La
sagesse populaire commande de se taire pour laisser passer l’orage.
“Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse” disait le loup
dans le poème d’Alfred de Vigny intitulé “la mort du loup”. Or, dans le
dossier Belgacem Ferchichi du parti Ennahdha au pouvoir en Tunisie,
l’attaque et les accusations fantaisistes semblent être la tactique. Une
bien mauvaise. Au contrairement, c’est une thèse qui risque d’avaliser
le fait que, un militant de premier ordre du parti au pouvoir est un
malfrat. Pire, un délinquant multirécidiviste même. Explications.
L’inquiétant zigzag de la défense d’Ennahdah
La ligne est linéaire. Il n’y a
pas de quiproquo, M. Belgacem Ferchichi a bel et bien été arrêté à
l’aéroport d’Orly, en compagnie d’autres personnes avec de fortes sommes
d’argent. Tout de go, lorsque l’affaire a été révélée, il s’est débattu
comme un beau diable en arguant qu’il avait été victime uniquement d’un
contrôle de routine. Finalement, sous la pression, son propre parti a
reconnu qu’il y avait eu effectivement arrestation à Orly, du conseiller
du premier ministre tunisien. Premier mensonge donc du sieur. Le parti
Ennahdah prenant le relais, est alors entré dans des explications
alambiquées, entre mandat d’amener et notice rouge d’Interpol. Pour le
premier cas, il est pratiquement impossible car, il ne peut émaner que
des juges tunisiens. Quant au cas d’Interpol, le parti Ennahdah, telle
une mouche qui patauge dans la bouse, oublie un détail : la Constitution
d’Interpol. Cette dernière est politiquement neutre et par conséquent,
si Belgacem était poursuivi par le régime Ben Ali pour des raisons
politiques, il est quasiment impossible que son nom figure dans les
fichiers d’Interpol. En revanche, puisque l’organisation internationale
s’occupe de certains délits bien spécifiques, crime organisé,
blanchiment d’argent, trafic de drogue et terrorisme, c’est à Ennahdah
de nous expliquer, de quoi son militant est accusé. Ce serait cocasse
et surtout intéressant.
Le régime Ben Ali ou le prétexte idéal
Coupable d’un fait délictueux, il
est plus respectable d’assumer ses responsabilités, que de s’en prendre
au régime Ben Ali. Oui, à cette dictature qui a sévit durant des
décennies, aucune excuse. Mais, il faut avancer, et non resté figé,
obtus. Épinglé dans la mauvaise gestion des affaires de l’Etat, en
flagrant délit d’un manque criard de probité, Ennahdah cherche des
échappatoires mal ficelées. Le prestidigitateur Ben Ali est le seul
dirigeant politique au monde à avoir réussi à imposer à Interpol un
opposant politique. Une blague de très mauvais goût. La justice
tunisienne et Interpol nous ont confirmé, hier, qu’il n’y a eu à ce
jour, que 96 tunisiens fichés et recherchés pour crimes de sang, usage
d’armes à feu et d’explosifs, terrorisme, contrefaçon, vol, fraude,
extorsion de fonds et crimes sexuels…Alors, quel est le délit de
Belgacem Ferchichi parmi ceux pré-cités puisque le volet politique est
nul et non avenu ? Des 96 mandats de recherche concernant des Tunisiens
émis par Interpol, la Tunisie n’est à l’origine que de 56. L’Italie, 34;
La Libye, 5; les Emirats Arabes Unis, 1 et Singapore, 1.
Ennahdah qui se réclame de la
religion, c’est à dire de la vertu, doit montrer l’exemple, et non se
réfugier dans le mensonge. Parler aujourd’hui de l’hypocrisie
d’Ennahdah, c’est un pléonasme…
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