Le 7 juillet passé s’est tenu dans la capitale du Burkina Faso un mini-sommet consacré à la crise malienne. Si la première rencontre (Ouaga I) n’a pas soulevé de polémiques et a même vu tout un avion bourré à craquer de participants, celle-ci est controversée. D’abord le gouvernement de la Transition déclare qu’il l’a appris dans les medias, ce qui revient à dire qu’il n’a pas été officiellement invité. Ensuite, annoncée avec fracas dans la presse, la participation du Président Dionconda Traoré qui se trouve à Paris depuis le 23 mai pour examens médicaux a été annulée de façon inattendue. Principalement ce sont les membres du FDR qui y étaient présents alors que les autres formations politiques maliennes l’ont royalement ignorée. Il s’agit entre autres du Premier ministre Cheick Modibo Diarra qui a demandé aux membres de son gouvernement de ne pas s’y rendre, du RPM d’IBK et même du Haut Conseil religieux.
A l’issue de ce mini-sommet tenu sous l’égide de la CEDEAO des exigences sont formulées : qu’une enquête soit sérieusement menée sur l’agression de Dioncounda Traoré, le président intérimaire du Mali et que d’ici le 31 juillet prochain, sous peine de sanctions économiques, un gouvernement « inclusif » soit formé au Mali, c’est-à-dire élargi aux partis et associations. Certains acteurs de la scène politique du pays n’ont pas digéré leur absence aux commandes du pays.
C’est ainsi que les accusations tombent régulièrement : incompétence, amateurisme, népotisme, complot avec la junte militaire de Kati, insouciance de la résolution de la crise au nord du pays, etc. Certes le gouvernement de Cheick Modibo Diarra n’est pas parfait. La nomination de certains ministres a provoqué l’étonnement. Par exemple Sadio Lamine Sow, son ministre des affaires ETRANGEres, seul ministre d’Etat et conseiller du démocrate assis sur sang Blaise Compaoré, est comme une sentinelle qui veille sur les Institutions de la République. Ses parents proches qu’il a placés à des postes rappellent à beaucoup d’esprits un retour du clan GMT aux affaires. Son opposition à une intervention des forces étrangères fait dire à certains qu’il a épousé le camp de la junte de Kati. Enfin, le langage de bois adopté depuis un certain temps.
A cause de ce dernier fait, nous ne connaissons pas les mobiles qui ont poussé le PM malien à prendre des décisions pareilles. Volonté d’éviter les querelles intestines des partis politiques maliens qui ne se battent que pour la mangeoire et l’abreuvoir sans jamais se soucier du peuple, ou tentative de consolider ses propres positions.
Mais qui a nommé Cheick Modibo Diarra et avec la bénédiction de qui est-il devenu Premier ministre ? Si la CEDEAO et le médiateur se posent en Afrique de l’Ouest comme des fins connaisseurs de tous les dossiers brulants, comment n’ont-ils pas pu prévoir une telle tournure ? Comment planifient-ils alors d’aider militairement le Mali à sortir de cette crise s’ils commettent des erreurs eux-mêmes en tâtonnant ? Pour preuve encore, la CEDEAO a accordé en grande pompe au capitaine Sanogo le statut d’ancien chef d’Etat, pour ensuite revenir sur sa propre décision!
Soyons objectifs pour ne pas marcher de nouveau sur les mêmes couteaux tranchants. En dehors des lacunes du gouvernement, nous devons reconnaitre qu’il y a des forces politiques qui souhaitent ardemment leur retour sur scène et qui s’emploieraient à mettre des obstacles.
Le FDR en est essentiellement composé. Ce sont, pour la plupart, de grands spécialistes de la métamorphose. Après avoir royalement servi GMT plus de deux décennies, en mars 1991 ils ont récupéré la révolution de la jeunesse, en portant très vite des costumes de démocrates. Vingt ans après, ils ont conduit le pays à la crise. Plus d’écoles, plus d’armée, plus de discipline. Le désordre s’est installé à tous les niveaux sur fond de corruption et de vol « numériquement » sophistiqués.
Si l’on estime que Cheick Modibo Diarra et son gouvernement ne sont pas à la hauteur des taches, nous devons aussi savoir que n’est pas souhaitable un retour à la situation qui prévalait et qui a déclenché les troubles dans le pays. Car cela signifierait que le Mali continuera dans les mêmes injustices sociales provoquant des sentiments de frustration.
La solution aurait été la tenue d’une Conférence nationale décrétée par le Président intérimaire, avec la participation de toutes les forces vives de la nation en vue de former un vrai gouvernement d’union nationale au Mali et pour le Mali. Il faut que le Malien parle ouvertement au Malien, avec franchise et sincérité. Nous savons déjà qui est qui, nous choisirons ceux qui sont meilleurs et dignes de représenter le peuple malien. Une telle Conférence peut durer une semaine, alors que les palabres vont bon train déjà des mois. Apparemment il nous est préférable de nous quereller au jour le jour, de tenir des discours kilométriques que de nous asseoir ensemble pour tenter de nous unir face à l’ennemi.
Si le choix du Premier ministre applaudi au départ par Blaise Compaoré et Alassane Dramane Ouattara est décrié à présent par tous, y compris eux-mêmes, le doute est alors fort qu’un gouvernement formé sous menaces de la CEDEAO aille dans le sens des intérêts du peuple malien…
Une CEDEAO ne valant même pas son ombre, dirigée par un pyromane dont le souci premier est de se débarrasser de ses mercenaires armés, auxquels il avait promis de l’argent sans jamais honorer ses engagements depuis son accession au trône à coup de bombes.
Le Mali est étrange. On parle de moins en moins du capitaine Sanogo qui est entré dans le silence. Le PM est devenu la nouvelle bête à abattre. A qui le tour après ?
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