons notre jihad en Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu'il frappe par notre entremise qui il voudra et partout où il le voudra. »

La feuille de route se veut ambitieuse : fédérer l'ensemble des mouvements jihadistes dans la région (Tunisie, Maroc et Libye), soutenir les opérations militaires contre la coalition en Irak, voire en Afghanistan, transformer le sud de l'Algérie et le nord du Sahara en une zone de repli depuis laquelle les jihadistes frapperont les « apostats » en Europe et aux États-Unis. Droukdel déploie également une stratégie de marketing. L'ultraviolence du GIA et les coups de boutoir de l'armée algérienne ont fini par fragiliser le GSPC. Le label « Al-Qaïda » semble alors plus porteur. Et c'est le 24 janvier 2007 que naît Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Son fondateur s'en explique : « Le groupe devait changer de nom pour montrer la véracité de la liaison [avec la maison mère, NDLR] ». Et ordonne une campagne d'attentats-suicides sur le modèle de ceux perpétrés en Irak.

Mais cette stratégie militaire ne fait pas l'unanimité. Beaucoup de militants désavouent cette terreur menée en Algérie. La fronde se développe. À partir de 2008, Droukdel supervise un déplacement du centre de gravité de l'organisation vers le Sahel. Les principaux « faits d'armes » : les entraves au bon déroulement du Paris-Dakar, l'assassinat de l'otage britannique Edwin Dyer, quelques embuscades contre les forces armées mauritaniennes, maliennes et algériennes, puis, bien sûr, les nombreuses et lucratives prises d'otages. Mais nous sommes encore très loin d'un jihadisme sahélien, tant Aqmi reste contrôlée par les chefs algériens.

Aussi le Printemps arabe survient-il à point nommé. Droukdel comprend très vite l'intérêt de ce désordre régional pour gagner des positions, promouvoir la cause et donner du crédit à la rhétorique salafiste. Il ordonne l'infiltration de groupes en Tunisie, qui interviendront quelques semaines plus tard en Libye. Dans le même temps, il s'efforce d'asseoir son autorité au Sahel. En novembre 2011, il remplace son émissaire permanent, Yahia Djouadi (chef de la zone 9, Sud-Algérie et Sahel), par Nabil Makhloufi (mort dans un accident de voiture le 8 septembre), jugé plus efficace pour contrôler Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, les principaux chefs des katibas au Mali. Mais ces deux-là ont la maîtrise du terrain et la connaissance des hommes. Ce ne sont pas des poissons dans l'eau, mais bien des scorpions dans le désert.

Chaos

La rébellion touarègue, lancée en janvier dernier par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), puis le coup d'État contre Amadou Toumani Touré, le 21 mars, constituent alors une deuxième occasion : profiter du chaos à Bamako pour avancer ses pions dans ce Sahel propice à tous les trafics et transformer les dunes maliennes en base arrière du jihadisme international. Pour cela, il faut gagner le coeur et l'esprit des habitants. En mai 2012, depuis les montagnes de Kabylie où il tente d'échapper aux forces de sécurité algériennes, le terroriste déclare : « Ne provoquez pas la population et n'appliquez pas la charia tout de suite. » Ce discours est inégalement suivi. La progression irrésistible des « dissidents » du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), la montée en puissance du « fondamentaliste maison » Iyad Ag Ghali (Ansar Eddine), l'autonomie d'Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar, les premières applications de la charia... confirment ce que les spécialistes supposaient. Abdelmalek Droukdel exerce un contrôle évanescent sur ses hommes.

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Laurent Touchard avec Baba Ahmed (à Bamako), Cherif Ouazani


Devant l’incapacité de l’exécutif malien à s’entendre, l’Algérie, craignant une intervention militaire à ses portes, a décidé de s’en mêler.


Par JEAN-LOUIS LE TOUZET

Alors que «les lapidations, amputations et flagellations sont devenues courantes afin de forcer les populations [du Nord-Mali, ndlr] à adopter leur vision du monde», selon le rapport publié jeudi par l’ONG Human Rights Watch, le fragile attelage au sommet de l’exécutif malien de transition risque fort d’être mis à mal par les propos récents du Premier ministre, Cheikh Modibo Diarra.

Ce dernier vient de déclarer au Monde qu’il souhaitait «une intervention militaire internationale» dès que l’ONU aura donné son feu vert, rejetant catégoriquement «la perspective de négociation avec les islamistes armés» occupant le nord du Mali, et ce quelques jours seulement après «l’appel au dialogue» lancé par le président Dioncounda Traoré aux groupes armés. «Avec qui négocier ? Cela fait plus de huit mois que dure la crise. Je n’ai pas vu apparaître de solution non militaire et les négociations feraient perdre un temps précieux», a-t-il déclaré.

«Opaque». Le Premier ministre désigne le médiateur de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Le rapport de l’International Crisis Group consacré à la crise malienne, publié le 24 septembre, met en doute la médiation burkinabée au sein de la Cédéao, la qualifiant d’«opaque». Ce rapport souligne par ailleurs que la Cédéao a cru «pouvoir exercer une influence prépondérante sur les institutions de transition, mais le Premier ministre, Modibo Diarra, a cherché à consolider sa position plutôt que d’apparaître comme manipulé par le Burkina Faso, soumis aux diktats de la Cédéao».

Blaise Compaoré, de son côté, blâmait les atermoiements de l’exécutif malien et attendait toujours «la mise en place d’un organe de négociation gouvernemental pour que les parties puissent valablement se retrouver», confiait-il mi-septembre à Radio France internationale, lors de sa visite à l’Elysée. D’évidence, le Premier ministre ne veut pas - plus - négocier. Mais cela signifie-t-il que tous les ponts sont coupés avec les islamistes armés du Nord ?

«Isoler». Il semble qu’une négociation parallèle se soit mise en place à Alger ce week-end, selon des sources citées par le quotidien en ligne Tout sur l’Algérie (TSA). En effet, selon l’AFP, des représentants du groupe islamiste radical Ansar Dine ont «très récemment» rencontré à Alger un officiel malien. Interrogée par TSA, une source gouvernementale algérienne a confirmé hier l’information : «Oui, l’Algérie a initié un processus de dialogue entre Maliens. Pour nous, le plus important, c’est d’isoler les groupes maliens qui ont des revendications légitimes des narcotrafiquants du Mujao et des terroristes d’Aqmi. Ces derniers doivent être combattus sans relâche.» Parmi les membres de la délégation figurent notamment Ahmada Ag Bibi - un proche du chef d’Ansar Dine -, le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, une connaissance des services secrets algériens, Ag Wissa, chef «d’état-major» d’Ansar Dine, ainsi qu’un élu du Nord-Mali.«C’est pour chercher la paix que la délégation d’Ansar Dine est allée à Alger pour rencontrer la partie malienne», a affirmé, selon l’AFP, cet élu malien du Nord.

La position d’Alger, acteur incontournable, ne semble malgré tout pas évoluer. En effet, les autorités ne souhaitent pas un déploiement des troupes de la Cédéao au Nord-Mali, donc le long de sa frontière sud. Surtout si ces dernières sont soutenues par les puissances occidentales, dont la France. Mais seule l’Algérie est capable d’exercer une pression sur ces groupes armés. Pendant ce temps, les destructions de lieux saints continuent.

 




 




 




 

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