mercredi 28 mars 2012

MALI:Trois propositions de sortie de crise

Il faut appeler le chat par son nom, un coup d’état est un coup d’état, il n’y a pas de bons coup d’état.Le pire régime civil est mieux pour le Mali que le meilleur des régimes militaires. Malheur aux oiseaux de mauvaises augures, aux intellectuels de salon qui soufflent sur le chaud et le froid et qui croient trouver en cette situation une occasion de revanche. On n’a pas besoin de sortir d’une école de science politique pour réaliser que le Mali n’a en avait nullement besoin à moins d’un mois des élections générales de 2012. Et nul malien sensé ne saurait légitimer un coup d’état qui bien que prévisible n’en est pas moins un recul. Samba n’a pas raison mais cela en vaut-il le coup de décimer son troupeau, celui qui a pu supporter dix coups de fusil saura certainement supporter un onzième coup. les revendications des putschistes étaient à porter au nouveau président de la République, mais a ATT dont la fin de mandat a déshonoré toute conscience patriotique. La Constitution issue de la Révolution de Mars 1991 est très claire en la matière le Peuple a droit à la désobéissance civile jusqu’à ce que force revienne à la loi. Mais aujourd’hui le vin est tiré il faut le boire même si une désobéissance civile conduisait au départ des putschistes ATT n’est plus en légitimité et en compétence de reconduire les affaires de la cité. Pour sortir le pays de l’impasse voici les trois solutions que la RSRD, la Résistance pour le Salut de la République et la Démocratie propose. 1. Les putschistes reconduisent en vigueur la Constitution et toutes les institutions de la République, activent le processus de consultation qui doit aboutir à la constatation de l’incompétence du Président de la République, ATT, à gérer un Etat en guerre. Le Président de l’Assemblée Nationale prend les choses en main et organise de nouvelles élections générales pour remettre le pouvoir au Président démocratiquement élu. Vous comprendrez que le Président de l’Assemblée ne puisse alors se présenter à cette élection parce qu’il serait du point de vue éthique mal vu qu’il se remette le pouvoir à lui-même en tant qu’organisateur de cette passation de charge. Une question pourrait être posée comment déclarer l’incompétence du président sortant quand certain penseront qu’il n’est point malade et qu’il jouirait de toutes ses capacités physiques et mentales. Je voudrais dire à cet égard que l’incompétence n’est malheureusement pas définie par la Constitution et doit être comprise dans son acception la plus large. ATT aura été incompétent dans la gestion de la crise au nord qui a conduit le Mali à une crise sans précédent, la plus grave de son histoire démocratique récente. Avec un entourage soupçonné à tort ou à raison d’être des actionnaires de cette industrie d’enlèvement d’otage. ATT aura été incompétent pour n’avoir pas pris les décisions d’état nécessaires pour épargner à son peuple les conséquences d’une crise libyenne qu’il a géré avec le cœur et non avec la raison d’état. Tout indique que le chef de l’Etat n’écoutait personne et prenait très probablement tout seul toutes les décisions, sinon comment expliquer que toute l’intelligence et le géni collectif de notre peuple n’ait pas été mobilisés pour régler la crise au nord. Le Mali n’aurait pas connu les récents événements si nous avions reconnu le CNT libyen, les nouvelles autorités ne nous auraient pas renvoyé dès leur prise de pouvoir les touaregs d’origine lointaine, supposées maliennes et acceptés comme tells par le seul président ATT. Le Niger qui a reconnu le CNT a vu ses touaregs d’origine nigérienne intégrés dans les nouvelles forces armées et de sécurité libyenne, quand ceux du Mali lui ont été renvoyés. ATT les a reçus avec leurs armes, des dattes et de l’argent du contribuable malien sans se soucier des conséquences d’une magnanimité infantile. Tout indique que le refus d’ATT de reconnaitre le CNT aura été sa mauvaise décision de trop. Les avocats pourront trouver d’autres arguments, mais il me semble ici que nous disposons de plusieurs faisceaux de preuves pour démontrer l’incompétence du Président ATT à gérer une République en Guerre. Au demeurant, je voudrais reconnaitre que n’eut été cette sortie maudite, ATT aurait pu être considéré comme un bâtisseur de nation. La malédiction des pauvres à cacher la forêt. Il aura mouillé le maillot et en fin d’un match remarquable marquer volontairement l’auto goal du suicide. 2. Aujourd’hui avec les événements inédits que connait le Grand Mali tout le monde est d’accord qu’il faut aller à une transition, mais personne ne dit comment aller à cette transition. Pour ma part si ma première proposition de sortie de crise élaborée plus haut n’était pas acceptée, il faut organiser une deuxième conférence nationale, la plus courte possible pour refonder la nouvelle République, la quatrième de notre histoire. Dans ce cas de figure les putschistes nommerait une personnalité solide, apolitique issue de la société civile, qui peut être un malien de l’extérieur ou non et qui aura pour mission : l’organisation de la conférence nationale, l’adoption par referendum d’une nouvelle constitution, celle de la quatrième République. Et sur la base de cette nouvelle constitution organiser de nouvelles élections générales pour élire un nouveau Président de la République. L’avantage de la conférence nationale est qu’à coté de l’effet cathartique recherché, elle doit être mise à profit pour faire discuter par tout notre Peuple, les nouveaux textes de la constitution que le président sortant voulait faire adopter par referendum. Des textes dont personne ne disposait de la dernière mouture. Ces textes pourront servir de document de travail pour élaborer la nouvelle constitution. Cette personnalité devrait engager rapidement des consultations avec le MNLA pour un cessez-le feu immédiat. Le MNLA serait invité à envoyer ses représentants à la conférence nationale pour porter ses revendications et ses propositions pour une résolution définitive de la question touareg. Je rappelle que nous devons rester ouvert à toute proposition et l’examiner sans état d’âme. Pour la première fois le Mali est divisé et une minorité de sa population réclament par les armes une refondation de l’Etat. D’un Etat unitaire les touareg revendiquent de la façon la plus maladroite possible un Etat fédéral. Je pense que la question d’une République fédérale doit être sérieusement débattue. Nous devrions aussi pousser l’analyse à son extrême pour faire ressortir les avantages d’une décentralisation bien approfondies qui pourrait conduire à plus d’autonomisation de toutes les régions du Mali. Si des gages sérieux sont donnés pour réussir la régionalisation, je pense que les touareg pourraient définitivement laisser les armes. Faut-il rappeler que dans la mise en œuvre de la décentralisation au Mali, nous n’avons réussi que la première étape, celle de la communalisation qui a abouti à la création des 703 communes. Si la décentralisation avait continué le même processus nous aurait permis de réussir la reconfiguration de nos régions. Il faut un débat le plus large possible, comme la mission de décentralisation savait si bien le faire. Cette régionalisation viserait soit regrouper des régions, soit pour en créer de nouvelles, mais toujours sur la base d’un volontariat, d’un désir de vivre en commun. On ne force pas des communes ou des régions à être ensembles quand elles ne veulent pas. Cette démarche est toujours préférable à une régionalisation par décret dont les critères sont plus politiques, clientélistes qu’économique. Si de réelles garanties sont mises en place pour une décentralisation plus approfondie avec des gouverneurs élus plutôt que nommés, peut être que nous pourrions encore sauver l’Etat unitaire comme type d’organisation. Mais si cela n’était pas possible se dire que le changement d’une République unitaire à une République fédérale ne serait pas une fatalité. Des pays comme les Etats, Unies, la Russie, le Cameroun, le Nigeria, la Suisse et bien d’autres sont des Etats fédéraux. Il faut une intelligence flexible pour comprendre ce que je dis. Aussi longtemps que je fouille dans la grande histoire du Mali on se rend compte que les Empires du Mali, du Ghana, étaient constitués de petits royaumes qui ne remettaient pas en cause leur appartenance au grand Mali, mais avait dans les faits une totale indépendance dans la gestion de leurs affaires locales. L’Etat unitaire était il le mieux indiqué pour la jeune République du Mali en 1960 ? C’est une question que je pose aux historiens et aux politiques, mais je n’en ai pas la réponse. J’engage donc le débat et les historiens pourraient me confronter. 3. Ma troisième et dernière proposition est que : si ni l’un, ni l’autre ne peut être mis en œuvre par les putschistes actuel il faut alors souhaiter un autre coup d’état pour faire partir le les putschistes actuels et mettre en œuvre l’une ou l’autre des propositions. Voici donc ce que m’inspire la situation actuelle de notre grand Mali depuis mon exil forcé où le sort a voulu que les faits me trouvent à l’étranger. La fermeture des frontières nous oblige à rester en dehors du pays pour apporter notre part de pierre à la renaissance de la République. En terminant, je voudrais lancer un appel au Capitaine Sanogo. De part ton nom je te considère comme un parent et on ne ment pas à un parent dans la situation actuelle. Je comprends et justifie ton comportement par les rodomontades d’un président incompétent qui a souillé l’image de notre armée et conduit à l’hécatombe des milliers de militaires mal équipés, mais sache que je ne te pardonnerai jamais tant que tu ne remettras pas le pouvoir à la démocratie. Ce n’est pas encore tard, tu as toujours la possibilité de te racheter en mettant en œuvre l’une des deux premières propositions que je te soumets. Peut être que tu pourrais encore sortir par la grande porte que tu t’es forcé. Quoi qu’il arrive tu es déjà entré dans l’histoire du Mali, mais le difficile pour toi c’est aujourd’hui comment en sortir. Les oiseaux de mauvaises augures qui te conseillent sans t’aimer et qui au fonds ne veulent que leurs intérêts sont tes premiers bourreaux. Remet le pouvoir au civil en demandant une amnistie pour toi et les siens, car le pire régime civil est mieux pour le Mali que le meilleur des régimes militaires. Mais si tu devais t’entêter sache que tu n’es pas plus brave que n’importe quel malien armé. Moussa Traoré était un stratège militaire en dépit de tout mais tu sais comment il est parti. Je voudrais que tu épargnes un règlement de compte que l’histoire pourrait réserver à ta famille, à ta descendance et à ton nom. La démocratie malienne nous l’avons acquise de haute lutte et de haute lutte nous la défendrons. Je compte sur toi mon futur général ! Ousmane BAMBA, Modérateur de KenedougouForum Fondateur de la RSRD

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