mercredi 22 août 2012

MALI:Analyse du gouvernement de DT I et CMD II


Après plus de 2 mois de tapage médiatique, de menace, de vie au ralenti de l’état à cause d’un gouvernement d’union, nous sommes arrivés à l’épilogue. Le résultat est là.
1. CDM reste premier ministre
2. Reconduction à 72% de l’ancienne équipe gouvernementale.
3. Le nombre des ministres militaires passe de 3 à 4
4. Les groupements politiques (FDR, CSM, IBK 2012 et autres) ont eu droit à 1-2 ministres.
5. Les ministres proches du médiateur et du président de la CEDEAO sont débarqués du gouvernement

1. La reconduction de CMD témoigne de toute la hargne qu’il a démontrée pour résister à son éviction et de son bagage politique. Ses adversaires l’avaient considéré comme un novice en politique, alors qu’en politique il ne faut jamais sous-estimer ton adversaire. CMD a eu de la chance, mais surtout il a su bien jouer politiquement en tenant compte du contexte socio culturel. Il a pu s’adosser aux militaires qui sont, aujourd’hui, des éléments incontournables dans la gestion de la transition. Il a su profiter des compétences hors-normes de Me Mountaga Tall et du soutien des groupements des centristes. Il a pu tirer profit de l’accompagnement du Haut Conseil Islamique. Son talon d’Achille a été sa mauvaise communication et son manque de leadership dans la conduite des affaires publiques (vision du peuple). Il doit soigner ces deux éléments en mettant en place une bonne cellule de communication qui informera le peuple des différents défis auxquels le pays serait confronté et de la direction que le pays doit prendre. Le peuple n’aime pas être informé par des rumeurs en période de crise et CMD doit le comprendre. CDM doit montrer au peuple qu’il est un leader avec un langage clair. Beaucoup de Maliens ne connaissent pas aujourd’hui la position ou de la démarche de CMD par rapport à la libération des régions du nord (confusion totale entre négociation et guerre). Personne ne sait dans quelles conditions les élections se tiendront (avec ou sans les régions du nord). Personne ne sait avec quel fichier les élections se feront. Il faut que le gouvernement avec à sa tête CMD éclaire le peuple par rapport à ces différentes préoccupations aussitôt que possible.CMD doit faire tout pour travailler en collégialité avec Dioncounda et les militaires.

2. La reconduction à 72% de l’ancienne équipe gouvernementale montre bien que CMD reste encore maitre à bord du bateau Mali. Ce n’est pas seulement Dioncounda qui va diriger cette transition comme pensaient ou souhaitaient certains, mais le tandem Diuonconda-CMD-Militaires. En plus, la reconduction de l’ancienne équipe gouvernementale à 72% signifie que c’est CMD, le chef du gouvernement, et il pourra ainsi contrôler facilement son équipe et l’action gouvernementale. Beaucoup d’observateurs ont été surpris par cette reconduction de l’ancienne équipe et surtout le fait que les proches de CMD gardent tous les postes clés sauf celui des affaires étrangères. Cette victoire (il ne faut pas avoir peur des mots) de CMD doit lui permettre de corriger les lacunes de la précédente équipe et de ne pas sous-estimer ses adversaires. En politique, tous les coups sont permis, il en a déjà réussi suffisamment et il pourrait en recevoir d'autres. L’opposition est une composante de la démocratie et CMD doit tenir compte des propositions de ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.

3. Le passage des ministres militaires de 3 à 4 est un message fort des militaires et du duo Dioncounda -CMD à la communauté internationale. Les militaires seront partie intégrante de la transition et ils seront aux premiers plans quant aux deux objectifs fondamentaux de la transition : la libération des régions du nord et l’organisation des élections. Nous sommes loin du casernement des militaires, demandé par la communauté internationale.

4. Les centristes (CSM et IBK 2012) ont pu tirer leur épingle du jeu en obtenant environ le même nombre de ministères que le FDR. Malgré les précisions du vice-président du FDR, Tieman Coulibaly (ministre des Affaires étrangères) sur les antennes de RFI, il faut s’attendre à des protestations venant de la ruche et même du parti URD. Le FDR pourrait penser qu’on lui a donné une partie congrue. Le FDR détient la majorité à l’ensemble et c’est ce regroupement qui a demandé corps et âme la formation d’un gouvernement d’union nationale. Il faut espérer Diouconda et Tièma pourrait encadrer les frontistes sinon le gouvernement de CMD II risquerait d’essuyer d’autres tempêtes.

5. La mise à l’écart du ministre des Affaires étrangères et de celui de la communication est un camouflet à l’endroit du médiateur et du président de la CEDEAO qui en seraient leurs sponsors. Leur compétence serait plus en cause que leur appartenance. En effet, la diplomatie a été d’une platitude sans précédent dans l’histoire de la République du Mali. On ne voyait aucune action de la diplomatie malienne alors que le pays en avait vraiment besoin surtout en cette période de crise. Il a fallu que CDM fasse certaines taches de l’ancien ministre des affaires pour combler certaines lacunes. Nous avons payé à un prix cher de ce bégaiement de la diplomatie malienne. Concernant le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, c’était tout simplement un désastre. Il n’arrivait jamais à convaincre même si ces dires étaient véridiques. À la fin de chacune de ses interventions, on avait un gout inachevé. Aussi, il ne faut pas oublier que la nomination de ces deux ministres avait fait une polémique énorme parce que certains voyaient en eux la mise sous tutelle du Mali par le Burkina et la Cote d’Ivoire. Nous espérerons que leurs remplaçants seront plus à la hauteur parce que le Nord ne pourra être libéré que par une diplomatie forte et engagée et que le peuple ne se sentira concerné que si on lui communique de façon adéquate et compréhensible.
CMD et son équipe ont une chance de rentrer dans l’histoire et c’est à eux de saisir cette chance et notre rôle sera de les accompagner, mais pas aveuglement.

Barou

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