vendredi 30 mars 2012
Ouattara, la CEDEAO et les manœuvres françaises au Mali
A DÉFAUT d’avoir une base française au Mali, nous risquons - avec
ou sans l’aile protectrice de la force Licorne ? d’avoir les troupes
d’Alassane Ouattara, « l’élu « ivoirien de Sarkozy, à nos frontières
Sud. Car, voyez-vous, la CEDEAO réunie en urgence a décidé d’agir pour
ramener le Mali dans l’ordre démocratique. Bien sûr et comme par
hasard la CEDEAO, à l’image de la France, ne demande pas le retour
d’ATT au pouvoir, mais des élections le plus vite possible.
ATT est selon le calendrier français, un homme politiquement mort après
avoir refusé de faciliter une présence militaire française sur le sol de
son pays. À tous les naïfs qui se demandaient pourquoi avoir précipité
son départ par un coup d’Etat aléatoire, alors qu’il devait quitter
le pouvoir dans quelques semaines seulement et pourquoi la France a
fourni tant d’efforts pour paraître aussi distante de ce coup d’Etat
qu’elle a inspiré, il y a lieu de rappeler qu’ATT représentait des
forces politiques et sociales qui ont pesé de leur poids et dans son
refus d’une base française et dans son évolution à l’endroit de
l’Algérie et de la démarche globale pour la solution des problèmes à
l’origine de l’instabilité du Nord Mali. Il apparaît aujourd’hui
clairement - et à la lumière des déclarations officielles françaises -
qu’il faut vite passer à l’après-ATT. Et donc, que ce coup d’Etat
devait
éloigner des centres de décision ces forces (que représente ATT,
NDLR), les neutraliser et les empêcher ainsi qu’ATT lui-même de peser
sur les prochaines élections et par là, de faire élire un ATT bis qui.
Que reproche fondamentalement la France à ATT ? De s’éloigner des
conclusions de la conférence antiterroriste du G8 qui s’est tenue les
13 et 14 octobre 2010 à Bamako à l’instigation de la France, en
l’absence de l’Algérie et en présence du Maroc. Chacun peut
comprendre que les dirigeants maliens aient été séduits, en octobre
2010, par la force de frappe financière, économique et militaire du G8.
La conférence a promis beaucoup d’aide au Mali, l’a décidé à
accepter des instructeurs étrangers tout à fait capables d’influencer
les officiers « réceptifs «, l’a persuadé d’accepter la tutelle
politique de la CEDEAO en contrepartie de promesses de développement.
Bref, c’est la victoire totale de la
France qui isole l’Algérie, introduit son allié marocain, s’assure
une influence militaire et accrue dans un pays qui lui échappait
totalement en 1960. En moins d’une année les dirigeants maliens avec
ATT en tête s’aperçoivent que les promesses du G8 n’étaient que du
vent et se rapprochent de nouveau de l’Algérie car l’unité du Mali
était en danger sous le poids des problèmes socio-économiques qui
alimentaient les conflits au Nord Mali jusqu’au risque de sécession.
Pour la France, Il fallait stopper cette correction au plus vite et
empêcher ATT et ses soutiens de lui imposer une continuité en
influant sur le choix électoral.
Ce coup d’Etat avait ce seul but. En demandant des élections au plus
vite, la France récupère pour elle un pays politiquement vacant entre un
putsch et des élections. Comment s’en assurer ? Rien de plus qu’en
utilisant la CEDEAO dirigée par l’obligé de la France, le supplétif
Ouattara et non moins élu de la MINURSO et de la force Licorne. Avec la
précipitation de Ouattara à jouer le Matamore, la France rafle la mise,
mais
a-t-elle à ce point sous estimé l’intelligence et la
détermination des forces patriotiques maliennes ?
Alger le 26 mars 2012.
Mohamed Bouhamidi
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire