Dans un précédent message juste après le mini sommet de Ouagadougou, au vu d'un article du même genre intitulé: "Dr Cheick Modibo Diarra: cet homme est dangereux" je
mettais en garde contre l'intoxication. Ayant échoué dans la tentative
de renversement du gouvernement CMD à Ouaga, le FDR qui avait beaucoup
travaillé à cette fin, ne s'était pas avoué vaincu pour autant. Un
dénigrement systématique a même été commandité à Jeune Afrique; ce que
des patriotes ne feraient jamais. Les membres de ce regroupement
hétéroclite ont un seul point d'intérêt commun: être coûte que coûte
dans le gouvernement de transition, et pour des motifs différents ( pour
certains, faire tout pour échapper à d'éventuelles poursuites
judiciaires pour les actes de gestion graves posés
ces 20 dernières années, pour d'autres avoir l'opportunité de bouffer
dans la grande mangeoire nationale, ou encore êviter d'être interpellé
pour des actes plus récents de haute trahison, etc). Ayant eu l'avantage
de connaître de près la majeure partie de ces membres pour les avoir
côtoyés, depuis 1969/70 pour certains, quand nous étions encore
responsables du mouvement étudiantin malien, j'affirme haut et fort que
la raison première de toute cette agitation fébrile est tout sauf la
sauvegarde de la démocratie et de la patrie. La manipulation volontaire
des faits à des fins inavouées et inavouables est devenue un exercice
national favori au mépris de notre priorité première qui demeure la
reconquête de notre intégrité territoriale.
Revenons sur
l'agression physique des journalistes. Soyons clairs, je la condamne
sans réserve , comme je l'ai fait pour tous les autres cas similaires
depuis 20 ans. Mais je refuse que cela soit instrumentalisé y compris
par la CEDEAO pour justifier davantage une intervention à Bamako pour
soit disant sécuriser la transition. Pour ceux qui les auraient
éventuellement oubliés, je voudrais apporter un petit coup de
rafraichissement de mémoire, car ce n'est pas la première fois ni dans
notre pays seulement que la presse a des problémes. Et j'étais surpris
le vendredi dernier devant le petit écran d'entendre M. Makan Koné
Président de la Maison de la presse dire que jamais les journalistes
maliens n'avaient subi d'agressions aussi graves que ces 3 derniers mois
(sous entendu, depuis le coup d'Etat). Son jeune âge ne peut être une
excuse pour l'oubli de faits
tout aussi sinon plus graves qui se sont passés: Belco Tamboura, Rédacteur en Chef de l'Aurore, en 1996, sous Alpha, donc en plein régime démocratique, a été molesté et s'en est sorti avec un bras cassé et des douleurs aux côtes, sans que cette levée de bouclier n'ait lieu et Jeune Afrique n'avait pas titré en première page " Bamako:
Peur sur la ville". Cheick Oumar Konaré, jeune journaliste téméraire
qui officiait à Info Matin à la même époque, a été enlevé par des hommes
encagoulés, emmené en dehors de la ville et sérieusement molesté. Dans
une conférence de presse qu'il a tenu juste après ce molestage, il a
déclaré abandonner le journalisme définitivement à partir de cet acte. Tous les démocrates qui crient au scandale aujourd'hui étaient bel et bien présents et acteurs de la scène politique.
Sous ATT, Hamidou Diarra dit Dragon, a
été enlevé en plein jour au sortir d'une émission à Radio Klédu par des
inconnus à bord d'un véhicule 4x4 de couleur rouge dont on avait enlevé
les plaques d'immatriculation. Il a été emmené sur la route de
Kati dans les environs de la station d'antennes de l'ORTM, tabassé
sérieusement et la plante des pieds fendillée avec des tessons de
bouteille et abandonné. S'y ajoute l'épisode de la "Maitresse du
Président", ou des chefs de rédactions de journaux ont séjourné en
prison à Bamakocoura pour avoir reproduit le fameux article en guise de
solidarité avec leur confrère arrêté.
Je ne parlerai pas des
scandales et décès non élucidés à ce jour tels la mort du Commando
Parachutiste Siaka Koné, celle de Kadari Bamba, dont la voiture a été
percutée par (coïncidence?) une 4x4 rouge appartenant à l'aide de camp
d'ATT, Abidine Guindo. Le chauffeur n'a jamais été inquiété et celui de
Kadari (qu'on venait de lui affecter tout juste), après avoir été
rapidement entendu, n'a plus jamais été interpellé sur l'accident et
curieusement depuis ce décès il n'a plus apparu dans la famille de
Kadari (que je fréquente régulièrement) même pour les obsèques. Bien que
Kadari fût député à l'époque, je n'ai pas entendu l'Assemblée nationale
insister pour faire toute la lumière sur cette affaire. On ne pourra
pas me convaincre qu'il y a eu un brusque sursaut de conscience chez
cette classe politique qui serait à la base de son agitation
actuelle. Comme dans le cas de l'agression physique de Dioncounda Traoré,
à qui je souhaite bon retour au pays. Là aussi, je condamne fermement
l'acte posé. Mais, comme je l'ai rappelé dans un message précédent, ATT,
alors Président, a essuyé, dans les mêmes locaux de la Présidence, des
jets de chaussures, pierre et sachets d'eau le jour de la colère des
épouses des militaires; cela n'avait pas créé autant d'émotion. Je
connais le jugement des principaux acteurs du FDR sur Dioncounda et je
suis convaincu que l'intéressé le sait aussi; tout comme je suis
convaincu qu'il sait, ou s'est rendu compte qu'ils l'instrumentalisent
pour des desseins inavoués. Dans le cas de l'agression en question, les
enquêtes en cours (cela a été confirmé par le Ministre de la Justice,
contrairement à ce que le FDR distille comme élément d'incompétence du
gouvernement) feront, je l'espère, toute la lumière sur cette affaire.
Je
comprends que certains acteurs veulent des enquêtes rapides (en fait
bâclées) parce qu'ils ont des coupables tout désignés. Comme dans le cas
des crimes parfaits au cinéma, j'ai le sentiment que les criminels ne
sont pas forcément ceux que les faits apparents semblent désigner
logiquement. Patience, on y arrivera, j'en suis sûr. Tout comme on
découvrira que la gravité déclarée du traumatisme physique de
Dioncounda, sa non protection par les forces de l'ordre et son
évacuation médicale sur Paris ont fait partie d'une dangereuse
manipulation pour justifier l'intervention de la CEDEAO à Bamako, alors
que c'est le Nord de notre pays qui est notre priorité. Comment
comprendre, en effet, qu'une personne de 70 ans qui a reçu un coup de
marteau sur la tête, provoquant "un affaissement crânien" (les
termes sont textuellement d'un député), donc fracture brutale avec
émiettement éventuel d'os crâniens, a pu retrouver ses
esprits aussi vite. Sans être médecin, on peut aisément conclure que ce
choc entraine forcément une hémorragie cérébrale grave. Or, tout le
monde, ou du moins ceux qui ont suivi les informations de l'ORTM le
lendemain de l'agression ont appris que Dioncounda, malgré des blessures
légères à l'arcade sourcilière, se remet de ses blessures et a même
rejoint son bureau. Un Ministre qui l'a vu ce jour en compagnie du
Premier Ministre m'a affirmé qu'ils ont bien "rigolé" et il lui a même
donné des tapes amicales dans le dos. Il fait partie de ceux qui étaient
surpris d'entendre qu'il y avait évacuation sanitaire le même jour. Si
la situation sanitaire s'était si brusquement détériorée au point de
nécessiter une évacuation sur un hôpital spécialisé, pourquoi l'avion
spécial affrêté n'était pas médicalisé, sachant qu'au décollage comme à
l'atterrissage, la variation de la pression dans l'avion pose problème
même aux
personnes normales à fortiori à quelqu'un qui n'a plus les os crâniens
en place. Il arrive à Paris par Orly au lieu de Charles de Gaule,
aéroport d'accueil usuel des avions d'Afrique. A l'accueil, au lieu
d'être attendu, après 5 heures de vol sans soins particuliers, par une
ambulance, ce sont des voitures officielles qui sont là, qui l'emmènent à
l'hôtel directement au lieu de l'hôpital. Et c'est bien plus tard à 14 h
qu'il va à son premier RDV médical alors qu'il est arrivé vers 6h du
matin à Paris. Avouez que tout cela échappe quelque peu à la logique et
est troublant. Et c'est sur place que l'on juge sa situation plus grave
que ce que l'on pensait, qui nécessite des soins prolongés. Après, on
nous dit que d'ailleurs, il avait déjà un RDV programmé avec son
cardiologue avant l'agression.
Les forces de la
CEDEAO, parlons-en! La CEDEAO a indiqué clairement que pour intervenir
au Mali, elle dispose d'un effectif humain de 3300 hommes appelée forces
d'attente, mais qu'elle a besoin de la logistique étrangère pour les
mettre en route. En clair, elle n'a pas de moyens propres pour les
besoins de la cause, même si elle fait beaucoup d'agitations. Et de
toute façon, elle claironne comme le FDR que la priorité est à Bamako et
non la libération du Nord qui doit attendre que l'on donne d'abord le
pouvoir à "ceux qui sont faits pour cela" et cela de gré ou de force,
même s'ils sont eux-mêmes opposés à la prise du pouvoir (par les autres,
bien entendu) par la force.
La CEDEAO, encore une
fois, ne viendra pas libérer notre Nord à notre place. S'en convaincre
une fois pour toutes et le plus tôt sera le début de la solution.
K. SANOGO
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