vendredi 2 septembre 2011

Lettre ouverte au Président de la République du Mali.

Lettre ouverte au Président de la République du Mali. De la complicité coupable à la chienlit fatale A quelques encablures de élections présidentielles et législatives (10 petits mois environ), la classe politique malienne, entrée dans une frénésie digne de l’hystérie, se crêpe les chignons eu égard à la future consultation référendaire et le choix “cornélien” entre RAVEC et RACE. Si la sagesse ne prévaut pas, ce débat risque de s’enliser tragiquement dans les méandres de la dispute, de la division énergiques et dichotomiques, des déchirures douloureuses et de la rancoeur et de la haine tenaces. Si les héros du tragédien Pierre Corneille posaient le primat du devoir sur tout sentiment, quelle attitude raisonnée et raisonnable notre chef suprême adopterait-il? Tel le pauvre d’Esope de la Fontaine, nous nous jettons aux pieds de votre grandeur et de votre magnanimité, et nous faisant entendre du mieux que nous pouvons, nous demandons pour toute grâce que vous sursoyez de quelques moments la consultation référendaire de diversion à laquelle vous tenez telle la prunelle de vos yeux et laisser votre successeur s’en charger s’il l’estime d’une utilité probante. Est ce vos nombreux conseillers tapis à l’ombre qui vous dictent cet exutoire qui s’apparente à une fausse sortie? Cette diversion référendaire est une insulte grave à la douleur existentielle du peuple malien. Vous avez oublié de nous donner l’ardoise salée de votre referendum. Après le gâchis financier du Cinquantenaire, allez vous une fois de plus jeter dans les toilettes nos maigres pécules et tirer la chasse d’eau? Les maliens ont d’autres priorités plus nobles qu’une consultation référendaire: l’emploi, la santé, le panier de la ménagère, le logement, l’école, la sécurité sur l’étendue du territoire national, la répartition équitable des revenus, la justice, la lutte contre la corruption, excusez du peu mon cher Président. Il vous aurait été plus sage d’écouter vos conseillers militaires qui vous auraient dicté la diversion militaire sur les combattants d’Aqmi au nord-Mali. En bon stratège, bon teint, pendant vos deux mandatures, vous avez à ravir fait usage de la manipulation pour nous détourner de la corruption, qui a miné mortellement notre économie; pour obliger Minos, autant Scylla coupa les cheveux mortels de Nisus pour en faire cadeau à son amant, autant vous avez obligé vos sbires en favorisant la naissance d’une bourgeoisie bureaucratico-compradores; vous avez complaisamment donné libre cours à la chienlit dans l’administration publique. Votre gestion de la chose publique s’est pitoyablement déclinée en terme de justice à deux vitesses, l’impunité, le népotisme , le clientélisme. Suprême crime! Non content d’avoir échoué à sauver l’école malienne, agneau propitiatoire de votre gouvernance, des tréfonds abyssaux de la déchéance, ravi d’avoir laissé nos maigres ressources dans les mains des rapaces déprédatrices, vous voulez atteindre l’apothéose en laissant la confussion, la zizanie, le chaos comme héritage. Général Touré, permettez moi de pasticher cet autre général, Charles de Gaulle, à qui son premier ministre Georges Pompidou a attribué ces mots: ” La réforme, oui; la chienlit, non.” Au regard du temps restant, monsieur le Président, est –il humainement possible de s’attaquer efficacement à ce vaste programme présenté par madame Cissé Mariame Kaïdama et son gouvernement. Convenez humblement avec nous que la présentation de la politique générale de votre premier ministre et de son gouvernement manque de sérieux, frise le ridicule, la provocation et la raillerie piquante. Elle relève plus de la pochade, cette oeuvre littéraire écrite rapidement, dans l’improvisation, que de la réelle volonté de mener notre pays vers des avenirs radieux. “Quelle est la mission exacte que vous assignez à ce gouvernement de mission dans un tel laps de temps?” Ces propos chiraquiens lors de la campagne présidentielle de 1995 retentissent encore dans nos têtes:” la politique n’est pas seulement l’art du possible, il est des moments où elle devient l’art de rendre possible ce qui est nécessaire.” Monsieur le Président, est ce que l’évidente nécessité de votre scrutin référendaire se montre et se démontre? Pourquoi maintenant et pas avant? Dans quel dessein inavoué vous vous entêtez obsessionnellement à nous offrir ce cheval de troie? Dans la Côte d’Ivoire voisine, au bord de la lagune ébrié, on aurait parlé d’un “ Anango Plan”. Monsieur le Président, laissez la sagesse vous habiter, car la réalisation de ce grand dessein qui est le vôtre se fera dans la division. Au nom de votre amour pour ce pays de nos ancêtres, renoncez à ce referendum. Ce faisant vous éviteriez d’être un Enfer pour les autres. Monsieur le Président, vous oubliez que vous jouez là un coup de poker, car les fins de mandat ne sont guère favorables aux présidents sur le départ. Ceux qui étaient hier vos laudateurs les plus zélés, ceux qui étaient mûs par une fascination mystico-religieuse prêts à mourir en communion avec vous ne se feront pas prier pour vous lâcher. Et nous les recalcitrants invétérés ne manqueront pas de profiter de l’aubaine pour associer nos voix aux leurs pour briser votre rêve qui tient plus de l’irrationnel qu’une attitude pratique et réaliste. N’oubliez pas que c’est une proposition, nous la rejeterons victorieusement, et vous sortirez par la petite porte. Est ce que c’est cela que vous cherchez? Monsieur le Président, le RAVEC ou le RACE? C’est la question languissante qui divise. Nous avions naîvement cru que le Ravec était une avancée notable sur le Race qui a été l’objet de bisbilles et de querelles de par le passé. Pourquoi cette volonté sibylline et insidieuse de s’engouffrer dans la même erreur? Etes vous de bon aloi ou de mauvais aloi? Peut on raisonnablement commettre la même erreur et s’attendre à des résultats différents? Si vous y mettiez du sien, monsieur le Président, les fichiers du RAVEC seraient fin prêts d’ici les élections. Si le recensement des maliens de Côte d’Ivoire pose problème, il n’ya qu’à faire une biffure sur eux pour cette fois ci. Le reste de la population malienne reste largement representative pour faire des élections transparentes, crédibles et propres. Dans le pire des scenari, engageons nous rationnellemment à la confection des bâtonnets pour le “kala fili” ou le vote à main levée dans un scrutin uninominal majoritaire à un seul tour. Et cette solution ironique et obsolète au 21 ème siècle nous paraît cependant moins dispendieuse que votre referendum. Les livres panégyriques écrits à votre gloire réelle ou supposée par vos épigones-affabulateurs, larbins et thuriféraires de tout poils nous tombent des mains sous l’effet certain de la déception. Le dernier en date fut Seydou Traoré, ancien ministre de l’Agriculture, qui a omis de nous parler de la crise acridienne sous son magistère, de l’initiative riz de Modibo Sidibé; il a peiné à nous expliquer la chèreté de nos produits alimentaires de premières nécessités. Le ridicule a voulu que ceux qui traînent des casseroles bruyantes et qui ont été complices du bilan bien mitigé de votre gouvernance se mettent à défendre votre bilan avec des plaidoiries petitement charpentées et argumentées. Est-il un secret de dire que l’étoile étincellante du héros sauveur d’un certain mars 1991 s’est étiolée dans les dédales de l’approximation, de l’à peu près et de l’improvisation stérile? Dans un Mali où l’espoir est aux abois et à l’étroit, vous voulez amener le peu de maliens qui se bercent encore d’espérance à errer dans les détours d’un dédale infernal de révision constitutionnelle inappropriée. Vous nous faites penser à Dédale, ce personnage ingénieux, célèbre de la mythologie grecque qui enferma le Minotaure. Ne vous illusionnez pas, monsieur le Président, le peuple malien sera rétif à toute tentative visant à vouloir l’enchaîner et l’empêcher de fuir l’enfer que vous voudriez lui offrir. Il vous en faudra plus pour nous cabrer. Inspirez vous de ce qui s’est passé au Sénégal de Abdoulaye Wade quand ce nonagénaire autocrate a fait brandir son comique “ ticket présidentiel”. Cette tentative tragique inopérante de Wade devrait vous servir plutôt de fil d’Ariane. Mon Président adoré d’hier, restez sourd aux sirènes tentatrices de vos conseillers, spécialistes de l’omerta et de la cachoterie, car ils ne sont pas du nombre de vos alliés. Ou bien, l’exercie du pouvoir vous a-t-il saoûlé? Depuis l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid en Tunisie, rien ne sera plus comme avant. Ceux qui se croyaient des timoniers, des baobabs indéboulonnables ont volé trop haut, tel Icare, et se sont faits brûler les ailes en cire par l’incadescence du soleil. La rue n’est plus maniable et corvéable à souhaits. Monsieur le Président, avalez votre nombrilisme, votre mégalomanie et ressaisissez vous pendant qu’il est encore temps. Vous ne méritez pas une fin tragique à l’instar des Ben Ali, Moubarrack,…eu égard à votre sacrifice suprême d’un certain mars 1991 que nous sommes loin d’ oublier. Il tiendrait de l’injustice de l’histoire que nous chantions: “ vive le Président, à bas le Président”. Tel un chienlit du Carnaval de Paris, une honteuse et brusque réculade vous obligerait à renverser tous ceux qui se trouverait par mégarde derrière vous. Vous n’avez pas besoin de cette posture de défaite. Enterrez votre projet referendaire qui est un véritable casus belli qui risquerait de vous jouer un très sale tour. Gorgui de la porte d’à côté a bien compris la leçon, puisse-t-il vous être une égérie. Monsieur le Président, le choix est vôtre: l’intérêt national ou la passion secrète qui vous anime. Alain disait: “ la grandeur de l’homme est grande en ceci qu’il se sait misérable.” A bon entendeur salut! Fatogoma Mohamed ouattara Fouattara2@comcast.net http://www.ouattaradonzo.com Orange, NJ 07050 USA Kamano BENGALY. Bakary MARIKO. Aboubacrine ASSADEK.

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