vendredi 16 décembre 2011

Fin des entretiens sur la crise au Sahel à Bamako

Un récent sommet consacré à la sécurité au Sahel s'est penché sur la manière dont la société civile peut contribuer à la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 15/12/11 [AFP/Serge Daniel] Des soldats maliens en patrouille dans la forêt de Wagadou en début d'année, site de multiples affrontements avec des militants d'AQMI. Les associations de la société civile doivent travailler main dans la main avec les gouvernements du Sahel-Sahara si la région veut lutter efficacement contre les réseaux du terrorisme et du crime organisé, ont reconnu les participants à la conférence de Bamako qui vient de refermer ses portes. Des diplomates, des responsables politiques, des chercheurs et des intellectuels religieux venus de Mauritanie, du Mali, du Niger, d'Algérie, de Libye, du Maroc et d'autres Etats de la région avaient été rejoints lors de ce forum de deux jours par des représentants des grandes puissances mondiales, selon le quotidien malien Le Républicain. Cette réunion, qui s'est achevée le dimanche 11 décembre, était organisée par le Parti de la renaissance nationale (PARENA) du Mali. Les discussions se sont centrées sur les récents enlèvements par al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), les retombées de la révolution en Libye, le retour des combattants touaregs, les trafics de drogue et le danger que représentent les mouvements séparatistes dans le nord du Mali. Le secrétaire général du PARENA Djiga Keita a expliqué à Magharebia que "les problèmes complexes et très aigus que connaissent les pays du Sahel" requièrent "l'aide de toutes les parties pour trouver des solutions à ces problèmes, pour ne pas en laisser la résolution au seul Mali". "Cela exige que les différents acteurs des pays concernés par le dossier sécuritaire s'entendent sur les moyens à mettre en oeuvre pour résoudre ces problèmes. Par conséquent, il est devenu urgent d'échanger des points de vue et de considérer toutes les propositions pour sauver ce qu'il reste de la paix et de la stabilité dans notre sphère commune, pour le salut de notre avenir", a-t-il souligné. Keita a ajouté que ce séminaire s'était appuyé sur les rencontres organisées en 2007 et 2009. Il a indiqué que les participants avaient recherché "des solutions démocratiques durables à une crise qui devient de plus en plus complexe". Il a ajouté que les débats avaient porté sur "le rôle des responsables élus, des partis politiques et des organisations de la société civile dans la lutte contre le terrorisme et les agitations". L'Union des forces du progrès (UFP) de Mauritanie participait également à cette conférence, en la personne de son vice-président Ba Boubakar Moussa. Le secrétaire général de l'UFP Mohamed al-Mustafa Ould Badr a dit à Magharebia que son parti était préoccupé par la sécurité au Sahel et intéressé par la stratégie régionale de lutte antiterroriste. "En tant que parti politique, nous estimons toutefois que la sécurité n'est pas une question qui doit être traitée par les seuls gouvernements, mais que ceux-ci doivent coordonner les actions et coopérer avec les partis politiques", a ajouté Moussa. Le Dr Assadek Aboubacrine, un Touareg de Tombouctou, professeur à l'université de Bamako, a déclaré aux participants à cette conférence que "les évènements terroristes successifs survenus sur le sol malien" étaient "alarmants". "Nous devons également faire face à des attaques de la part de gens qui n'appartiennent pas au Mali", a-t-il ajouté. "Cela se produit dans le nord du Mali, dans le but de gagner de l'argent par le biais du terrorisme." Il a ajouté que la situation était rendue encore plus complexe par le retour de Maliens autrefois alliés de Mouammar Kadhafi, qui rentrent maintenant de Libye avec des armes lourdes. 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"Le gouvernement malien ne peut faire face militairement seul aux terroristes, parce que tous ces gangs liés les uns aux autres ont contraint le pays à faire face à un problème international d'une nature différente de celle des problèmes qu'il avait connus dans les années 1990, qui étaient de nature intérieure et financière", a-t-il précisé. Pour sa part, Christian Rouyer, ambassadeur de France à Bamako, a déclaré aux participants à ce séminaire qu'AQMI vise particulièrement le Mali du fait de son régime islamique modéré, des propos rapportés par l'AFP. "Comprenez bien que la principale cible d'AQMI, ce n'est pas l'Occident. Les Occidentaux sont pris en otages pour en retirer de l'argent. C'est vous que les terroristes visent, votre style de vie, votre Islam modéré, vos traditions", a-t-il déclaré aux responsables politiques maliens. Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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