Après un entretien avec des officiers de l'armé sur place, des éléments de la troupe et des responsables de mouvements nationalistes qui ont regagné l'armée pour cette cause, le responsable politique du principal parti de l'opposition sous le défunt régime ATT est retourné à Bamako «plein d'espoir». Car, ce qu'il dit avoir vu lui permet de se convaincre que la reconquête des zones occupées n'est plus impossible et n'est qu'une question de jour. Lisez plutôt ses confidences.
Info-Matin: Honorable MARIKO, vous venez d'effectuer une mission à Sévaré où sont basées nos forces armées et de sécurité pour la reconquête des régions du Nord. Pouvez-vous nous dire les raisons de ce voyage et comment s'est-il passé ?
Oumar MARIKO: Je dois vous dire que c'est dans l'ordre normal des démarches au sein de mon parti. C'est-à-dire, à chaque fois qu'il y a des choses, nous estimons qu'il faut aller à la source pour écouter ce qui se passe réellement. Dans ce cadre, tout le monde sait que l'armée est mise en accusation, souvent à tort, par la population d'une manière générale, sous l'emprise d'un certain nombre de politiciens qui ont, hélas, géré ce pays, fuit et qui ont été incapables d'assurer la sécurité du pays.
Ils vont rapidement tirer la conclusion qu'il faut faire appel à des forces étrangères pour libérer le pays. Donc, pour quelqu'un qui est engagé dans le combat avec un esprit profondément nationaliste et qui est responsable d'un parti politique, qui met en avant la souveraineté de notre pays et de notre peuple et qui a fait le choix du socialisme, il est difficile d'admettre une telle déclaration. D'autant plus qu'en tant que député, j'ai eu à interpeller le ministre de la Défense à l'Assemblée nationale (AN), depuis le 14 juin 2011, sur certaines questions, au nombre de 17, concernant la vie de notre armée. Elles vont au mode de recrutement au sein de l'armée, au fonctionnement de cette armée et à la question de l'intégrité territoriale et à la capacité de l'armée à faire face à toutes les adversités. Mais cette question orale n'a pu être programmée au niveau de l'AN, non seulement à cause du ministère de la Défense, mais aussi à cause du bureau de l'AN.
Devant toutes ces accusations, je me voyais dans l'obligation d'aller à la rencontre de la troupe. Aussi, c'est important de le signaler, parce que j'ai suivi, minute par minute, la chute de Tessalit, de Kidal, j'ai suivi la décision de l'armée de quitter Anéfis, j'ai suivi aussi presque à la minute la chute de Gao. Dès l'instant, j'avais ma lecture des choses, mais il fallait rencontrer l'armée pour la confirmer.
C'est ce qui m'a conduit, en tant que secrétaire général du parti SADI, mais aussi député, d'effectuer cette visite à Sévaré. Au moment où nos hommes politiques s'affairaient à aller à Ouagadougou (samedi 7 juillet, ndlr), ceux avec lesquels je suis organisaient un meeting à Bamako.
IM: Quelles ont été vos activités à Sévaré?
OM:
A Sévaré, nous avons rencontré le colonel Didié DAKOUO, parce que nous avons commencé la visite par l'armée régulière. Nous avons discuté avec lui et certains commandants, lieutenants qui étaient là pendant, près de trois heures de temps. Nous avons également eu la chance d'échanger avec des hommes de troupe, pour recueillir leurs sentiments.
IM: Et les généraux ?
IM: Quelles ont été vos activités à Sévaré?
OM:
A Sévaré, nous avons rencontré le colonel Didié DAKOUO, parce que nous avons commencé la visite par l'armée régulière. Nous avons discuté avec lui et certains commandants, lieutenants qui étaient là pendant, près de trois heures de temps. Nous avons également eu la chance d'échanger avec des hommes de troupe, pour recueillir leurs sentiments.
IM: Et les généraux ?
OM: Rire, disons que nous étions avec la crème de l'armée malienne, en fait ceux qui sont véritablement l'armée malienne. Je ne pense pas qu'il puisse y avoir de généraux qui puissent aujourd'hui lever le doigt pour dire ce qu'ils ont incarné pour cette armée malienne. Le Col Didié, quand je l'ai rencontré, m'a donné l'impression d'un militaire profondément patriote, qui m'a rappelé dans ses faits et gestes ce que j'ai imaginé du capitaine Dibi Syllas DIARRA. Il m'a également rappelé feu le commandant Hamidou MARIKO qui a géré la rébellion de 1963 et dont la tête avait été mise à prix compte tenu de ses prises de position, sur certaines dérives de l'armée.
Il y a en d'autres... J'ai vu un homme d'une puissante capacité intellectuel qui n'est pas seulement un militaire mécanique, mais qui a une analyse citoyenne de la situation. Il m'a donné davantage confiance, mais aussi, il m'a permis d'espérer sur les lendemains meilleur pour notre armée. Nous avons pu très rapidement faire le tour de la situation.
IM: Qu'en est-il du moral des troupes avec les nouveaux équipements?
OM: Vous avez trouvé le mot. Quand on dirige une armée qui a été dépecée, démantelée par la faute des hommes intelligents politiques et des hiérarchies militaires, la question fondamentale qui est posée est la réorganisation de l'armée. Je crois que ce que j'ai vu, l'armée a récupère, elle s'organise. Cela est visible, cela se sent aussi par la sécurité qui se trouve à Mopti, à Sévaré contrairement à tout ce que nous avions appris.
OM: Vous avez trouvé le mot. Quand on dirige une armée qui a été dépecée, démantelée par la faute des hommes intelligents politiques et des hiérarchies militaires, la question fondamentale qui est posée est la réorganisation de l'armée. Je crois que ce que j'ai vu, l'armée a récupère, elle s'organise. Cela est visible, cela se sent aussi par la sécurité qui se trouve à Mopti, à Sévaré contrairement à tout ce que nous avions appris.
Donc, la réorganisation est un fait aujourd'hui et la chaîne de commandement s'est établie, cela est aussi visible et perceptible. Ce n'est pas seulement les mots. Ce qui est encore plus réconfortant, c'est que les hommes ont le moral parce qu'avant, le colonel me l'a affirmé, les hommes se posaient effectivement la question: «Au fait, on se bat pour quoi?»
Et quant cela arrive dans n'importe activité humaine, c'est l'échec qui est assuré. Aujourd'hui, les hommes sentent l'affront de cette occupation et se posent la question de savoir quand est-ce qu'ils vont commencer les mouvements. Donc, ça veut dire que c'est des hommes qui sont prêts à aller au combat. Du point de vue équipement, je ne peux pas me permettre de rentrer dans les secrets, parce que le colonel ne me permettrait pas de rentrer dans le secret des choses. Ce que je peux dire à ce niveau, c'est que l'armée s'équipe à la date où nous sommes aujourd'hui.
Si l'armée veut occuper Douentza, elle l'occuperait. Si l'armée veut récupérer Léré, Nampala et toutes ces zones là, elle l'occuperait sans aucun problème. Mais la question n'est pas d'occuper un endroit. La question est de le tenir. La question n'est pas d'occuper quelques zones, la question est d'occuper tout le Mali. Alors, comment mener cette stratégie entre les mains des forces militaires qui sont les seules à détenir ce secret. L'homme politique que je suis est en tout cas très réconforté parce que je sais qu'ils ont une idée claie tout ce qu'ils vont faire.
IM: En dehors de tout ce qu'on dit à Bamako, à savoir que les militaires sont à Kati et refusent d'aller se battre, est-ce que ce que vous avez vu sur le terrain en termes d'hommes et d'équipements rassure ?
IM: En dehors de tout ce qu'on dit à Bamako, à savoir que les militaires sont à Kati et refusent d'aller se battre, est-ce que ce que vous avez vu sur le terrain en termes d'hommes et d'équipements rassure ?
OM: C'est un mauvais procès de dire que les gens sont à Kati ici et dorment. Mais qui sont à Kati? Les gens racontent comme ça les choses, à moins qu'ils ne disent que le capitaine Haya SANOGO lui-même aille au front. Si cela doit se faire, je sais que le capitaine ne se dérobera pas. Mais cela n'est pas nécessaire, il y a suffisamment d'hommes sur le terrain.
Ce qui me permet de dire qu'en dehors de l'armée, il y a des forces para-militaires qui sont des forces d'appoint à qui on reproche d'être des milices. Mais ce n'est pas des milices. Là où l'armée a réussi, c'est que quand j'ai échangé avec ces camps également, je me suis rendu compte qu'ils ont une haute conscience de leur mission. Et, ils ont une haute conscience qu'ils ne doivent pas sortir du commandement de l'armée. Donc, il y a une discipline aussi qui s'est installée à ce niveau. Je me suis permis de sortir mes inquiétudes.
Mes inquiétudes, c'est que pour rien au monde, il ne faut qu'on se retrouve devant des règlements de compte ; pour rien au monde, nous ne devons aller dans une confrontation inter-éthique. Et c'est ce qu'on peut craindre au niveau des milices. Mais, j'ai senti qu'il y a beaucoup de préparations pour qu'on ne tombe pas dans les questions ethniques, qu'on ne tombe dans les règlements de compte. J'ai pu le découvrir dans la mesure où je suis allé incognito, personne n'était informé de mon arrivée, ni le colonel.
C'est seulement à Sévaré que j'ai commencé à me faire une idée, comment faire la rencontre? Pour vous dire qu'indépendamment des militaires, je crois que, selon mes décomptes, il y a plus de 3 000 personnes reparties entre Ganda-Koy, Ganda-Iso et les forces de libération du Nord.
IM: Comment se fait la formation de ces soldats ?
IM: Comment se fait la formation de ces soldats ?
OM: Ils sont formés par beaucoup d'anciens militaires de l'armée maliennes. Parmi eux, il y a beaucoup de sous officiers, des officiers subalternes maliens qui ont été chassés de l'armée malienne pour avoir tenté ou être soupçonnés de tenter un coup d'État ou arbitrairement chassés, ou de certains qui ont quitté l'armée parce qu'ils sont arrivés la retraite, d'autres sont partis parce qu'ils ont démissionné de l'armée. C'est extra-ordinaire, ce sont ces hommes là qui sont allés assurer la formation des jeunes.
Donc, ça veut dire qu'il y a un engagement national et patriotique qui a cours en ce moment à Sévaré. Et, j'ai vu des enseignants à Sévaré qui ont abandonné leur travail, des comptables, pourtant qui étaient grassement payés, et se contentent souvent de deux repas par jour et qui s'adonnent à des exercices physiques intenses. Je crois que la nation ferait extrêmement attention à cela pour pouvoir apporter l'assistance nécessaire que ces hommes attendent et qu'ils méritent. Je pense qu'en termes d'effectif, d'organisation, c'est excellent. Je suis allé au niveau de Ganda Koy.
Ce qui m'a frappé, c'est l'échange sur la manière dont Gao a été pris. Ceci est important à savoir pour les Maliens. Ce n'est pas l'armée malienne, qui par couardise, a abandonné Gao. N'importe quelle armée au monde, face à une situation comme celle-ci, allait abandonner le terrain. Ce qui s'est passé, c'est que les rebelles sont rentrés à Gao discrètement, ont été hébergés et entretenus par des gens. Les armes ont été cachées à l'intérieur de Gao par une partie de la population civile. Lorsque les rebelles ont suffisamment inondé la ville, ils ont fait bouger des voitures vers des alentours de Gao et l'assaut a été donné à partir de l'intérieur.
Les militaires qui étaient arrêtés aux portes de Gao, depuis le camp, ne savaient pas que la ville était en train de brûler. Alors, quand les militaires ont compris, ils ont commencé à se débattre, ils ont réussi à pousser dehors ceux qui sont rentrés par l'autre porte, à dégager le pont. Au moment où les troupes avançaient pour chasser les rebelles, les balles sortaient des maisons, de gauche à droite. C'est là où les militaires ont commencé à se défaire de leurs armes, de leur tenue pour se transformer en civile.
Même là, certaines populations ne sont pas arrêtées là, elles sont allées jusqu'à dénoncer leurs compatriotes militaires pour les tuer allègrement en échange, d'argent, de promesses de vie meilleure... Cela doit être su des Maliens. Parce que nous devons profondément réfléchir sur les causes de la guerre, les raisons qui ont conduit à la débandade de l'armée pour pouvoir nous organiser. Les éléments de Gadakoye qui m'ont donné ces informations le disent avec beaucoup de regret.
Ça veut dire déjà que la population elle-même prend conscience déjà de son erreur. Mais je dirai qu'elle a certes fauté, mais n'est pas responsable de la situation. Pour la simple raison que pour que les populations arrivent à refuser les services de sécurité, l'armée, cela veut dire que la politique en cours dans le pays ne faisait pas son bonheur.
Donc, l'armée, la police et la gendarmerie apparaissent comme des corps étrangers. Combien d'actions de justice ont tourné à la faveur des plus riches à Gao ? Combien de terres ont été arrachées aux gens ? Combien de personnes ont été brimées ? Combien de foi la situation alimentaire a été catastrophique à Gao sans que le gouvernement ne soit là pour protéger les consommateurs ?… Sur ces points, on comprend pourquoi le peuple n'est pas pour ses forces de sécurité et qu'ils tombent sous le coup des sirènes des bienfaiteurs. La rébellion a su profiter de cette opportunité pour se montrer bienfaitrice en apportant de l'argent cash à certaines personnes et des propos doux pour d'autres.
Donc, tout le monde a fauté et pour reconstruire, cela n'est pas une tâche facile. Au niveau des forces de libération du Nord (FLN), j'ai compris qu'il s'agit d'un groupement composé de toutes les composantes du Mali. Ce centre est dirigé par un MALLE. Cette force est encadrée par d'anciens militaires qui disent non, le pays ne peut pas se passer comme ça. Au niveau de Ganda-Iso que j'ai également visité, je n'ai senti que le même engagement patriotique, le même sentiment nationaliste.
Tous ceux-ci ont le sentiment très clair. Les forces de la CEDEAO sont inutiles, il est inutile de faire venir les militaires de la CEDEAO en République du Mali. Donc, ce n'est pas des propos de politiciens, de gens qui ont intérêt à ce que d'autres viennent s'ajouter à eux. Leurs propos doivent être pris au sérieux et respectés. En termes de besoins, je pense que ces jeunes ont besoin d'équipements, d'agents de santé pour leur prise en charge sanitaire. C'est l'occasion d’interpeller tout un chacun par rapport à leurs conditions de santé, de nourriture et autres besoins.
IM: Est ce à dire que le gouvernement n'est pas en train de faire quelque chose pour ces gens?
OM: Je me suis gardé de demander ça, d'aller demander au gouvernement ce qu'il fait et même demander à des hommes de troupe de se prononcer sur la question. J'ai tenté de ne pas apparaître en homme politique.
IM: Est ce à dire que le gouvernement n'est pas en train de faire quelque chose pour ces gens?
OM: Je me suis gardé de demander ça, d'aller demander au gouvernement ce qu'il fait et même demander à des hommes de troupe de se prononcer sur la question. J'ai tenté de ne pas apparaître en homme politique.
IM: Est-ce que l'ensemble de ces forces s’entraînent ensemble ou chacune le fait de son côté?
OM: Chacun, Ganda-Iso, Ganda Koy, les forces armées régulières, chacun s’entraîne dans de son côté. Mais, il y a des concertations entre elles. Je crois qu'il faut renforcer cette concertation, pour qu'il y ait une unicité de vue. Pour essayer de partager le sentiment qu'il faut éviter à tout prix de tomber dans l'ethnicisme et dans le règlement de compte.
OM: Chacun, Ganda-Iso, Ganda Koy, les forces armées régulières, chacun s’entraîne dans de son côté. Mais, il y a des concertations entre elles. Je crois qu'il faut renforcer cette concertation, pour qu'il y ait une unicité de vue. Pour essayer de partager le sentiment qu'il faut éviter à tout prix de tomber dans l'ethnicisme et dans le règlement de compte.
IM: Le week-end passé, une partie des forces vives de la nation se sont retrouvées à Ouagadougou pour discuter de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Pouvez-vous nous dire pourquoi le SASDI et la COPAM, qui sont des regroupements au sein desquels vous êtes actif, n'y ont pas pris part?
OM: Nous, nous estimons que la CEDEAO doit être plus conséquente. On ne peut pas aider quelqu'un sur la base de ses propres vœux sinon, ce ne serait plus de l'aide. Vous savez, nos militaires ont marqué beaucoup de recul suite à l'intervention de la CEDEAO. Sinon, à la date d'aujourd'hui, le pays serait plus calme.
OM: Nous, nous estimons que la CEDEAO doit être plus conséquente. On ne peut pas aider quelqu'un sur la base de ses propres vœux sinon, ce ne serait plus de l'aide. Vous savez, nos militaires ont marqué beaucoup de recul suite à l'intervention de la CEDEAO. Sinon, à la date d'aujourd'hui, le pays serait plus calme.
On se connaît dans ce pays. Ceux qui s'agitent au sein du FDR savent bien qu'ils ne représentent rien dans ce pays, au sein ce peuple. Ils sont ce qu'ils sont aujourd'hui grâce à la CEDEAO, la communauté internationale. Les militaires ont reculé par rapport à la pression de la communauté internationale, les politiques que nous sommes avons accepté d'aller dans un premier temps à Ougadougou rencontrer la CEDEAO par respect pour elle et pour la fraternité africaine.
Et lorsque nous sommes allés avec la convictions que nous n'avions pas d'engagement à prendre là-bas, nous avons quand même abouti à une déclaration qui nous a permis de voir dans la Constitution jusqu'à ses limites et de voir comment les forces vives, les politiques au Mali, peuvent se retrouver dans un dialogue. Je crois que cette déclaration, personne ne l'a contesté.
Il restait maintenant son application. Ce qui nécessitait un regroupement à Bamako. Mais hélas, au lieu d'aller dans le sens de Ouagadougou pour permettre à la CEDEAO de continuer de suivre le retour à la normalité démocratique, nous avons été servis par un coup d'État commandité par des commandos paras appuyés par des mercenaires venus de l'étranger. Les commanditaires de cette opération, c'est aussi des forces politiques du Mali. Allez-y dans le FDR, vous les trouverez là-bas.
Autant de problèmes qui ont retardé le retour à la normale dans notre pays. A peine sortis de cette situation que la CEDEAO nous sort de son chapeau un président de la transition. A la question que j'ai posé à BASOLE, lorsqu'il a rencontré le bureau de l'AN, sur quelle base légale, constitutionnelle, le président de la tradition était choisi? Il a eu l'honnêteté intellectuelle de répondre que ce n'était sur aucune base que Dioncounda avait été choisi. Il ne restait que la légitimité.
Comment Doincouda pouvait avoir cela sans que les forces politiques se mettent ensemble pour le désigner? Comment ces forces vont désigner Dioncounda TRAORE lorsque celui-ci, qui avait été investi par la Cours constitutionnelle de la mission d'organiser des élections présidentielles, ne soit pas venu devant le peuple pour dire qu'il en était incapable, et pour quelle raison? C'est des questions que la CEDEAO ne s'est pas posées. Parce que le schéma de la CEDEAO, c'est le retour du pouvoir D'ATT sans lui, sans son Premier ministre qu'ils ont déjà liquidé. Comme si cela ne suffisait pas, la CEDEAO sort des décisions, un jour le capitaine Aya est président, un jour, il ne l'est pas. La CEDEAO viole ses propres textes. A mon avis, la CEDEAO aurait dû simplement faire le point de sa situation avec les forces politiques. La case ne brûle pas.
Ils ne l'ont pas fait, et voilà, nous apprenons sur RFI que nous devons nous retrouver à Ouagadougou. Nous avons reçu après des coups de fil. J'en ai reçu de BASSOLE, j'en ai reçu de l'Ambassadeur du Burkina en poste à Bamako. Nous avons pris la mesure de la situation, nous avons analysé au sein de notre parti et nous avons pris la décision de ne pas y aller. Parce qu'en chaque chose, il faut un respect et le Malien aime le respect.
Vous savez, le Mali a tout le temps été comme ça. Il y a eu des Maliens qui se sont battus contre la colonisation et il y a eu des Maliens qui travaillaient pour la perpétuation de la colonisation, il y a eu des Maliens qui se sont battus pour l'Indépendance et il y a eu des Maliens qui travaillent le nid de la dépendance. Il y a eu de Maliens qui travaillent tous les jours pour que le Mali affirme sa souveraineté sur ses ressources et il y a des Maliens qui sont prêts à vendre le Mali pour leur bonheur personnel et familial.
IM: Et les Conclusions de Ouagadougou?
OM: Les décisions de la rencontre de Ouagadougou n'engagent que ceux qui ont pris ces résolutions. Mais nous sommes toujours prêts à dialoguer avec nos frères de la CEDEAO. Mais, ils doivent aussi comprendre que la CEDEAO n'est pas un instrument de coercition. Ce n'est pas un mouvement qu'il faut mettre à la disposition des ses amitiés politiques. Sinon, nous pouvons en dire beaucoup.
OM: Les décisions de la rencontre de Ouagadougou n'engagent que ceux qui ont pris ces résolutions. Mais nous sommes toujours prêts à dialoguer avec nos frères de la CEDEAO. Mais, ils doivent aussi comprendre que la CEDEAO n'est pas un instrument de coercition. Ce n'est pas un mouvement qu'il faut mettre à la disposition des ses amitiés politiques. Sinon, nous pouvons en dire beaucoup.
Quand il s'agit du destin d'un pays, les amitiés doivent se mettre entre parenthèses. Leurs amis ont mal géré le Mali, ils se sont très mal comportés, ils ont liquidé la démocratie, ils se sont enrichis, ils ont liquidé l'armée malienne. Bref, nous devons faire le point pour avancer par rapport aux intérêts de nos peuples et de l'Afrique.
IM: Est-ce possible la mise en place d'un gouvernement d'union nationale?
OM: Il faut d'abord un organe de la transition. Moi, je le dis et je le répète: nous n'avons pas encore un président de la transition.
IM: Est-ce possible la mise en place d'un gouvernement d'union nationale?
OM: Il faut d'abord un organe de la transition. Moi, je le dis et je le répète: nous n'avons pas encore un président de la transition.
Il nous faut ensuite une feuille de route. Ce qui vas nous amener à dire qu'il faut continuer avec le gouvernement actuel renforcé. C'est n'est pas une histoire d'union nationale, c'est simplement une histoire de feuille de route. Réfléchissez, si on doit mettre en place un gouvernement d'union nationale, est-ce que les gens prennent la mesure d'un gouvernement d'union national? Ce gouvernement, on ne doit le faire qu'avec ceux qui ont pris les armes au Nord. C'est ça, le gouvernement d'union nationale.
C'est-à-dire ceux qui ont pris les armes au nord (MNLA, Ançar-Dine, MUJAO, AQMI), plus ceux qui se battent contre eux, à moins qu'on ne les exclue de la nation.
Ce n'est pas ce gouvernement qu'il nous faut au Mali maintenant. Mais leur gouvernement d'union nationale à eux, c'est quoi? Ceux qui ont chuté par leur faute? C'est ceux qui veulent rentrer dans le gouvernement. Mais, ils n'ont qu'à se mettre dans d'autres dispositions pour combattre le gouvernement en place: dire qu'ils sont dans l'opposition contre ce pouvoir là, tout simplement. Mais, ils ne peuvent pas le faire parce que leurs députés viennent de faire allégeance à à l'exécutif, dans le cadre de la prolongation, en disant au Premier ministre : «Nous allons faire tout ce que vous demandez».
Ils n'ont même pas attendu que ce dernier fasse une déclaration de politique générale et donc, ils ont démontré qu'ils sont avec le pouvoir en place. Donc, il n'y a pas d'union nationale à ce niveau là. L'union nationale se fait avec deux forces opposées et qui n'arrivent pas à s'entendre pour dire qu'on se met ensemble pour gérer. A mon avis, c'est une idée complètement ridicule qui n'a pas de sens.
Une société de connivence qu'on veut créer. Ça donne le consensus national dans lequel Amadou Toumani TOURE nous a baigné pendant des années où le Mali devient un gâteau à partager, chacun doit avoir son petit morceau. Pour l'instant, nous n'avons pas besoin de cela, mais d'un gouvernement avec une feuille de route claire, avec des organes qui contrôle ce gouvernement, avec un président de la transition investi de missions. Et là, les missions sont très claires dans notre tête, très-très claires.
IM: Mais Dioncounda est là non?
OM: Mais Dioncounda TRAORE est disqualifié pour cela. A moins qu'il ne vienne s'inscrire dans la dynamique où nous devons choisir le président de la transition pour dire moi aussi, je suis candidat. En ce moment, on va voir s'il pèse par rapport à cela. Mais un président qu'on nous balance comme ça, nous ne sommes pas prêts à l'accepter. Donc, Dioncounda n'est pas le président de la transition. Dioncounda avait été investit d'une des missions de la transition pendant l'intérim, mais il n'a pas pu le faire.
Il faut d'abord qu'il nous dise si les élections étaient possibles ou pas, il ne nous a rien dit. De toute les façons, le constat est là: il faut qu'il nous dise ce qui l'a en empêché d'organiser les élections, pour que les Maliens comprennent afin qu'on avance. A défaut de ça, je ne vois pas comment il pourra diriger la transition.
IM:Qu'est-ce qui vous choque aujourd'hui sur champ politique et social ?
IM:Qu'est-ce qui vous choque aujourd'hui sur champ politique et social ?
OM: Je voudrais m'insurger contre deux idées essentielles saugrenues, qu'on balance par-ci-par-là, qu'il ne faut pas entretenir. La première Idée, c'est la guerre au Nord du Mali. Sur cette question, il y a des idées selon lesquelles certains pensent que c'est les ressortissants de cette localité qui doivent se mettre ensemble pour aller faire cette guerre.
Avec le langage qu'ils ont: «Le Mali a oublié le Nord». Le Mali, c'est qui? Ces idées, il faut les battre en brèche. C'est bien dommage que ce sont des élus nationaux qui se font le porte-parole de tels langages. Mais si l'on dissèque un peu ces élus, on va se rendre compte que ces élus ou ces hommes qui se réclament du Nord sont les fossoyeurs du Mali.
Younoussi TOURE, premier Premier ministre d'ailleurs sous Alpha Oumar KONARE, peut-il nous dire quelle force de sécurité et militaire il a laissé en termes d'organisation et d'équipements?, Ehh, Soumeylou Boubeye MAIGA, ministre de la Défense, ministre des Affaires étrangères, Directeur des services de sécurité, peut-il aujourd'hui se regarder en face et cracher sur la débandade de l'armée malienne? Soumaïla CISSE, ministre des Finances, qui a dirigé la Commission de l'UEMOA, quel type d'armée a-t-il laissé pour que son Niafunké aujourd'hui soit épargné par les rebelles? Issoufi MAIGA, Premier ministre, signataire de l'Accord de capitulation du 23 mai 2006, tous du Nord du Mali. Ces gens là, ils veulent quoi finalement? Et quand je vois mon collègue Sandji s'exciter, c'est lui qui nous a fait un rapport accablant contre le gouvernement du Mali lorsqu'ils sont allés en mission dans le cadre de la cellule de crise de l'AN à Gao et à Tombouctou.
Quand même, il pouvait reprendre ses propos d'hier aujourd'hui. Ça va édifier les Maliens. Ce jour là, il avait trouvé que le régime était complètement responsable de la situation. J'ai demandé à l'époque, le hui-clos, la dissolution du gouvernement, de leur gouvernement, ils l'on soutenu, ils ont refusé de le dissoudre.
Donc, cela veut dire qu'ils étaient d'accord avec leur gouvernement. Ils ont tout simplement critiqué et ils ont avancé. Mais, pourquoi, ils continuent, diable, à en vouloir à des gens qui ont défait ce gouvernement là? Au lieu de venir ajouter leur force à celle des autres? Je vais plus loin, Iyad Aghali, avant lui, tous ces gens, ces députés, ces hautes personnalités sont soit de l'ADEMA, je parle aussi, de Ambarcaouane, 2ème vice président de l'AN, inamovible vice président de l'AN, et Ag Erlaf qui avait des milliards à gérer et pour toute l'étendue du territoire nationale. Tous ces gens sont des responsables, de hauts cadres de l'ADEMA, de l'URD ou du PDES et tous ces trois partis politiques étaient le socle législatif et exécutif du pouvoir d'ATT.
C'est eux qui ont dirigé le Mali pendant 20 ans et voilà l'armée qu'ils nous ont servie: l'armée des quotas au moment des inscriptions, l'armée où on inscrit des handicapés, l'armée du manque de formation, l'armée sous-équipée...Voilà ce qu'ils ont servi au peuple malien. Ils sont de l'ADEMA.
Iyad est un militant de l'ADEMA, Bahanga (paix à son âme) était un conseiller municipal de l'ADEMA qui a créé une commune avec le soutien de son parti et de son gouvernement. Ag Bibi, il est de l'ADEMA. Voilà tous ces gens qui ont pris des armes là-bas et ici appartiennent à la même société, que je pourrais qualifier aujourd'hui celle d'association de malfaiteurs. Parce qu'on a jamais entendu l'ADEMA décrier une de ces personnes citées.
Et pourtant, lorsque le Pr. Ali N. DIALLO, le regretté Pr. DIOP, Salama, Marocain, Chérif, se sont manifestés contre la Constitution, nous avons vu l'ADEMA les menacer d'expulsion, de suspension du Parti. Mais, ils n'ont rien dit de leurs camarades qui ont pris les armes contre leur pays. De qui se moque-t-on dans ce pays? Mais, ces gens là, à mon avis, n'ont aucun respect pour leurs parents qui sont restés au Nord du Mali. Ils ont été insensibles à la misère de ces populations.
Vous savez, je n'ai même pas parlé de Kaidama et de ATT. La Venise malienne, la ville d'ATT, est aujourd'hui dans le noir. Et je me souvient parfaitement lorsque Amadou Toumani TOURE m'a dit un jour, lorsque je suis allé le voir pour sévir contre ceux qui sont en train d'acheter les lieux publics. Il m'a dit : «Oumar, le marché même de Mopti a été acheté par un commerçant. Il a fallu que par des bis-bis je rachète ce marché pour le mettre à la disposition des populations».
En tant que chef de l'État? Le Mali est aujourd'hui victime de leur turpitude, de leur mauvaise gestion. Et puisqu'ils n'ont pas d'autres arguments à la bouche, il faut qu'ils créent un sentiment nationaliste, chauvin, mettre les gens en conflit.
De toutes les façons, la gestion du dossier du Nord par Alpha et ATT n'a été que de corrompre les dirigeants touaregs de la rébellion et en même temps créer des conflits inter-communautaires. Dans cette logique, ils ont créé Gamou dont on fait tant les éloges et le gouvernement actuel est en train de tomber dans le piège et Ould Mélou, deux forces qui vont être utilisées par certains dirigeants de la CEDEAO pour créer la zizanie au sein de l'armée. Si le gouvernement ne le comprend pas encore, il va le comprendre dès aujourd'hui.
Au lieu de faire les éloges du Commandant GOITA, du colonel Didié, de tous ces hommes qui sont exposés aux intempéries de saisons et tout, on est en train de faire la promotion des gens qui n'ont été que des traîtres, à la solde de Alpha Oumar KONARE ou d'ATT. Cela ne peut pas continuer. Ces gens qui se débattent dans ces problèmes comme des soit-disant ressortissants du Nord ne veulent que couvrir leurs intérêts contre tout le peuple malien.
Je crois qu'il faut apprendre à décoder leurs messages. Ils font partie des problèmes du Mali, mais ils n'en sont pas une solution. La deuxième idée contre laquelle il faut aller contre, c'est de comprendre que les forces de la CEDEAO ne libéreront pas notre pays. Ils ne viendront jamais pour se battre. Ils seront comme des mercenaires, payés par le système de Nations-unies. Tant que la guerre durera, ils supporteront. Ils viennent servir de forces d'interposition pour permettre à des négociants de nous servir encore des accords qu'on ne pourra pas tenir.
De ce point de vue, la question ne pourra pas être résolue par les forces de la CEDEAO. Vous savez que ce sont ces mêmes forces, certains commanditaires de la CEDAO et des forces qui sont dans le FDR qui sont responsables du fait que l'armée tarde à avoir la plénitude de ses moyens en termes d'équipements.
Dieu merci, d'après ce qu'un soldat m'a dit, nous avons tout ce qu'il nous faut aujourd'hui pour aller en avant dans cette guerre là et c'est vrai. Mais il ne faut pas simplement faire la guerre, il faut la tenir, il faut la gagner. Si l'option de la guerre s'affirmait comme la solution incontournable, le Mali va la faire et la gagner. Si j'entends dire des gens de Ganda-Iso, de Gandakoye : « Si on nous impose la guerre, on va la faire ». Cela veut dire profondément : « Si on ne nous impose pas la guerre, nous ne la feront pas».
Cela veut dire que nous devons demander à toutes les forces qui ont pris les armes de les déposer, de rentrer dans le dialogue, dans le débat pour la construction d'un nouveau Mali. Pour un Mali laïc, Républicain, unitaire et qui doit assurer le bonheur pou tous ses enfants dans le cadre d'une économie industrielle.
IM:Est-ce possible étant donné que des gens parmi ceux qui ont pris des armes ont tué beaucoup de Maliens.
OM: Oui, tout cela se traite. Des gens ont commis des actes, des crimes. Ces crimes qui ont été posés doivent être posés de la même manière que le dialogue doit se faire. Ce n'est pas une chose facile. Vous savez, nous sommes en train de traîner encore les séquelles des massacres que nous avons connues en mars 1991.
OM: Oui, tout cela se traite. Des gens ont commis des actes, des crimes. Ces crimes qui ont été posés doivent être posés de la même manière que le dialogue doit se faire. Ce n'est pas une chose facile. Vous savez, nous sommes en train de traîner encore les séquelles des massacres que nous avons connues en mars 1991.
Ce qui s'est passé au Nord est plus grave. Cela veut dire que la nation malienne mettra du temps à panser ses plaies même si par la guerre nous arrivons à gagner systématiquement. Dans tous les cas, une nation qui a su mettre fin aux guerres fratricides entre les différentes communautés pour se remettre ensemble (Kurukan-fuga), il n'y a pas de chose impossible pour cette nation. Je pense simplement que je suis un homme ardemment engagé pour la justice, je ne peux pas faire l'économie de la justice. Mais comment cette justice doit être conduite ? Il appartient au peuple malien d'en déterminer les contours.
Entretien réalisé Par Sidi DAO
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