mardi 31 juillet 2012

MALI:Le FDR demande la démission du PM et de son gouvernement


Dans un précédent message juste après le mini sommet de Ouagadougou, au vu d'un article du même genre intitulé: "Dr Cheick Modibo Diarra: cet homme est dangereux" je mettais en garde contre l'intoxication. Ayant échoué dans la tentative de renversement du gouvernement CMD à Ouaga, le FDR qui avait beaucoup travaillé à cette fin, ne s'était pas avoué vaincu pour autant. Un dénigrement systématique a même été commandité à Jeune Afrique; ce que des patriotes ne feraient jamais. Les membres de ce regroupement hétéroclite ont un seul point d'intérêt commun: être coûte que coûte dans le gouvernement de transition, et pour des motifs différents ( pour certains, faire tout pour échapper à d'éventuelles poursuites judiciaires pour les actes de gestion graves posés ces 20 dernières années, pour d'autres avoir l'opportunité de bouffer dans la grande mangeoire nationale, ou encore êviter d'être interpellé pour des actes plus récents de haute trahison, etc). Ayant eu l'avantage de connaître de près la majeure partie de ces membres pour les avoir côtoyés, depuis 1969/70 pour certains, quand nous étions encore responsables du mouvement étudiantin malien, j'affirme haut et fort que la raison première de toute cette agitation fébrile est tout sauf la sauvegarde de la démocratie et de la patrie. La manipulation volontaire des faits à des fins inavouées et inavouables est devenue un exercice national favori au mépris de notre priorité première qui demeure la reconquête de notre intégrité territoriale.
Revenons sur l'agression physique des journalistes. Soyons clairs, je la condamne sans réserve , comme je l'ai fait pour tous les autres cas similaires depuis 20 ans. Mais je refuse que cela soit instrumentalisé y compris par la CEDEAO pour justifier davantage une intervention à Bamako pour soit disant sécuriser la transition. Pour ceux qui les auraient éventuellement oubliés, je voudrais apporter un petit coup de rafraichissement de mémoire, car ce n'est pas la première fois ni dans notre pays seulement que la presse a des problémes. Et j'étais surpris le vendredi dernier devant le petit écran d'entendre M. Makan Koné Président de la Maison de la presse dire que jamais les journalistes maliens n'avaient subi d'agressions aussi graves que ces 3 derniers mois (sous entendu, depuis le coup d'Etat). Son jeune âge ne peut être une excuse pour l'oubli de faits tout aussi sinon plus graves qui se sont passés: Belco Tamboura, Rédacteur en Chef de l'Aurore, en 1996, sous Alpha, donc en plein régime démocratique, a été molesté et s'en est sorti avec un bras cassé et des douleurs aux côtes, sans que cette levée de bouclier n'ait lieu et Jeune Afrique n'avait pas titré en première page " Bamako: Peur sur la ville". Cheick Oumar Konaré, jeune journaliste téméraire qui officiait à Info Matin à la même époque, a été enlevé par des hommes encagoulés, emmené en dehors de la ville et sérieusement molesté. Dans une conférence de presse qu'il a tenu juste après ce molestage, il a déclaré abandonner le journalisme définitivement à partir de cet acte. Tous les démocrates qui crient au scandale aujourd'hui étaient bel et bien présents et acteurs de la scène politique.
Sous ATT, Hamidou Diarra dit Dragon, a été enlevé en plein jour au sortir d'une émission à Radio Klédu par des inconnus à bord d'un véhicule 4x4 de couleur rouge dont on avait enlevé les plaques d'immatriculation. Il a été emmené sur la route de Kati dans les environs de la station d'antennes de l'ORTM, tabassé sérieusement et la plante des pieds fendillée avec des tessons de bouteille et abandonné. S'y ajoute l'épisode de la "Maitresse du Président", ou des chefs de rédactions de journaux ont séjourné en prison à Bamakocoura pour avoir reproduit le fameux article en guise de solidarité avec leur confrère arrêté.
Je ne parlerai pas des scandales et décès non élucidés à ce jour tels la mort du Commando Parachutiste Siaka Koné, celle de Kadari Bamba, dont la voiture a été percutée par (coïncidence?) une 4x4 rouge appartenant à l'aide de camp d'ATT, Abidine Guindo. Le chauffeur n'a jamais été inquiété et celui de Kadari (qu'on venait de lui affecter tout juste), après avoir été rapidement entendu, n'a plus jamais été interpellé sur l'accident et curieusement depuis ce décès il n'a plus apparu dans la famille de Kadari (que je fréquente régulièrement) même pour les obsèques. Bien que Kadari fût député à l'époque, je n'ai pas entendu l'Assemblée nationale insister pour faire toute la lumière sur cette affaire. On ne pourra pas me convaincre qu'il y a eu un brusque sursaut de conscience chez cette classe politique qui serait à la base de son agitation actuelle. Comme dans le cas de l'agression physique de Dioncounda Traoré, à qui je souhaite bon retour au pays. Là aussi, je condamne fermement l'acte posé. Mais, comme je l'ai rappelé dans un message précédent, ATT, alors Président, a essuyé, dans les mêmes locaux de la Présidence, des jets de chaussures, pierre et sachets d'eau le jour de la colère des épouses des militaires; cela n'avait pas créé autant d'émotion. Je connais le jugement des principaux acteurs du FDR sur Dioncounda et je suis convaincu que l'intéressé le sait aussi; tout comme je suis convaincu qu'il sait, ou s'est rendu compte qu'ils l'instrumentalisent pour des desseins inavoués. Dans le cas de l'agression en question, les enquêtes en cours (cela a été confirmé par le Ministre de la Justice, contrairement à ce que le FDR distille comme élément d'incompétence du gouvernement) feront, je l'espère, toute la lumière sur cette affaire. Je comprends que certains acteurs veulent des enquêtes rapides (en fait bâclées) parce qu'ils ont des coupables tout désignés. Comme dans le cas des crimes parfaits au cinéma, j'ai le sentiment que les criminels ne sont pas forcément ceux que les faits apparents semblent désigner logiquement. Patience, on y arrivera, j'en suis sûr. Tout comme on découvrira que la gravité déclarée du traumatisme physique de Dioncounda, sa non protection par les forces de l'ordre et son évacuation médicale sur Paris ont fait partie d'une dangereuse manipulation pour justifier l'intervention de la CEDEAO à Bamako, alors que c'est le Nord de notre pays qui est notre priorité. Comment comprendre, en effet, qu'une personne de 70 ans qui a reçu un coup de marteau sur la tête, provoquant "un affaissement crânien" (les termes sont textuellement d'un député), donc fracture brutale avec émiettement éventuel d'os crâniens, a pu retrouver ses esprits aussi vite. Sans être médecin, on peut aisément conclure que ce choc entraine forcément une hémorragie cérébrale grave. Or, tout le monde, ou du moins ceux qui ont suivi les informations de l'ORTM le lendemain de l'agression ont appris que Dioncounda, malgré des blessures légères à l'arcade sourcilière, se remet de ses blessures et a même rejoint son bureau. Un Ministre qui l'a vu ce jour en compagnie du Premier Ministre m'a affirmé qu'ils ont bien "rigolé" et il lui a même donné des tapes amicales dans le dos. Il fait partie de ceux qui étaient surpris d'entendre qu'il y avait évacuation sanitaire le même jour. Si la situation sanitaire s'était si brusquement détériorée au point de nécessiter une évacuation sur un hôpital spécialisé, pourquoi l'avion spécial affrêté n'était pas médicalisé, sachant qu'au décollage comme à l'atterrissage, la variation de la pression dans l'avion pose problème même aux personnes normales à fortiori à quelqu'un qui n'a plus les os crâniens en place. Il arrive à Paris par Orly au lieu de Charles de Gaule, aéroport d'accueil usuel des avions d'Afrique. A l'accueil, au lieu d'être attendu, après 5 heures de vol sans soins particuliers, par une ambulance, ce sont des voitures officielles qui sont là, qui l'emmènent à l'hôtel directement au lieu de l'hôpital. Et c'est bien plus tard à 14 h qu'il va à son premier RDV médical alors qu'il est arrivé vers 6h du matin à Paris. Avouez que tout cela échappe quelque peu à la logique et est troublant. Et c'est sur place que l'on juge sa situation plus grave que ce que l'on pensait, qui nécessite des soins prolongés. Après, on nous dit que d'ailleurs, il avait déjà un RDV programmé avec son cardiologue avant l'agression.
Les forces de la CEDEAO, parlons-en! La CEDEAO a indiqué clairement que pour intervenir au Mali, elle dispose d'un effectif humain de 3300 hommes appelée forces d'attente, mais qu'elle a besoin de la logistique étrangère pour les mettre en route. En clair, elle n'a pas de moyens propres pour les besoins de la cause, même si elle fait beaucoup d'agitations. Et de toute façon, elle claironne comme le FDR que la priorité est à Bamako et non la libération du Nord qui doit attendre que l'on donne d'abord le pouvoir à "ceux qui sont faits pour cela" et cela de gré ou de force, même s'ils sont eux-mêmes opposés à la prise du pouvoir (par les autres, bien entendu) par la force.
La CEDEAO, encore une fois, ne viendra pas libérer notre Nord à notre place. S'en convaincre une fois pour toutes et le plus tôt sera le début de la solution.
K. SANOGO

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