A Alep, “les gens veulent voir l’ordre restauré”
Témoignage d’un habitant de la ville. Anti-Assad, il condamne les pratiques de l’Armée libre .
Sous le pseudo ”Edward Dark”, ce
“militant pour une Syrie démocratique” participe à la révolte en Syrie.
Pourtant, sous les bombes, à Alep, il condamne les pratiques barbares du
régime mais aussi la violence des soldats de l’Armée libre syrienne.
Quelle est la situation sécuritaire en ce moment à Alep ?
- Certaines zones, celles sous contrôle
du régime, sont relativement calmes, tandis que les autres, sous
contrôle des insurgés, subissent tous les jours des attaques. Le régime
tente de bombarder les positions des rebelles, qui sont souvent dans des
maisons, des écoles, des hôpitaux et des mosquées, avec une artillerie
imprécise et des bombardements de l’aviation qui touchent les maisons
des civiles. Les rebelles utilisent aussi des tirs de mortiers pour
attaquer les positions du régime et les manquent également, touchant
là-aussi les habitations.
Y a-t-il beaucoup d’habitants d’Alep au sein de l’Armée libre dans la ville actuellement ?
- Non, l’Armée libre à Alep est formée
d’hommes de la campagne ou d’autres régions du pays ou encore de
combattants étrangers. Ce ne sont pas des habitants de la ville.
Amnesty international évoque dans
son dernier rapport sur Alep les corps de jeunes hommes menottés et
torturés, retrouvés dans les rues de la ville. Les avez-vous vus? De qui
s’agit-il ?
- Oui. Ces corps sont retrouvés après
avoir été jeté dehors devant le QG du Renseignement de l’armée de l’air
dans le quartier de Zahra. Ce sont des hommes suspectés d’être des
rebelles ou des activistes proches des rebelles tués par le régime.
On parle de files devant les boulangeries visées par des bombardements, notamment dans le quartier de Tariq al-Bab…
- Oui, il y a eu des bombardements dans
ces zones sur les boulangeries. Les deux camps s’attribuent la
responsabilité des attaques.
Qu’en est-il de la situation économique dans la ville ? Comment les gens survivent ?
- La situation économique est très
mauvaise. La plupart des usines sont fermées et les gens sont sans
emploi. La nourriture et les produits de première nécessités sont
devenus très chers, tandis que le lait pour bébé et les médicaments ne
sont plus du tout disponibles.
Y a-t-il de l’électricité ? Savez-vous si les hôpitaux arrivent encore à fonctionner ?
- L’électricité a été coupée plus d’une
semaine, un peu plus tôt ce mois-ci, mais est maintenant stable en
dehors de coupures sporadiques de deux heures par jour environ. La
majorité des hôpitaux sont fermés car la plupart des médecins ont fui et
il y a un grand manque de médicaments et de fuel pour les générateurs.
Seuls quelques services d’urgence fonctionnent encore.
Que souhaitent les habitants d’Alep à présent ? Vers qui souhaitent-ils se tourner selon vous les insurgés ou le régime ?
- Les habitants d’Alep détestent l’Armée
syrienne libre en raison de sa désorganisation, de son manque de
stratégie. Ils n’ont amené à la ville que pillages, destruction et mort
et la plupart des gens veulent les voir partir et l’ordre restauré par
le régime.
Et vous ? Qu’en pensez-vous ?
- Moi et ma famille, comme c’est le cas
de la plupart des Syriens, sommes effrayés mais nous avons décidé de
rester et essayons de survivre jusqu’à la fin de la crise. Nous ne
voulons pas de la guerre et des destructions, nous voulons que les
différentes parties trouvent enfin une solution et nous épargnent ces
souffrances.
Propos recueillis par Céline Lussato, par email, jeudi 23 août 2012.
Source : Le nouvelobs
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