L’ex-ministre du Budget le jour de ses adieux à Bercy, le 20 mars. Photo : CHESNOT/SIPA
AVEU DE CAHUZAC- La presse suisse
publie de nouvelles révélations dans l’affaire Cahuzac. Ce ne serait
pas 600 000 euros, mais 15 millions d’euros que l’ex-ministre du Budget
aurait placé dans le pays.
Le week-end a été riche en
rebondissements dans l’affaire Jérôme Cahuzac. Son compte occulte
contenait-il 600 000 ou 15 millions d’euros ? Samedi, le quotidien
zurichois Tages Anzeiger a a affirmé que l’ex-ministre du Budget avait fourni en 2009 un « certificat fiscal falsifié » à
la banque privée suisse Julius Baer pour qu’elle place son argent,
jusqu’ici abrité chez UBS, dans sa succursale de Singapour. Ce sont bien
600 000 euros, le chiffre avancé par Jérôme Cahuzac, qui auraient ainsi
quitté Genève.
Le mensonge grossit
Mais alors que les spécialistes s’étaient étonnés qu’une telle opération porte sur une somme aussi modique, la télévision publique suisse (RTS) a
évoqué dimanche un mensonge beaucoup plus gros.Vingt-cinq fois plus
gros : ce ne serait pas 600 000, mais bien 15 millions d’euros que
l’ancien président de la commission des Finances de l’Assemblée aurait
mis au chaud chez les Helvètes, avant d’estimer que la situation y
devenait trop dangereuse. Selon la RTS, un établissement financier
genevois aurait en effet éconduit Jérôme Cahuzac, « par crainte de
complications ultérieures », lorsque l’homme politique aurait fait appel
à ses services, toujours en 2009, pour transférer ce montant.
Le socialiste, par le biais de son
avocat, nie ces informations. Mais si elles s’avèrent exactes, où est
parti cet argent ? A Singapour, aux Philippines ou vers d’autres
destinations fiscalement clémentes ? Comment l’ancien chirurgien
esthétique, dont les activités passées de consultant pour l’industrie
pharmaceutique sont dans le viseur des enquêteurs, l’a-t-il amassé ?
Jérôme Cahuzac est loin d’avoir livré tous ses secrets.
Hollande sous pression
Le choc politique suscité par ses aveux
tardifs n’a, lui aussi, pas produit tous ses effets. Tandis que Jean-Luc
Mélenchon veut donner un « grand coup de balai » en appelant à une
« marche citoyenne pour la VIe République » le 5 mai, et qu’au PS Harlem
Désir défend son idée d’un référendum sur la moralisation de la vie
publique, la droite continue de réclamer un « changement de politique
complet » et un remaniement, à l’instar d’Alain Juppé dimanche.
François Hollande s’y résoudra-t-il ? Le
chef de l’Etat, qui a exclu jeudi de toucher à son équipe parce que
« c’est un homme qui a « failli », a désormais sous les yeux un sondage du JDD :
six Français sur dix s’y prononcent pour un remaniement. François
Hollande, qui peaufine ses mesures de moralisation de la vie politique,
va devoir trouver un remède choc s’il veut éteindre l’incendie.
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