mardi 22 janvier 2013

Iyad Ag Ghali se la coule douce à l'hotel Laïco de Ouagadougo​u

Après le lancement de l’opération Serval : Iyad Ag Ghali se la coule douce à l’hôtel Laïco de Ouagadougou

Entre Blaise Compaoré et Iyad Ag Ghali, c’est le baiser et la poudrière. Le guerrier du désert et le président médiateur, sont ils
les grands perdants de cette guerre à laquelle ils étaient opposé? Depuis l’hôtel Laico de Ouagadougou, Iyad Ghali, l’une des
victimes collatérales de l’opération Serval, s’informe par SMS.

Alors que l’opération Serval se poursuit sur les sables mouvants du nord Mali, le chef de l’Etat burkinabé, Blaise Campaoré et le
rebelle diplomate très « policé « , Iyad Ag Ghali, surnommé le Sniper au turban, depuis la chute des villes stratégiques du nord
Mali, se chambardent. Loin des rafales et des coups de canon, ils échangent régulièrement au bout du fil via le missi dominici, le
mauritanien Moustapha Chafi, l’homme de main et l’oreille du président Compaoré. Le guerrier du désert et le président médiateur,
sont ils les grands perdants de cette guerre à laquelle ils étaient opposé ? L’alchimie d’une non intervention d’une force
internationale au Mali n’a pas fonctionné au finish. Selon une source autorisée, jointe par Les Afriques, Iyad Ag Ghali, qui
s’était vite démarqué des troupes d’AQMI est tombé dans son propre piège. Le Mollah de Kidal, 54 ans, patriarche respecté, à la
fois craint et adulé par la communauté des Ifoghas où sa voix est prépondérante, vit dans une suite de luxe du 11 ème étage de
l’hôtel Laico, un des bijoux du défunt guide libyen, Mouammar Khadaffi. C’est là qu’il reçoit et consulte. Plusieurs personnalités
de renom issues de la haute hiérarchie militaire, du gratin politique et du milieu des affaires défilent à longueur de journée.
Djibril Bassolé, Francois Compaoré, Djenderé, Moustapha Chafi, le milliardaire Lancine Diawara le côtoient et le protègent.
Chouchouté et cadeauté par l’entourage présidentiel immédiat, Iyad Ag Ghali est une pièce maîtresse du leadership du chef de
l’Etat, Blaise Compaoré dans la géopolitique du no man ‘s land sahélien. Qui le tient, contrôle la nomenclature des chefs de
guerre du Nord Mali. C’est le prix à payer, car tout le monde devra s’y accommoder. L’homme fort de Ouagadougou l’a si bien
compris en devenant le tuteur attitré aux petits soins de celui qui est par ailleurs très écouté à Doha et à Riyad.

Toutefois, depuis l’arrivée des jihadistes, les Fous de Dieu, qui sont passés à la vitesse supérieure dans leur projet absolutiste
d’ l’instauration de la charia (loi islamique), Iyad Ag Ghali apparaît de plus en plus isolé du jeu. Le pouvoir lui échappe peu à
peu et le régime de Bamako ne joue plus sa musique. Mieux, le pouvoir en place a rompu les amarres avec le mouvement islamiste,
Ansar Dine qu’il dirige. Ses incessants allers retours Kidal- Ouagadougou pour discuter de la crise qui sévit au Nord Mali ont
fait sauter le verrou. Contre toute attente, les cartes ont vite changé de mains. Depuis deux mois, le rebelle Iyad Ag Ghali a
déserté son fief et prend les nouvelles de ses combattants via texto.

En réalité, selon un haut dignitaire de la rébellion touareg reconverti en homme d’affaires, avant même la chute de l’ancien
président Toumani Touré, les membres d’AQMI ont pris leur distance avec les cadeaux dispendieux et les antichambres diplomatiques
qu’ils considèrent comme des officines d’espionnage.

« En voulant gagner du temps, avec la bénédiction de son parrain, Blaise Compaore, il s’aperçoit que les choses lui échappent et
son leadership se fragilise » commente notre source. Les deux hommes impuissants face à la machine militaire mise en branle par la
communauté internationale ont ils perdu la guerre diplomatique d’avance ?

Surement, puisque Iyad, loin du théâtre d’opération, sans armes, se la coule douce à Ouagadougou et son mentor, Blaise Compaoré,
est déconnecté du dispositif. Après le doux baiser c’est le temps de la poudrière. La France, tête de pont de l’opération Serval,
qui surveille de très près l’axe Ouaga- Nord Mali, a confié cette mission au diplomate Éric Bosc, qui débarque à Ouaga, valises et
blocs notes en main.

Par Ismael Aidara (www.lesafriques.com)

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