Après plus de 2 mois de tapage médiatique, de menace,
de vie au ralenti de l’état à cause d’un gouvernement d’union, nous sommes
arrivés à l’épilogue. Le résultat est là.
1. CDM reste premier ministre
2. Reconduction à 72% de l’ancienne équipe gouvernementale.
3. Le nombre des ministres militaires passe de 3 à 4
4. Les groupements politiques (FDR, CSM, IBK 2012 et
autres) ont eu droit à 1-2 ministres.
5. Les ministres proches du médiateur et du président
de la CEDEAO sont débarqués du gouvernement
1. La reconduction de CMD témoigne de toute la hargne
qu’il a démontrée pour résister à son éviction et de son bagage politique. Ses adversaires
l’avaient considéré comme un novice en politique, alors qu’en politique il ne
faut jamais sous-estimer ton adversaire. CMD a eu de la chance, mais surtout il
a su bien jouer politiquement en tenant compte du contexte socio culturel. Il a
pu s’adosser aux militaires qui sont, aujourd’hui, des éléments incontournables
dans la gestion de la transition. Il a su profiter des compétences hors-normes
de Me Mountaga Tall et du soutien des groupements des centristes. Il a pu tirer
profit de l’accompagnement du Haut Conseil Islamique. Son talon d’Achille a été
sa mauvaise communication et son manque de leadership dans la conduite des
affaires publiques (vision du peuple). Il doit soigner ces deux éléments en
mettant en place une bonne cellule de communication qui informera le peuple des
différents défis auxquels le pays serait confronté et de la direction que le
pays doit prendre. Le peuple n’aime pas être informé par des rumeurs en période
de crise et CMD doit le comprendre. CDM doit montrer au peuple qu’il est un
leader avec un langage clair. Beaucoup de Maliens ne connaissent pas aujourd’hui
la position ou de la démarche de CMD par rapport à la libération des régions du
nord (confusion totale entre négociation et guerre). Personne ne sait dans
quelles conditions les élections se tiendront (avec ou sans les régions du nord).
Personne ne sait avec quel fichier les élections se feront. Il faut que le
gouvernement avec à sa tête CMD éclaire le peuple par rapport à ces différentes
préoccupations aussitôt que possible.CMD doit faire tout pour travailler en collégialité
avec Dioncounda et les militaires.
2. La reconduction à 72% de l’ancienne équipe
gouvernementale montre bien que CMD reste encore maitre à bord du bateau Mali.
Ce n’est pas seulement Dioncounda qui va diriger cette transition comme pensaient
ou souhaitaient certains, mais le tandem Diuonconda-CMD-Militaires. En plus, la
reconduction de l’ancienne équipe gouvernementale à 72% signifie que c’est CMD,
le chef du gouvernement, et il pourra ainsi contrôler facilement son équipe et
l’action gouvernementale. Beaucoup d’observateurs ont été surpris par cette
reconduction de l’ancienne équipe et surtout le fait que les proches de CMD
gardent tous les postes clés sauf celui des affaires étrangères. Cette victoire
(il ne faut pas avoir peur des mots) de CMD doit lui permettre de corriger les
lacunes de la précédente équipe et de ne pas sous-estimer ses adversaires. En politique,
tous les coups sont permis, il en a déjà réussi suffisamment et il pourrait en
recevoir d'autres. L’opposition est une composante de la démocratie et CMD doit
tenir compte des propositions de ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.
3. Le passage des ministres militaires de 3 à 4 est un
message fort des militaires et du duo Dioncounda -CMD à la communauté
internationale. Les militaires seront partie intégrante de la transition et ils
seront aux premiers plans quant aux deux objectifs fondamentaux de la
transition : la libération des régions du nord et l’organisation des élections.
Nous sommes loin du casernement des militaires, demandé par la communauté
internationale.
4. Les centristes (CSM et IBK 2012) ont pu tirer leur épingle
du jeu en obtenant environ le même nombre de ministères que le FDR. Malgré les précisions
du vice-président du FDR, Tieman Coulibaly (ministre des Affaires étrangères)
sur les antennes de RFI, il faut s’attendre à des protestations venant de la
ruche et même du parti URD. Le FDR pourrait penser qu’on lui a donné une partie
congrue. Le FDR détient la majorité à l’ensemble et c’est ce regroupement qui a
demandé corps et âme la formation d’un gouvernement d’union nationale. Il faut espérer
Diouconda et Tièma pourrait encadrer les frontistes sinon le gouvernement de
CMD II risquerait d’essuyer d’autres tempêtes.
5. La mise à l’écart du ministre des Affaires étrangères
et de celui de la communication est un camouflet à l’endroit du médiateur et du
président de la CEDEAO qui en seraient leurs sponsors. Leur compétence serait
plus en cause que leur appartenance. En effet, la diplomatie a été d’une
platitude sans précédent dans l’histoire de la République du Mali. On ne voyait
aucune action de la diplomatie malienne alors que le pays en avait vraiment
besoin surtout en cette période de crise. Il a fallu que CDM fasse certaines
taches de l’ancien ministre des affaires pour combler certaines lacunes. Nous
avons payé à un prix cher de ce bégaiement de la diplomatie malienne. Concernant
le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, c’était tout
simplement un désastre. Il n’arrivait jamais à convaincre même si ces dires étaient
véridiques. À la fin de chacune de ses interventions, on avait un gout
inachevé. Aussi, il ne faut pas oublier que la nomination de ces deux ministres
avait fait une polémique énorme parce que certains voyaient en eux la mise sous
tutelle du Mali par le Burkina et la Cote d’Ivoire. Nous espérerons que leurs remplaçants
seront plus à la hauteur parce que le Nord ne pourra être libéré que par une
diplomatie forte et engagée et que le peuple ne se sentira concerné que si on
lui communique de façon adéquate et compréhensible.
CMD et son équipe ont une chance de rentrer dans l’histoire
et c’est à eux de saisir cette chance et notre rôle sera de les accompagner,
mais pas aveuglement.
Barou
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