jeudi 7 février 2013

ALGÉRIE (Petite Kabylie). L’amputation à l’hôpital de Sétif : « Un parcours du combattant »… infernal

TRIBUNE LIBRE DE DJERRAD AMAR

Au CHU de Sétif il n’est pas possible de vous faire amputer d’un membre si vous êtes atteint d’une gangrène ou nécrose des tissus. Vous pouvez surmonter tous les obstacles, mais pour vous retrouver au point de départ.
sétifQui doit faire quoi et comment personne ne le sait même les responsables. Chacun renvoie la responsabilité sur l’autre et les choses sont tellement diluées que personne n’apparaît responsable. Aucun des directeurs qui se sont succédé n’est arrivé à le résoudre et aucun des responsables médecins ne veut (ou peut) contribuer à la solution. Bien sûr que vous retrouverez un médecin qui vous expliquera la situation, vous donnera «ses» raisons et vous orientera vers un service, lequel médecin de ce service vous rabâchera les mêmes arguments en vous réorientant vers un autre service et ainsi de suite pour vous voir arriver dirigé vers le premier médecin. Tout est bluff et mensonge. Vous passerez ainsi toute la journée sans résultat.
Selon nos constatations, il y a bien un vrai problème de prise en charge des malades « candidats » à l’amputation qui dure, semble-t-il, depuis près de 10 ans. Combien de malades sont morts de cette carence ou ont fui l’hôpital faute d’une prise en charge sérieuse; préférant aller ailleurs ou mourir chez soi ? Un camouflet pour les médecins ! Il y a actuellement un patient, dans le service de cardiologie, qui attend depuis plus de 25 jours une amputation. Le comble !!! Il est fort à parier qu’il ne le sera pas et qu’il fuira comme ceux qui l’ont précédé. Si vous revenez le lendemain, c’est le même parcours qui vous sera imposé toujours sans suite ! Pourquoi et comment ? C’est simple et compliqué à la foi. Selon nos informations ce problème est propre à Sétif. Il y aurait un insoluble problème de coordination dû à une inconciliable mésentente, neutralisante, du corps des médecins qui a sombré dans le clanisme voir le lobbying. Une guéguerre mine cet hôpital. L’antagonisme et l’influence de ces clans ont atteint un degré où même l’administration n’a plus d’influence. La conséquence est que ce sont, comme toujours, les malades qui en paient le prix. Nous défions quiconque des simples citoyens (qui représentent 95% de la population) s’il est capable, de réussir à faire amputer un malade à l’hôpital de Sétif. Même les supplications pour vous faire couper une jambe, pour éviter une mort certaine, ne font pas mouche !
Plusieurs cas de malades (hors amputation) en sont morts par négligence comme ce simple cas d’un malade qui s’est présenté lui-même pour consultation, admis pour cause de «varices œsophagiques» mais qui est décédé au 4e jour. Durant les 3 premiers jours, aucun soin «approprié» ne lui a été prodigué. Mort d’une hémorragie, personne n’a pris la peine de lui placer une simple «sonde de Blackmouth». Au 4e jour c’était trop tard. Ou bien cet enfant, âgé de 3 ans, mort des suites d’une grave brûlure, mais surtout « d’une suite successive de négligences du personnel médical du CHU de Sétif » selon les parents qui ont déposé une plainte «pour non-assistance médicale». Combien de cas, dus à la négligence, peuvent vous citer les Sétifiens qui ne font plus confiance à cet hôpital et à ses médecins. Souvent aussi, les actes médicaux les plus élémentaires ne sont pas assurés par ce centre (radio, scanner, analyses, etc.) Faut-il aussi ramener son médecin, son infirmier et ses médicaments? On n’en est pas loin !
Qui n’a pas, ici, une terrible frayeur de se voir orienté vers cet hôpital? L’autre crainte est de se voir aussi refusé par d’autres hôpitaux d’autres wilayas à cause du lieu de résidence ! Il y a vraiment de graves défaillances dans cette structure qui a vu, encore, un nouveau Directeur installé depuis 2 mois seulement. Mais est-ce un problème de Directeurs ? Non ! Les médecins-chefs de service assument la plus grande part de responsabilité sur ce qui s’y déroule comme carences ! Quand une douzaine de «profs» et une armée de médecins-assistants et de résidents sont incapables de faire fonctionner, de façon normale, un petit hôpital, il y a de quoi être profondément inquiet.
Le collectif des médecins doit au plus vite, avec l’administration, trouver une solution à ce problème grave, qui a trop duré, qui ne nécessite rien de particulier ou d’insurmontable que la réunion, autour d’une table, des médecins responsables pour mettre au point une procédure en concertation. Ce sont des spécialistes, ils savent donc le faire. L’administration suivra en mettant les moyens appropriés. Quant à laisser les choses s’envenimer en se regardant en chiens de faïence ce n’est à l’avantage de personne ; ni des médecins, ni de leur métier, ni de l’hôpital, ni des malades. De là, quel rôle joue donc leur « conseil scientifique » ? Il est mesquin et honteux qu’à ces niveaux et grades on en arrive à des querelles de clocher pour salir un métier sacré. Il faut voir les critiques acerbes des citoyens sétifiens contre cet hôpital qu’ils vouent aux gémonies en l’apparentant à un mouroir. Un médecin nous a avoué que, lui-même, est tourmenté à l’idée de tomber malade et d’être admis dans cet hôpital.
Combien d’articles dénonciateurs ont été publiés sur ce CHU sans suite ou sans voir une quelconque amélioration dans la qualité des soins et de prise en charge. Ce CHU serait catégorisé «inclassable» si l’on venait à faire un audit pour un classement. Aux « Urgences » c’est le sens dessus dessous….Mieux vaut passer, car, même les pays moins lotis n’ont pas ces carences ! Il y a de quoi s’arracher les cheveux sur le niveau de déliquescence auquel nous en sommes arrivées ! Il doit y avoir une ‘main’ manipulatrice qui cherche le désordre en visant ce secteur aussi vital.
Toute institution n’est jugée que par la qualité des prestations qu’elle fournit. Tous les diplômes, y compris ceux dits « nobles », ainsi que les ’’publications’’ ne valent que par l’usage qu’on en fait dans l’intérêt des malades, sinon c’est de la diversion, voire de l’incompétence.
L’hôpital de Sétif doit au plus vite se mettre à niveau d’abord afin d’assurer le minimum exigé en médecine avant de s’en prévaloir comme Centre hospitalo-universitaire. Les responsables du secteur doivent intervenir, au plus vite, pour assainir ce secteur vital en mettant fin au galvaudage, à l’absentéisme, aux gardes ’’chez soi’’, à la paresse et aux fourberies.

Djerrad Amar

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