vendredi 30 mars 2012
Le Mali plutôt victime des opportunistes.
La crise au Mali risque de s’approfondir pour le bonheur de nos ennemis et pour le malheur du peuple malien.
En dépit du conflit au nord et du coup d’Etat militaire qui a provoqué la panique et le désordre, c’est maintenant le tour de la classe politique malienne de jeter l’huile sur le feu. Avec les luttes et les bagarre pro et anti CNRDRE qui commencent déjà, nous sommes sur le seuil de connaitre des journées de violence dont les conséquences seront difficiles à mesurer. Il est non seulement impératif au CNRDRE de céder le pouvoir à la partie civile, mais aussi de procéder à une réforme de l’arène politique nationale. Nous avons plus d’opportunistes, d’aventuriers, d’arrivistes, de chercheurs d’intérêts personnels que d’hommes politiques réellement dignes de ce nom. 150 partis et associations politiques : en raison d’une formation politique pour 100 milles Maliens. Pour quoi faire ? Ceci témoigne éloquemment de la division qui règne au sein de la société. La plupart de ces formations ne sont que des entreprises commerciales qui obtiennent un financement du budget national. Le Mali ? S’en moquent !
Au camp de la junte à Kati, le bal des opportunistes continue de façon très intense. Les militaires eux-mêmes sont débordés et ne savent même plus qui écouter et qui ne pas recevoir…
Le Malien est enclin à la panique et à la spéculation stérile. Les « grins » de thé avec les discussions interminables ont un impact si fort sur le citoyen que le pays est devenu celui des palabres interminables et non de celui de la prise de décision en temps opportun. Parler, parler et parler, c’est l’apanage du Malien…
La panique n’a jamais été une solution. Elle est au contraire un terrain propice aux opportunistes qui en profitent et sèment la terreur en vue d’atteindre leurs objectifs voilés et égoïstes. Si la classe politique malienne avait la volonté de défendre la démocratie comme certains s’évertuent à nous le faire croire, elle aurait pu faire front commun contre les putschistes. Ces derniers n’auraient pas eu d’autre choix que de composer avec elle. L’exemple du Sénégal est bien notoire, quand l’opposition a créé une plateforme unique contre Wade et est parvenue à le tomber dans les urnes.
Le vin est tiré et il faut le boire. Maintenant que le coup d’Etat est consommé, est-ce la peine de continuer à chercher le diable là où il n’existe pas ? Critiquer ATT ou condamner le CNRDRE ? Il serait plus logique d’unir les forces, d’ouvrir le dialogue franc sans politique politicienne dans le but de sortir du gouffre.
Notre malheur au Mali est que chaque Malien est un univers à part. Quand vous parlez à un Malien, il vous regarde dans les yeux et retient dans sa tête (chose très rare) ce que vous dites, tout en remuant d’autres pensées dans sa nuque. Nous ne sommes pas francs et honnêtes les uns envers les autres. Le Mali est sans doute à la tête des pays ou celui qui ne vole pas est considéré comme une personne maudite. Avec le désordre actuel dans le pays, les voleurs font déjà des calculs et ne souhaitent pas le retour de la paix. Plus la situation perdure, plus il y a de pillage que l’on fera endosser après aux actes de vandalisme. Tant pis pour l’Etat !
Sur RFI, à la question de savoir s’il se considère toujours président du Mali, ATT a déclaré qu’il ne voudrait pas faire de polémique. Que voulons-nous de plus ? Le général a fait certes des erreurs très graves au cours de ses deux mandats et sans nul doute qu’aujourd’hui, la semaine qu’il vient de passer sans le pouvoir lui aurait suffi pour repenser toute sa politique et s’en repentir peut-être. Mais le plus important est qu’il n’affiche pas son avidité du pouvoir et de ce fait même, il évite de faire basculer le pays.
C’est nous qui continuons à spéculer au lieu d’appliquer les solutions qui sont à portée de main et qui sont connues de tous ; nous semons la panique dans la tête des citoyens, nous pleurnichons parce que nous sommes des éternels abonnés aux larmes, nous incitons à la haine et à la violence car nous sommes égoïstes et voulons atteindre par tous les moyens nos buts cachés, nous faisons des déclarations sans en mesurer la résonnance, nous souhaitons même l’intervention de forces militaires extérieures dans le règlement de notre problème.
CEDEAO ? Combien y sont-ils à être bien élus ? Qu’ont-ils pu faire en Côte d’Ivoire? Rien. Car elle est sous la botte de la France.
A présent c’est plus la classe politique malienne qu’il faut accuser. Incapable de s’organiser et de trouver un terrain d’entente pour l’intérêt suprême du pays, elle est plus dangereuse que le CNDRE et pourrait conduire le pays au pire !
Marche de soutien et marche de “contre soutien”… si nous ne nous ressaisissons pas à temps et ne faisons pas face à la réalité des choses, si nous n’assumons pas nos responsabilités et n’arrêtons pas de nous accuser interminablement, nous finirons à ne plus trouver une place pour marcher…
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