lundi 4 février 2013

Mali : occupation armée des régions du Nord par les terroristes, un évènement, une grande leçon !


 

Qui veut vraiment la paix, dans la joie de vivre, prépare sérieusement la guerre en s’attaquant sans état  d’âme à tout  ce qui est  susceptible,  d’entraver la réalisation de cet objectif. Tout Etat qui fait fi de cette vérité, jamais démentie par l’histoire, verra impuissant tomber sur sa tête, les foudres de la guerre. Le Mali aujourd’hui hélas, l’apprend à ses dépens. Dommage !

La situation dramatique que nous vivons aujourd’hui dans l’indignation, la colère, l’humiliation et l’amertume ne résulte-t-elle pas des conséquences de mauvais choix politiques, des jeux d’intérêt de la classe politique, du manque de vision éclairée, du laxisme et de la gestion solitaire et clanique des affaires de l’Etat ? Jamais au Mali, depuis 50 ans, un évènement n’a aussi indigné et préoccupé les Maliens. Partout, dans les familles, les bureaux, les rues, les marchés, les foires, sur les places publiques et les chantiers , les populations, hommes, femmes, jeunes et vieux n’ont autant parlé et discuté d’un sujet comme celui-ci. Quand en novembre 2011, timidement éclata la crise aucune institution, même l’Assemblée Nationale ; encore moins la classe politique dans son ensemble, n’a élevé la voix pour signaler le danger qui guettait le pays, ni posé des actes conséquents  pour le prévenir. Tous presque, par opportunisme et dans la cécité politique totale étaient préoccupés seulement par les élections et leur tenue à la date indiquée d’avril 2012. Au même moment, en amont, la mise en œuvre de la manière la plus atroce du projet d’occupation du pays par des écervelés bien armés, déterminés, habiles et rusés, prêts à tout,  était en voie de réalisation. Il ne pouvait avoir pour l’Etat et les partis politiques, meilleur catalyseur  que le carnage de janvier 2012 par les rebelles ; pour la prise très au sérieux du problème. Hélas ! Nous avons continué à nous fonder avec des pays voisins complices sur le dialogue, la négociation qui, aux yeux des envahisseurs n’avaient aucune importance. Seuls comptaient pour les Jihadistes, leur dessin satanique, la partition du pays et l’implantation de l’Etat de leur entendement, l’Etat d’un temps révolu.

Après le coup d’Etat du 22 mars, survenu dans une situation de morosité totale, condamné en bloc par la communauté internationale, la CEDEAO et les sanctions prises par celle-ci et autres organisations africaines contre le Mali, au mépris total des sentiments de soulagement et de satisfaction du peuple malien dans la majorité, les décideurs et acteurs politiques n’ont pu se mettre en selle pour promptement endiguer la descente programmée aux enfers du pays par le Mouvement National de Libération de l’Azawade (MNLA) et ses acolytes de tous bords. De la cacophonie à tous les niveaux, des exigences pour la tenue des élections au bout d’un mois, des déclarations et affirmations creuses, des rencontres sans issue dans la discorde : Ouaga I et II et pire dans l’ignorance totale de l’état piteux, dans lequel était notre Etat, incapable d’assurer pour peu qu’il soit, sa propre défense. Que de temps perdu ! Que de fractures sociales ! Que de gâchis !  Pendant neuf (9) mois, l’action insolite, trompeuse et calomnieuse à l’extérieur, comme à l’intérieur du pays, de militants (pas des moindres) de partis politiques maintint longtemps le pays dans l’expectative et les partenaires au développement dans une sorte d’attentisme et d’hésitation, avant de pouvoir effectivement mais difficilement les convaincre à rallier la cause. Cela permit aux bandits et apatrides de grosses pointures d’occuper et de s’installer dans les régions Nord, en y commettant dans l’arrogance et sans état d’âme des atrocités,  toutes sortes d’abus, même les plus inhumains. N’eût été l’intervention de justesse de la France de HOLLANDE, réponse à la demande du Mali, face à la détermination des soit disant fous de Dieu et leur supériorité militaire, rien n’aurait empêché  la prise de Sévaré et pourquoi pas Ségou et Bamako dans les jours suivants. Aux remerciements des populations du Nord et du peuple malien à HOLLANDE et à la France, je joins sincèrement les miens.

 Dans la grande incertitude, il y a quelques mois ; des lueurs d’espoir sur la fin de la guerre par notre victoire sans hypothèque, planaient par l’avancée réconfortante des troupes. Mais l’évolution des évènements dans les dernières 48 heures (journées des 30 et 31 janvier 2013) par la présence des troupes du MNLA à Kidal, s’opposant à la présence des troupes maliennes et africaines dans la région (dans un accord tacite avec qui ? ) et l’ouverture (possible) des négociations avec les troupes rebelles, le MNLA en tête, demandée par la France et ce, malgré l’avis contraire de la majorité des députés, à la séance du 29 janvier 2013 de notre Assemblée Nationale, laisse perplexe, quant à la fin définitive  des hostilités et des revendications des rebelles.

Tout compte fait, dès la fin de la guerre, il va s’agir pour les décideurs  de tirer toutes les leçons des erreurs et des fautes commises dans la gestion de cette crise, pour une meilleure conduite des affaires de l’Etat, pour qu’enfin le Mali renaisse par la participation responsable de tous, par le sérieux, le travail bien fait, l’effort et le mérite. Quant à la classe politique, elle doit avec plus de sérieux et d’engagement, dans les faits et par des actes imprimer à la politique tout son sens, toutes ses vertus. Après vingt (20) années de multipartisme chaotique, de démocratie de façade et une telle crise, conduire les destinées du Mali sans la tenue de concertations nationales, malgré l’urgence de calendrier, est une erreur, même une faute. L’Assemblée Nationale l’a voté. L’histoire jugera.

  Après les échecs cuisants, qu’ont été des décennies durant, les résultats de l’application de 44 années de politiques inappropriées, parce que incohérentes ;  de suivisme et d’imitations stériles, n’ayant jamais fait l’objet d’analyse et de critique sérieuses et responsables face aux intérêts du pays,  le moment est venu pour nous, de penser sérieusement par nous-mêmes, en nous fondant sur nos valeurs sociétales (positives) pour la construction d’une société de bonheur pour tous, en laquelle nous nous reconnaissons. En 50 années d’indépendance, le Mali tel qu’il fut, aujourd’hui,  ne devrait aucunement se trouver  d’une manière générale,  à ce niveau moral et de vie si bas. Un fait à prendre bien en compte ! Seuls les grands hommes d’Etat bâtissent en changeant même parfois le cours de l’histoire.                                                                  

                                                                                                                  Vive le Mali !

                                                                                                       
                                                                                                                                       Sékou KEITA

                                                                                                                                          

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